Chaque année, la marche de la paix refait, symboliquement, en sens inverse le trajet qu'avaient emprunté les 15000 Bosniaques fuyant l'enclave après sa chute, perçant les lignes serbes au péril de leur vie. Cette année, pour les vingt ans du massacre de juillet 1995, ils étaient 12000 à participer à cette manifestation du souvenir. Pour Irvin Mujčić, dont le père est mort dans la tragédie, participer à cette marche est un acte de solidarité.

Srebrenica 2015 : la marche de la paix, « c'est la solidarité »

Yllten Hasani est un jeune entrepreneur de de Preševo, principal point d'entrée des réfugiés en Serbie depuis la Macédoine. Dans cette ville à majorité albanaise où plus de 60% de la population est au chômage, les migrants sont devenus un véritable business. 

Traduction :
Je m'appelle Yllten Hasani, j'habite la Vallée de Presevo et je possède ma	 propre compagnie de bus.

• Comment a commencé votre compagnie ?

Ça a été une affaire rondement menée. Je me suis rapidement mis d'accord avec type pour lui acheter deux bus et j'ai commencé immédiatement. Nous avons démarré avec un seul bus et une semaine plus tard, nous en avons acheté un deuxième. Le business se porte bien, donc pourquoi s'arrêter ? Pour les deux bus, j'ai payé à peu près 45 000 euros. Le prix du ticket entre Presevo et Sid , c'est 35 euros par personne. Cela comprend le prix des collecteurs qui ramènent les passagers pour cinq euros chacun, ainsi que le prix du parking, trois euros le passager. 

• Et l'essence, combien ça coûte ?

Ça dépend des bus. Pour certains, ça coûte 310 euros l'aller-retour, mais pour d'autres, ça peut atteindre 390 euros parce qu'ils consomment plus d'essence.  Nous devons aussi payer les péages sur l'autoroute, c'est environ 60 euros. 

• Combien vous rapporte un voyage entre Presevo et Sid ?

Quand vous possédez votre propre véhicule, c'est entre 500 et 600 euros.

• Est-ce que vous devez payer des «extras», pour la police par exemple ?

Oh oui. Nous devons payer entre 60 et 100 euros en moyenne à la police. Et cela, même si nous transportons ces gens en toute légalité. En vrai, ils savent trouver les détails pour vous prendre votre argent. Quand les contrôles sur les migrants sont renforcés, les policiers sont plus stricts, et quand les contrôles sont un peu plus tranquilles, la police est aussi plus tranquille. Par exemple, quand il n'y a pas de contrôle, il suffit de donner 8 ou 10 euros par bus. Par contre, si les contrôles sont renforcés, ils demandent bien plus, 20 ou 40 euros. 

• Vous devez donc payer la police pour passer ?

Non, pas pour passer. On a la garantie de passer parce que nous travaillons légalement. Ils vont plutôt chercher la petite bête. Par exemple si vous avez 51 sièges et qu'il y a 52 personnes... Il y a de très nombreux enfant, et nous les faisons pas payer. Donc si vous avez 51 adultes et un enfants, vous allez vous faire embrouiller. Voilà comment ça se passe.

#RéfugiésBalkans : à Preševo, «le business se porte bien donc pourquoi s'arrêter ?»

Depuis l'arrivée de la mission de surveillance Europol, le centre de Preševo enregistre tous les réfugiés qui arrivent de la Macédoine, à quelques kilomètres. Et la file ne cesse de s'allonger tandis que les détritus s'amoncèlent. Autour du camp, c'est le chaos.

Traduction :

Écoutez, nous sommes arrivés il y a deux jours. Enfin, certains sont là depuis deux jours, moi je suis arrivé hier. Personne ne nous aide, on nous dit seulement de rester ici. Sans eau, sans nourriture, sans rien du tout. C'est vraiment très sale ici. On doit dormir dans la rue, et il fait très froid, surtout pour les enfants. Nous nous voulons juste traverser la Mac..., euh, la Serbie. Rien de plus. 

• Vous voulez juste aller en Croatie ?

Tout à fait. Nous ne demandons rien de plus. Pourquoi tous ces gens sont-ils obligés d'attendre ici ? Regardez, ici, il y a des gens du Proche-Orient et des Afghans. Ok, j'aime tout le monde et les Afghans sont aussi des êtres humains. Mais nous, nous avons des problèmes. Si l'Europe ferme ses portes, qu'est-ce que je peux faire ? Et tous les gens qui sont ici ? Il y a plus de 2000 personnes qui viennent de Syrie ou d'Irak. Vous savez bien ce qui se passe en Syrie et en Irak. Maintenant, ils aident les Afghans et ils n'aident pas les gens du Proche-Orient. Et puis personne ne parle anglais ! Que ce soit la police ou les autres. Nous avons juste besoin que quelqu'un nous aide. Par exemple, en Grèce on voyait des gens des Nations unies. On pouvait passer directement. Ici, ils n'ont aucun matériel ni agence, juste des policiers et c'est tout. Ils nous parlent agressivement. Ils sont juste agressifs avec nous. Qu'est-ce qui se passe ? Nous avons juste besoin de passer.

#RéfugiésBalkans : «Nous voulons juste traverser la Mac..., euh, la Serbie»

Larbi, 33 ans, vient du sud du Maroc. Son rêve : rejoindre son frère installé à Alicante, dans le sud de l'Espagne. Considéré comme un « migrant économique » par la Macédoine, il est bloqué à la frontière, côté grec. Pour l'instant, il doit survivre dans le froid en dormant dans un hôtel désaffecté.

#RéfugiésBalkans : « C'est l'armée et la police macédoniennes qui nous frappent »

Andres Moret est le coordinateur de l'ONG Médecins sans frontières dans le Nord de la Grèce. Pour lui, la crise, c'est du déjà-vu, depuis le blocage de la frontière à tous les candidats à l'exil autres que Syriens, Irakiens et Afghans. C'est-à-dire le retour des violences policières et le règne des passeurs.

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Deux mois après la fermeture de la route des Balkans, plus de 10 000 réfugiés survivent toujours dans la précarité la plus totale à Idomeni, dans le nord de la Grèce, à quelques dizaines de mètres des barbelés qui barrent l'entrée de la Macédoine. À l'approche de l'été et des grandes chaleurs, Elodie Lemal, la coordinatrice locale du UNHCR, ne cache pas son inquiétude.

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