Bach, Bartók, Boulez : les œuvres pour violon seul de ces trois compositeurs ont marqué l'histoire de la musique par leur modernité, chacune à son époque. Pourtant, la Sonate BWV 1001 de Johann Sebastian Bach, la Sonate Sz. 117 de Béla Bartók, ainsi qu’Anthèmes 2 de Pierre Boulez sont trois œuvres ancrées dans un véritable héritage qui les relie : plus que de simples explorations avant-gardistes, ces œuvres sont avant tout des vecteurs d’invention musicale, révélant une part passionnante de l'histoire de l’écriture pour violon.

Béla Bartók. Sonate pour violon solo Sz. 117 BB 124 - 6. Fuga. Risoluto, non troppo vivo

Le titre de cet album, "Bronze battu en herbes", est tiré du vers d'Édouard Glissant : « ce bruit, bronze battu, tombait en herbe » ("Pays rêvé, pays réel", Gallimard, 1985). Il a inspiré le jeune compositeur Nicolas Mondon pendant ses années de recherche doctorale au Conservatoire de Paris sur les processus musicaux du centre de l’île de Java comme modèles de composition musicale. Chacune des quatre pièces choisies présente un aspect de ce travail. "Daily Colotomy" est une transfiguration poétique des éléments qui l’intéressent le plus dans le gamelan javanais, y compris le lien entre la musique, le mouvement et l’espace, plastique et dansé. "Semé d’un sinon I" initie une autre démarche de composition, une ouverture vers d’autres territoires pour les interprètes et le compositeur, vers un autre rapport à la réécriture. Le "Trio" est une fusion et une interprétation de certains principes javanais en partie inconsciente et dont le compositeur a mesuré l’imprégnation après la composition. "Cèngkok", enfin, est en quelque sorte la réduction d’un grand ensemble dans un seul et petit instrument, la flûte, et une focalisation sur les questions mélodiques.

Ensemble InSoliTus
Samuel Bricault - flûtes
Alexandre Souillart - saxophones
Vassilena Serafimova - percussion
Matthieu Acar - piano
Delphine Latil - harpe
Pierre Bibault - guitare
Simon Milone - violon
Myrtille Hetzel - violoncelle
Chloé Paté - contrebasse
Javier González Novales - direction
Nicolas Mondon - direction artistique

03 - Nicolas Mondon - Semé d'un sinon I - 2e partie (Ensemble InSoliTus)

L’album La Lanterne de Thomas Gaucher, guitariste et compositeur, se veut le reflet de la dernière génération de musiciens issue du département Jazz et musiques improvisées du Conservatoire de Paris. Il présente des créations d’étudiants du département réunis en des formations variées, du trio au nonette, alternant entre influences blues, gospel, folk, country...

2. La Lanterne (Thomas Gaucher)

« Les larmes sont dans la nature des choses. » (Virgile, Énéide)

Le trompettiste Noé Nillni a conçu ce programme de musiques de chambre contemporaines comme un voyage à travers des œuvres d’esthétiques et de rhétoriques diverses, mais réunies par leur théâtralité et par une commune question de poétique instrumentale : comment penser, composer, et jouer la trompette dans un esprit chambriste, l’habillant pour un rôle qui lui a souvent été étranger ?

2. Ricardo Nillni : Les larmes sont dans la nature des choses, pour trompette et violoncelle (2020)

Placé sous le signe du Verbunkos, cette danse de recrutement militaire, tantôt lente, tantôt endiablée, devenue le symbole de l’identité hongroise en musique dès la fin du XVIIIe siècle, l’album du violoncelliste Volodia van Keulen est un hommage aux deux principales figures de la musique hongroise au 20e siècle : Béla Bartók et Zoltán Kodály. Leurs œuvres ici réunies mêlent de manière rare attachement aux racines et souci de l’expérimentation. « L’expression des déchaînements sauvages ou des hypnoses sans fin est un peu plus étrangère à sa personnalité, qui penche plutôt vers la contemplation introvertie », écrit Bartók à propos de son compagnon de route, en des termes qui pourraient s’appliquer à lui-même. « Seul peut apprécier ses œuvres celui pour qui ce n’est pas le vernis extérieur ou le vêtement qui importent, mais l’essence intérieure, l’homme en lui-même. Je le souligne avec force, la musique de Kodály n’est pas moderne au sens que peut avoir ce mot aujourd’hui. […]. Mais son discours musical est neuf, il exprime des pensées jusqu’à présent inédites en musique ». Et qui le demeurent toujours un siècle plus tard. (J.F. Boukobza)

Avec :
Volodia van Keulen, violoncelle
David Petrlik, violon
Théo Fouchenneret, piano

Zoltán Kodály - Sonate pour violoncelle seul Op.8 - II.Adagio (con Grand’espressione)

Printemps 1733 : le violoniste Giovanni Battista Somis entreprend un long voyage, de Turin, sa ville natale, pour Paris, où il va se produire avec le fameux Concert spirituel au Palais des Tuileries, remportant un grand succès. Le Mercure de France rendit compte de cet évènement en des termes élogieux : « Le Sieur Sommis, fameux joueur de violon du roi de Sardaigne, y a exécuté différentes sonates et des concertos, dans la dernière perfection, et a été très applaudi par de nombreuses assemblées que la justesse et la brillante exécution de ce grand maître y a attirées. » Quels sont ceux qui pouvaient constituer ces « nombreuses assemblées » enthousiastes ? Le Mercure n’en fait pas écho. Mais cette lacune historique nous offre au moins le loisir de présumer la présence de quelques-uns de ses anciens élèves, désormais établis à Paris…
En effet, le maître italien avait formé la majorité de l’« étincelante pléiade » – pour reprendre l’expression de la Laurencie – des violonistes de l’époque : Guignon, Guillemain et, bien entendu, Leclair l’Aîné. Pourrions-nous donc considérer l’artiste piémontais comme le père de l’école française de violon virtuose ? Quoi qu’il en soit, il transmit à ses élèves français une technique instrumentale brillante, directement importée de Rome, où Somis l’avait lui-même héritée de Corelli : doubles-cordes, ornements flamboyants, staccato et autres bariolages essaimeront désormais les œuvres des violonistes français, répondant par-là à l’idéal des « goûts-réunis » qui prend son essor en ce début de siècle, et qui se caractérise par une volonté de synthèse des goûts français et italien.

Giovanni Battista Somis : Sonata da camera op. 2 n° 1 : III. Vivace

Notre programme s’articule autour de quatre pièces composées entre 1967 et 1987, chacune étant née de la rencontre entre un compositeur et un interprète. L’ensemble forme un tout cohérent, chaque pièce s’inscrivant dans des champs de recherche musicale et sonore partagés avec les autres. Tout d’abord, repenser le langage musical de la guitare : les codes de la musique classique sont parfois, dans ces œuvres, brisés ou maniés avec un certain humour, la guitare étant souvent utilisée dans l’idée d’imiter un autre instrument. Ensuite, dépasser les possibilités techniques de l’instrument, pour pousser toujours plus loin la quête de l’expressivité : chaque pièce de notre programme nécessite en effet l’emploi de modes de jeu inédits, qui monopolisent les mains de l’interprète d’une façon nouvelle ou font intervenir divers objets extérieurs, le tout étant parfois mis en scène. Également, favoriser une écoute matérique du son, donnant toute leur importance à la résonance, au timbre harmonique, au grain et aux attaques, dans l’idée de composer un véritable « paysage sonore ». Enfin, questionner le rapport au temps et à la scène, en focalisant l’attention sur les transformations lentes, les répétitions, les micro-évènements, les ruptures, les gestes, favorisant la composition d’un imaginaire musical complet. Trois pièces improvisées, inspirées par les œuvres précédemment décrites, les instruments utilisés au cours de l’enregistrement ou encore l’acoustique particulière des espaces du Conservatoire de Paris, complètent notre programme. Ces moments d’improvisation ont été pensés pour exploiter les mêmes moyens et investir les mêmes champs de recherche sonore que ceux à l’œuvre au sein des œuvres écrites de notre programme.

Nestor Laurent-Perroto : Exophone (improvisation)

David Bedford : You Asked for It

Tristan Murail : Tellur

Le Conservatoire de Paris est le point de départ de notre aventure. Créée en 1795, l’institution avait pour ambition de réunir en un seul lieu les compositeurs et leurs interprètes, dans le but de promouvoir la musique française. Quatre de ses représentants sont mis à l’honneur dans le présent enregistrement : d’une part, Gabriel Fauré et Claude Debussy, fers de lance de la mélodie française et de la musique impressionniste ; d’autre part, Lili Boulanger, prodige du piano, compositrice, première femme à avoir reçu le Prix de Rome en composition (1913), et Thierry Escaich, compositeur contemporain, organiste, improvisateur et pédagogue, récompensé quatre fois comme « Compositeur de l’année » aux Victoires de la musique classique.
Du statut d’élève à celui d’enseignant, les quatre compositeurs ont entretenu des liens étroits avec le Conservatoire de Paris, marquant l’histoire de cette institution. Gabriel Fauré en fut le directeur de 1905 à 1920, quinze années au cours desquelles il entreprit une restructuration profonde des enseignements. Claude Debussy y fit également ses classes, avant d’intégrer le Conseil supérieur de l’enseignement du Conservatoire, alors toujours sous la direction de Fauré. En 1909, après avoir pris des leçons de piano auprès de ce dernier, Lili Boulanger est admise au Conservatoire où elle étudie pendant trois ans au sein de la classe de composition de Paul Vidal. Marchant dans les pas de ses prédécesseurs, Thierry Escaich est lui aussi profondément lié à l’établissement : d’abord en tant qu’élève, puis comme professeur d’écriture, de composition et d’improvisation à l’orgue depuis 1992.

Gabriel FAURE : Trio avec piano op. 120 : I. Allegro, ma non troppo

Claude DEBUSSY : Trio avec piano en sol majeur : IV. Finale (Appassionato)

Claude DEBUSSY : Trio avec piano en sol majeur : III. Andante espressivo

Filigranes réunit trois œuvres qui, bien qu’issues d’époques différentes, se rejoignent par leur dimension poétique commune. Le Trio de Ravel tisse des mélodies dans une narration fluide portée par des inspirations surprenantes et une grande richesse des couleurs harmoniques. OCЯ (sous-titré Osja, Seven Strophes for a Literary Drone) de Marco Stroppa, inspiré par deux poèmes de Joseph Brodsky, Seven Strophes et Monument, explore la relation entre son, espace et texte. Enfin, Jeux en filigranes de Didier Rotella prolonge ce dialogue en offrant une vision contemporaine du trio avec piano, élargissant l’expression poétique de la musique grâce à l’instrument qu’il a inventé, le Méta-piano. À travers ces trois œuvres, la musique et la littérature s’entrelacent, le temps et l’espace se superposent, laissant émerger la poésie non seulement à travers les mots, mais aussi dans l’interaction subtile entre mélodie, harmonie et timbre.

Marco STROPPA : OCЯ (Osja), Seven Strophes for a Literary Drone : Strophes 4 à 5

Maurice RAVEL : Trio : III. Passacaille

Maurice RAVEL : Trio : I. Modéré

Marco STROPPA : OCЯ (Osja), Seven Strophes for a Literary Drone : Strophes 1 à 3

Le premier disque de la soprano Parveen Savart célèbre le genre de la mélodie dans ses manifestations les plus opposées. De son éclosion à la fin du XIXe siècle jusqu’aux résonances polymorphes dont elle se pare avec des compositeurs d’aujourd’hui, comme Arthur Lavandier, la mélodie française a toujours été au croisement des arts et des esthétiques de son époque. En effet, ce genre s’érige comme une œuvre musicale qui exprime l’union de deux syntaxes : celle du poète et celle du musicien. Pensé en réaction farouche contre l’hégémonie germanique du lied, le genre se cristallise autour d’un art « spécifiquement français » : de nouveaux rapports se forgent entre compositeurs et poètes pour célébrer ensemble la langue française. « Voici pour ma part comment je définirai la mélodie française : c’est le champ, ou le chant, de célébration de la langue française cultivée », nous dit Roland Barthes. Le couple piano-voix y est insécable, les images suggérées, les émotions esquissées. C’est justement à ce point d’évolution du genre que se situe le présent programme.

Maurice DELAGE : Quatre Poèmes hindous : « I. Madras »

Arthur LAVANDIER : Le Nord est là

Arthur LAVANDIER : Sur la plage

Francis POULENC : Fiançailles pour rire : « VI. Fleurs »

Woven Words (« Mots tissés »), disque consacré à la musique vocale contemporaine, propose un programme construit autour de l’idée suivante : comment intégrer la parole dans le tissu musical ? Au fil de différentes œuvres mettant en valeur la diversité des esthétiques compositionnelles contemporaines (de 1988 à 2022), la voix humaine, accompagnée tantôt par des instruments acoustiques, tantôt par l’électronique, dessine des atmosphères contrastées, tour à tour dramatiques, sensuelles ou bien encore ludiques.

Kaija SAARIAHO : From the Grammar of Dreams : I.

Mikel URQUIZA : Alfabet : fiskehejren findes

Martin MATALON : Traces VII

Kaija SAARIAHO : From the Grammar of Dreams : V.

Kaija SAARIAHO : From the Grammar of Dreams : III.

Mikel URQUIZA : Alfabet : bregnerne findes

Mikel URQUIZA : Alfabet : abrikostræerne findes

Kaija SAARIAHO : From the Grammar of Dreams : II.

Héloïse WERNER : The Erl-King

Mikel URQUIZA : Alfabet : barentshavet

Rebecca SAUNDERS : O Yes & I

Mikel URQUIZA : Alfabet : navnene findes

Mikel URQUIZA : Alfabet : cikaderne findes

The Paris Conservatoire (Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris) offers specialised tuition and professional training at the highest level in music, dance, and sound technologies. The school’s 1300 students coming from over 40 countries are taught by 400 outstanding artists from around the world. Fully engaged on the national and international stage, the Conservatoire showcases some 300 musical and choreographic performances each year, and its graduates engage in rich and varied careers in all areas of the musical and choreographic world. 
Setting up its own record label Initiale, the Paris Conservatoire allows a large audience to discover first recordings by some of its most promising students. The catalogue will include all repertoires, from ancient to contemporary music and jazz.

Initiale_CNSMDP

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