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La photo de famille

Toute la famille est là,
Sourires en boutonnière
Derrière les papas
Puis devant les grand-mères
Bougez plus un instant
Montrez tous vos belles dents
Ayez l’air bienheureux
Ou alors faites semblant
Edouard, ça va pas 
Essaie donc une autre tête
Un p’tit effort mon gars, 
J’te jure, c’est la fête
Arthur, t’as douze ans
T’es plus un gamin
Arrête de faire à maman 
Des oreilles de lapin

Tous en place
Pour la photo d’famille
Cette année, 
On a gagné 2 belles-filles
Souriez, pas trop et pas crispés
Ayez l’air naturels, et bah c’est pas gagné !
Tous en place
Pour la photo d’famille
Pas d’grimace
Je veux des yeux qui brillent
On s’fabrique comme on peut
Des souvenirs
Pour quand on s’ra plus vieux
Pour pouvoir en rire

On choisit bien
La position des gens
Et puis le pot d’fleur
Qu’on met en arrière plan
Les beaux rideaux 
Cousus par la belle mère
Les vieux bibelots
Qui datent d’avant la guerre
C’est un peu notre
Musée Grévin local
Les parents, les enfants
Les poissons d’un bocal
Levez bien les mentons
Montrez-moi vos quenottes
Sophie, attention…
On voit ta culotte

Tous en place
Pour la photo d’famille
Cette année, 
On a gagné 2 belles-filles
Souriez, pas trop et pas crispés
Ayez l’air naturels… C’est toujours pas gagné !
Tous en place
Pour la photo d’famille
Pas d’grimace
Je veux des yeux qui brillent
On s’fabrique comme on peut
Des souvenirs
Pour quand on s’ra plus vieux
Pour pouvoir en rire

La main sur le ventre
Pour montrer bébé
Un modèle d’amour, 
Une famille sans bouger
Le kleenex à la main
Et les yeux tout mouillés
Ce soir là, les cousins
Se sont réconciliés
Derrière les parents, 
Sourires en boutonnière
Devant les enfants,
Sur les g’noux des grand-mères
Attention, plus un geste
Dites  « cheese » ou « ouistiti »
Montrez les dents qui restent
On la double, c’est parti

Refrain
Tous en place
Pour la photo souvenir
Bien de face
On pose juste sans rien dire
Souriez 
Et arrêtez d’bouger, 
C’est Cannes au dîner
Sauf qu’y a pas d’escalier
Tous en place
Pour la photo d’famille
On s’enlace
Je veux des yeux qui brillent
On s’fabrique comme on peut
Des souvenirs
Pour quand on s’ra plus vieux
Pour pouvoir en rire.


Photos de famille

La photo de famille

1 - La photo de famille

Premier album écrit entre 2000 et 2005
Enregistrement et mixage maison

Enjoy !

On dirait

Tu vis

Hervé

Petite femme

Ma colloc

20 ans

J'fais les soldes

Salut Louis

Fier

Le tact

Premier album écrit entre 2000 et 2005
Enregistrement et mixage maison

Enjoy !

Mal entendus
Difficile d’écouter un silence
Cette profonde absence de sens. 
Y a toujours au fond une ambiance
Des gens qui sourient ou qui pensent
Un air gai ou triste mais qui danse
Autour de nous dans l’inconscience 
Difficile de parler du silence.
Sans en avoir vécu l’existence.
Suffit d’un mot, ou même d’un « chut ! »
Pour qu’on le brise comme une brute
On sait pas faire parler nos corps
Sans leur donner un son d’abord
Lui seul en connaît le secret
Lui, son langage est discret
Pas de virgule ou de guillemet, 
Puisqu’il est sourd … et puis muet

Il a les doigts émus 
le sourd-muet 
Il dessine ses phrases 
avec ses traits
Son bruit, de l’air qu’il respire
Sa voix, son corps qui transpire
Il mime quand il te raconte
Il fait des rimes sans s’en rendre compte.
Quand il se bat contre son corps
C’est juste qu’il parle plus fort. 

Sans sons il n’y a pas de chanson.
Et y a qu’une manière de dire non.
Pas de cheveux sur langue muette
Pas de tambour, pas de trompette.
Y a pas d’accent chez les muets
Même toulousains ou marseillais
Un monde entier en aparté
Ou bouger rime avec parler.
Quand j’les vois discuter ensembles, 
Je n’arrive pas à m’expliquer
Pourquoi c’est mon cœur qui tremble
De les voir aussi passionnés.
A croire qu’nous on sait pas parler
Eux d’un geste, ils portent leur cœur
Et parfois j’rêve de me mêler
A leur débat juste… pour une heure.

Il a les doigts émus 
Le sourd-muet 
Il dessine ses phrases 
Avec ses traits
Son bruit, de l’air qu’il respire
Sa voix, son corps qui transpire
Il mime quand il te raconte
Il fait des rimes sans s’en rendre compte.
Quand il se bat contre son corps
C’est juste qu’il parle plus fort. 

Mais les non dits, il les connaît
Puisqu’il lit mieux quand tu te tais
Pas de lâcheté, pas d’œil baissé
Lui n’parle que s’il est regardé
Les regards fuyants sont défendus
Ils sont tous … des mal entendus…

Mal entendus

Bastien Lanier

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