Près d’elle, les salopiots dormaient. Elle en saisit un, réticente d’un léger dégoût et le tint à bout de bras au-dessus d’elle. 
Il était rose.
Il était rose, avec une petite bouche humide de pieuvre et des yeux de viande plissée.
Elle détourna la tête, découvrit un de ses seins et en approcha le salopiot. Il fallut lui mettre le bout du sein dans la bouche, alors il crispa ses poings et ses joues ses creusèrent.
Il avalait la gorgée aussitôt tirée avec un vilain bruit de gosier.
Ce n’était pas très agréable.
Cela soulageait un peu.
Cela mutilait un peu aussi.
Le sein vidé aux deux tiers, le salopiot se rendit à merci.

Clémentine le reposa à coté d’elle, et sans cesser de ronfler, il fit un bizarre remue-ménage avec sa bouche, suçant encore dans son sommeil. Il avait un duvet miteux sur le crâne, sa fontanelle battait d’une façon bizarre.
Sa fontanelle battait de façon inquiétante.

Boris Vian(extrait “l’arrache-coeur“)/ Hervé Ratel
Chant, Guitares: Hervé Ratel
Basse: Yann Lebecque

Les salopiots

"Pourquoi, me dirais-tu, t'obstines tu
à te projeter en avant
à des années-lumière?
Ca laisse moins de temps pour rêver
à ce qu'on peut déjà faire."

C'est pour le jour où je serai enfin vieux,
où tu seras déjà vieille.
La réalité n'est jamais plus cruelle
que lorsqu'elle saute aux yeux.

"Pourtant, dirais-tu, c'est du déjà-vu
Il sera toujours temps
de faire machine arrière.
Vrai, on vieillira ensemble.
Entretemps, on s'affaire"

Ces beaux discours, si on y a crut un jour,
ont pris du plomb dans l'aile.
La réalité est d'autant plus cruelle
quand il s'agit d'amour.
Quand on voit les ficelles, 
la réalité est d'autant plus cruelle.

La réalité se rapproche et devient de plus en plus nette.
La réalité, la réalité...

(HRatel/YLebecque, HRatel)
Chant, guitare: Hervé Ratel
Basse: Yann Lebecque 
Batterie: Marco Verocai

La Réalité (s'impose)

Les mailles de notre histoire, au propre comme au figuré,
se dénouent sous mes doigts, en forme d'autodafé.

Côte à côte depuis que tu n'es plus à mes cotés,
défile 2 ans de laine, patiemment tricotée.

Nous avons eu maille à partir
mais ne pars pas déjà.
Nous nous sommes donné tant de mal,
tant de fois déjà.

On se mettait les nerfs en pelote, ce n'était pas bien beau.
Ces derniers temps tu ne tricotais plus qu'en gris et en bordeaux.

Point de crochet,
crochet du droit,
je suis Jake La Motta.
Pas de coup bas,
point de coté,
laisse moi souffler.

Une beigne à l'endroit, une beigne à l'envers,
nous n'avons jamais eu froid dans tes pull-overs.

Les motifs de nos jacqueries me paraissent, aujourd'hui, si dérisoires
que les motifs de tes jacquards ont fini en charpie.

Nous avons eu maille à partir
mais si tu pars comme ça,
je détricote tous mes pulls
et je mourrai de froid. Na, na, na………

Nous avons eu maille à partir
mais ne pars pas déjà.
Nous nous sommes donné tant de mal,
tant de fois déjà.

(HRatel)
Chant, guitares: Hervé Ratel
Basse: Yann Lebecque

Maille à partir

En mon for intérieur,
dans mon intérieur Peugeot,
je roule à tombeau ouvert,
depuis des heures.
Je me gare sur une aire de repos.
Panser mes plaies, penser à toi,
en quelques maux...


Si ce qui ne nous tue pas, peut nous rendre plus forts,
ce qui nous tue, nous rend bel et bien plus morts.
Entre la vie et la mort,
le drame chevillé au corps,
je joue au matamore,
de la muerte à l'amor.
A la vie, à la mort,
à mon avis j't'aime encore.
Tu m'as jeté un sort, tu m'as jeté aux orties.
Fallait le crier plus fort que je sorte de ta vie.

Les amants ont tous les torts,
Les morts ont tout leur temps.
Les amours causent du tort,
les mourants causent du temps.
Chemin faisant, le temps aidant,
j'oublierai tes morsures,
je crack trop pour toi, une vraie drogue dure.
Mais je suis accro,
je suis sur les dents.
Mais je suis accro,
je suis sur les dents,
en attendant.

Blessé à mort, j'ai tant appris
sur ton corps, en saignant.
Mais l'école est finie,
maîtresse, je fous le camp!
Je fous le camp,
la fuite en avant.

Je suis le héros de ma vie,
toi, tu n'es qu'un décor.
Tout droit sortie d'un road-movie,
tu défiles à 100 à l'heure.
Assis à la place du maure
songeant à sa Desdémone,
puisse les remparts de mon for
intérieur, passer l'automne.

(HRatel)
Chant, guitare: Hervé Ratel

For Intérieur (unplugged)

De toi à moi, il n'y a qu'une lettre
que je n'ai pas osé t'envoyer.
Elle était bourrée de "peut-être",
et moi, j'étais surement bourré
pour que le timbre de ta voix
me rende timbré, les bras en croix.
J'avais les paupières cachetées,
gomme arabique, à trop rêver.

Entre nous deux, il n'y a qu'une ligne
celle de ta lettre de rupture
où tu m'accuses, où tu t'indignes
où ta haine prend toute sa mesure.
Tu me mets les points sur les i
comme des coups de poing à la machoire
Tu la joues Mohamed Ali
K.O debout, tout devient noir...

J'ai tout pris au pied de la lettre.
Je suis buté, je vais te tuer.
T'aurais pas dû m'envoyer paître.
J'arrête plus de ruminer.
Ton esclave s'est libéré.
Affranchi au tarif lettre.

Ca y est, la guerre est déclarée
ne cherche plus à être heureuse
pour te retrouver, j'ai envoyé

Une missive à tête chercheuse.

(YLebecque, HRatel)
Chant, guitare: Hervé Ratel
Basse, chant: Yann Lebecque

Affranchi

#1
C’est en filigrane, c’en est insignifiant
Des détails dans la maille des sentiments.
Là, ce geste, ces couleurs, et s’écaille
L’instant.  
Le passé se rejoue au présent.

HRatel

Le Coeur Net #1

#2
C’est dans les eaux-fortes, les glacis ruisselants
Que préfèrent s’abreuver les mustangs.
Mes envies se font cheyennes, 
Mon appétit iroquois.
Mordre le cœur de la bête
Et faire tabula rasa.

(Hervé Ratel)

Le Coeur Net #2

#3
Quels que soient les silences
Quels que soient les aveux.
Il reste en transparence
Des blessures, des adieux.
Quelles que soient les absences,
La mémoire des lieux,
Eviter le cœur rance,
Les fantômes insidieux.

Il faut avoir le cœur net
Boucher les trous du tableau.
Derrière l’ange apparaît la peste
Et ses défauts.
Mes envies se font cheyennes, 
Mon appétit iroquois.
Mordre le cœur de la bête
En tirer fierté et joie.

Il faut en avoir le cœur net
Même si le foie est délicat.
Quand se dévoile le palimpseste
Ca fait des dégâts.

Le cœur net, sans accrocs, 
Le cœur net, le cœur gros.

Il faut en avoir le cœur net
Faire le ménage à fond.
Derrière l’ange apparaît la bête
Et mes démons
(Hervé Ratel)

Le Coeur Net #3

Grand marabout certifié
Efficacité rapidité.
Grand marabout diplomé
De la faculté de médiumnité.
Santé, amour, loto
En 10 mn chrono

La vie redevient beau.
Si ton mari est parti
De suite, tu viens ici
On joue à touche gri-gri
Je peux te mara-bouter-bouter
Sans trop te dé-gouter-gouter
Et la vie redevient beau

Et sans effet placébo, ah oui sans effet placébo, garanti pur sucre, pur fétiche magique.

Regarde bien dans ma main
J'ai une preuve fatale
Pour remettre du bien
Là où circule du mal
Prends ma pub dehors le métro
Et ton coeur bat à nouveau
Si ton problème c'est l'argent
Tu donnes d'abord les 500 francs
Pas de problèmes sans solution
Pas de problèmes sans solution

Pour que personne ne te prend ton bien-aimé tout ce qui te tourmente dans la vie et vous saurez le soir que vous aurez votre résultat ce qui ne sera pas tard.

(HRatel/YLebecque, HRatel)
Chant, guitare: Hervé Ratel
Basse, choeur: Yann Lebecque

Grand Marabout

On souffle un peu, on range les armes
Au râtelier, Madame
Calmons le jeu, cessez le feu
On y laisse nos âmes.
Encore un peu, la dernière salve
Me susurres-tu suave.
Je veux viser entre tes yeux
Te fusiller du regard

Un dernier coup de grenaille
Après la bataille
A notre guerre des nerfs
C’est jamais « la der des ders »

Tu me regardes, tu me désarmes
Tu crois crier Victoire !
Guère de choix, d’équerre,
Tu me vois déjà.
Ton boutefeu s’éteint, on met
Nos deux genoux à terre.

Pas d’entourloupe qui vaille
Après la bataille
A notre guerre des nerfs
C’est jamais « la der des ders ».

Bisque-bisque rage
Il faut redevenir sage
Cessez nos enfantillages.


(Texte, Musique, Instruments: Hervé Ratel)

Après La Bataille

Le confort moderne

L’attente est douillette,
conforme à l’idée qu’on s’en est faite.
Le moelleux, le galbé épouse nos formes à satiété.
Nos muscles se font tendres.
Nos nerfs doucement s’avachissent
Dans le cuir souple, la viande folle,
de la vache ou de la génisse.

L’illusion est parfaite,
On ne pouvait pas mieux rêver
Des chimères concrètes pour un avenir qu’on crée.
Les bébés sont à vendre.
Nos organes en sacrifice
Sur la place des grands marchands.
Ils en font des marchandises.

Le confort moderne, le confort moderne

Nous sommes prêts à nous rendre.
Nos cerveaux ramollissent
Devant les yeux de velours,
les atours de l’artifice.
Le confort moderne. On y tient. On y croît.
Le confort moderne. Un monde meilleur, ça va de soi.

Le confort moderne, le confort moderne

(Texte, Musique, Instruments: Hervé Ratel)

Le Confort Moderne

Plusieurs mois sans toucher terre
En totale contradiction,
La tête dans les étoiles,
Les deux pieds dans le béton...

Ca gène pour danser le disco
Dès que la douleur s’installe.
On se contentera d’un slow
Sur l’air d’accordéon
Que joue ma colonne vertébrale

Ecartelé de toutes parts
Je me suis démis de mes fonctions
J’reviens un peu plus tordu
Peut-être un peu moins con

On se disperse, on se perd
On se rapproche, on s'éloigne

Ca fait mal...

	Un lumbago
	rien que pour toi
	Je craque de haut en bas

Les contorsions, faut que ça cesse...

Seul, il ne manque qu'elle
On l'ignore, on la cherche
On se tord, on se redresse
Ca fait mal...

(HRatel)
(Extrait de “Trompe-l’Amor // L’instinct de chasse)
Chant, guitares: Hervé Ratel
Basse: Yann Lebecque
Batterie: Marco Verocai

Ashratt

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