Découvrez l'œuvre "Le Collier-Cicatrice" de l'artiste Jean-Michel Othoniel à travers ces capsules sonores réalisées par les étudiant-es médiateur-trices du Service Universitaire de l'Action Culturelle de l'Université de Strasbourg.

Ils et elles vous proposent d'en découvrir plus sur le contexte de production de cette œuvre, reviennent sur l'époque de sa création mais aussi sur la biographie de l'artiste.

Des capsules "personnelles" vous invitent à découvrir leur perception de l’œuvre et de l'épidémie.

Ces capsules ont été réalisées dans le cadre du temps fort "(in)visible, (in)dicible : 40 ans de VIH" en résonance à l'exposition "Aux temps du Sida. Œuvres, récits et entrelacs" proposée au Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg jusqu'au mois de février.

Retrouvez ici toute la programmation : jardin-sciences.unistra.fr/agenda/even…-ans-de-vih

Capsules sonores_Othoniel

Capsule sonore écrite et lue par Aziliz Bolzer, 23 ans, étudiante en M2 APAM (arts du spectacle)

Le collier cicatrice est un collier qui veut dire : portez moi, encore et encore, pour ne pas qu’on m’oublie, pour ne pas qu’on oublie la souffrance des corps et des cœurs meurtris, pour qu’on n’oublie pas tous ceux que l’on a perdu. C’est aussi un collier qui rassure, qui dit que notre combat n’est pas vain, que nos corps et nos désirs vont prendre la place qu’ils méritent, acceptez-nous, ensemble nous irons plus loin.

C’est un petit éclat de lumière rouge, qui scintille et qui reflète la résilience et les volontés de changement collectif. Porter le collier cicatrice, c’est porter sur son cou la solidarité et porter sur ses lèvres le sourire de la fierté.

Aziliz_Un collier qui dit

Capsule sonore écrite et lue par Marine Legendre, 23 ans, M2 Littérature Comparée, L1 Arts Plastiques. 

L’œuvre photographique que vous avez devant vous a été prise lors de l’Europride de Paris à l’été 1997. Avec dix jours de manifestation, on estime près de trois cent milles participant.es venant du monde entier. 

En France, le nouveau gouvernement de Lionel Jospin sous la présidence de Jacques Chirac vient de se pencher sur la question de la création d’un Contrat d’Union Civil pour les homosexuel.les, alord qu’en Europe, seule la Scandinavie a déjà légalisé le mariage pour tous. Présent lors de l’événement, Jean-Michel Othoniel photographie depuis un camion une de ses nouvelles performances, Beau comme un camion : la passation d’un collier de perles en verre rouges comme symbole du VIH. 

Au début de l’année 97, on estime 1 600 nouveaux cas de séropositivité pour déjà 800 décès. Dans le monde, à la fin de la même année, ce serait au total près de 31 millions de contaminations par le VIH pour 2 millions de décès.

La maladie est très médiatisée dès les années 80, et on commence à montrer à l’écran des personnes séropositives. L’échange de seringues dans les milieux toxicomanes et les transfusions sanguines thérapeutiques n’étant pas encore sur le devant de la scène, on accuse les hommes homosexuels de l’épidémie. On commence même à craindre que les hommes bisexuels propageraient le virus : le VIH devient un véritable sujet social.
Au cours de la décennie, les pays occidentaux témoignent de l’émergence d’associations de lutte menées par des malades, tels que le Gay Men’s Health Crisis. Ces groupes, d’abord formés par des hommes séropositifs homosexuels, s’ouvrent progressivement aux autres populations concernées. Plus avant, ces mêmes hommes devenant de plus en plus malades et hospitalisés, ce seront les femmes lesbiennes et bisexuelles qui prennent la relève. Malheureusement, on ne parle encore que très peu de leur rôle sur la scène médiatique. 

La prise en charge des malades et les traitements demeurent la première revendication de ces associations - qui d’ailleurs sont rejointes par des médecins, dont Françoise Barres-Sinousi et Willy Rozenbaum - reprochant son inaction au gouvernement. Pour eux, le drame est double, puisque ces jeunes médecins assistent impuissants aux décès de patients de la même génération que la leur. C’est en avril 1987, dix ans avant l’Europride de Paris, que le monde se stupéfiait devant la princesse Diana qui, lors de l’inauguration de la première unité consacrée au VIH en Angleterre à l’hôpital du Middlesex, serrait la main à des personnes séropositives. 

Ces actions ont permis d’ouvrir le débat sur la scène publique. En France, en 2021, le nombre de découvertes de séropositivité est estimé à 5 013 cas, soit une augmentation de 8% par rapport à 2020. Parmi ces 5 013 cas, 51% des malades sont hétérosexuel·les. 

Sources :  
- Thiaudière, Claude. Sociologie du sida. La Découverte, 2002.
- Journaux télévisés. Chaînes des Actualités régionales Ile de France et 20h de F2 du 28.06.1997, archives de l’INA.
- Santé Publique France. Surveillance du Sida en France. Situation au 30 juin 1997, mise à jour le 6 septembre 2019.
- Le Sidaction, données épistémologiques en France en 2021.

Marine_l'année 1997

Capsule sonore écrite et lue par Aziliz Bolzer, 23 ans, étudiante en M2 APAM (arts du spectacle)

Le totem se définit comme un emblème, un symbole d’une force sacrée, souvent associée au mystique. Comme le qualifiait lui-même Othoniel, son collier cicatrice est un totem qu'il a voulu créer afin de pouvoir symboliser la période historique et la cause du VIH. Le collier de perle rouge est un totem contemporain, représentant la force anonyme mais collective d’une cause, d’une souffrance et d’une mémoire. Le totem permet aussi de marquer une différence, il prend vie au travers de l’histoire qu’il porte mais aussi par la fonction qu’on lui donne. Le totem représente une force commune qui unit chaque personne qui en fait l’acquisition. Ainsi, l’effet du totem se crée et se renforce.

Il fait aussi référence à une certaine sacralité, un objet que l’on vénère. Dans le cas de cette œuvre, le collier est davantage le reflet d’une mémoire sur une période historique de grande souffrance mais aussi de progrès. Le totem marque cette joie de changement collectif, du combat contre l’homophobie et ses stigmates. Il est le reflet de cette volonté de transmission des mémoires, qui cherche à raconter une histoire et à la partager à tous. Par cette fonction totémique, le collier de perles protège et guérit la personne qui le porte et c’est ainsi qu’il prend tout son sens.

Aziliz_Le collier cicatrice : un totem contemporain

Capsule sonore écrite et lue par Eva Avramenko, 25 ans, enseignante au département de japonais, membre du groupe de métal progressif Prevelation. 

Jean-Michel Othoniel n'est pas juste un artiste contemporain français. 
C'est un créateur qui a travaillé dans une variété de médias artistiques, y compris le film, l'installation, la photographie et la sculpture. C'est quelqu'un qui transforme ses mythologies personnelles en œuvres d'art en utilisant un vocabulaire inventif qui inclut des matériaux éphémères comme le soufre et le verre. Son approche de la sculpture, où la beauté et la profondeur conceptuelle coexistent pour créer des œuvres à la fois fragiles et monumentales, a contribué à redéfinir la notion d'art public, ce qui a donné lieu à une série de commandes permanentes dans le monde entier. 

Au milieu des années 1980, qui représentaient un moment particulièrement charnière et passionnant pour l'art contemporain, mais aussi une époque où l'épidémie de VIH devenait répandue l'artiste a été contraint de négocier prématurément des questions telles que la douleur et la perte et a commencé à faire de l'art qui reflétait les notions de vulnérabilité et d'absence. Il s'est appuyé sur le soufre, ce qui a donné lieu à un ensemble d’œuvres puissantes qui ont suscité des invitations à de nombreuses expositions de premier plan. 

A partir de 1993, il introduit le verre dans son travail et en expérimente les propriétés ; transformations, mutations de la matière et passages d'un état à l'autre font écho à un autre rite fondamental dans l’œuvre de l'artiste, celui du voyage et du souvenir. Il participe en 1994 à l'exposition "Féminin/Masculin" au Centre Pompidou. En 1996, la villa Médicis à Rome l'accueille en tant qu'artiste pensionnaire. 

En 1997, il crée "le collier cicatrice", petit collier de verre rouge qu'il offre à qui veut le porter avec fierté.

Eva_Jean-Michel Othoniel

Capsule sonore écrite et lue par Eva Avramenko, 25 ans, enseignante au département de japonais, membre du groupe de métal progressif Prevelation.

Je pense que cette œuvre d'art est l'une de celles qu'il est difficile de décrire avec des mots. Pour moi, il s'agit avant tout de sentiments. Je pense que cette œuvre d'art est l'une de celles qu'il est difficile de décrire avec des mots. Pour moi, il s'agit avant tout de sentiments. Le problème du VIH a toujours été particulièrement aigu dans les cercles de créateurs, y compris les musiciens, depuis 40 ans. En tant que musicienne, c'est dans ces cercles que j'ai découvert l'ampleur du problème et son impact sur le monde. 

La musique et les événements mondiaux ont toujours été inextricablement liés, et la crise du VIH ne fait pas exception. Le fléau du virus a laissé une marque ineffaçable sur l'industrie musicale, façonnant les thèmes et les paroles de nombreuses chansons. Le thème de la mort était présent dans l'esprit de nombreuses personnes touchées par la crise du VIH et du sida. 
Parfois, les musiciens eux-mêmes, comme Freddie Mercury de Queen, Sylvester James et Arthur Russell, sont morts de complications liées au sida. Leur disparition a été profondément ressentie dans le monde de la musique car ils étaient des figures influentes

Eva_capsule personnelle

Capsule sonore écrite et lue par Elias Levi Toledo, 24 ans, étudiant en littérature comparée, poète, organisateur des soirées poétiques "Haut Parleurs !"

Elias_capsule personnelle

Elias_symbolique des perles dans l'oeuvre d'Othoniel

Émission radio réalisée en direct et en public à la Pokop par les étudiant·e·s de l’atelier culturel du SUAC de l'Université de Strasbourg « Visibiliser l’invisible, construire une émission radiophonique autour du VIH » avec les ombres vagabondes (Lucy CHARPIE, Béatrice DEDIEU, Marie PATAT avec la complicité de Camille RADOUX) et la participation de Manou Lang. Elle a inauguré l'évènement Echos, traversée sonore et radiophonique. 

A l'antenne : Elisa Lorea, Noah Perrotte, Leonard Olive, Julia Pouilley, Elijah Tema, Domitille Thebault, Hannah Pohnert. 

Cette émission a été construite à partir d’une collecte de récits, de soi, des autres, de soignant·e·s, de militant·e·s depuis l’arrivée du virus jusqu’à nos jours.

Emission Couleur Fauve

Militant·es, artistes, scientifiques, engagé·es hier ou aujourd'hui pour faire bouger les lignes : conversations croisées et paroles de protagonistes qui, chacun·e à leur manière, oeuvrent sur le terrain pour venir à bout de l'épidémie et de ses stigmates.


Emission radio en public proposée et enregistrée par les ombres vagabondes le mardi 14 novembre à l'Auditorium des Musées de la Ville de Strasbourg. 

Avec : Lucy Charpie, Beatrice Dedieu, Manou Lang, Anthony Passeron en direct de Nice, Benjamin Recouvreur et la participation de l'association Ikambere et de Willy Rozenbaum.

Emission Pulsations - Art Et Sciences

Diagnostiquer une maladie dont on ignore encore tout : voilà la situation dans laquelle s'est retrouvé Willy Rozenbaum, alors jeune médecin à l'hôpital parisien Claude-Bernard, au début des années 1980. Il participe, par la suite, à la découverte du virus à l'origine du sida et pour lequel il a consacré sa vie.

Conférence grand témoin : Willy Rozenbaum

Découvrez ou redécouvrez les différents supports sonores réalisés dans le cadre du temps fort "(in)visible, (in)dicible : 40 ans de VIH" en résonance à l'exposition "Aux temps du Sida. Œuvres, récits et entrelacs" proposée au Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg jusqu'au mois de février. 

Retrouvez ici toute la programmation : https://jardin-sciences.unistra.fr/agenda/evenement/temps-fort-invisible-indicible-40-ans-de-vih

(in)visible, (in)dicible : 40 ans de VIH

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