Le printemps

Mes Genoux

Nous sommes la somme 
De nos maux inégaux
Et comme tous les hommes
Ne manquent pas d'idéaux
Moi j'envisage à terme
De me jeter à l'eau
De quitter la terre ferme
Aussitôt

Que j'aurai un bateau

Nous sommes la somme
De nos maux inégaux
Et comme tous les astronomes
Ne sont pas que des salauds
Moi j'envisage à terme
De m'envoler là-haut
De quitter la terre ferme
Aussitôt

Qu'il fera beau

Et si personne ne sonne
Ou ne toque à mon carreau
Je resterai dans l'ombre
Je resterai dans l'eau
Emportant avec moi la somme
De mes maux inégaux
Une chanson de Georges
Et une photo d'Elo

Touillettes

Je te demande sans ruse la permission
d'écrire des chansons à ton nom
de faire de toi ma muse pour de bon
 
chacun des mots que tu m'envoies
j'en fais des mantras infinis
chacun des mots que tu m'écris
je les garde tout contre moi
et tout ce que tu me confies
chacun des mots que je reçois
(de toi) je le chéris
 
et même si tu n'y crois pas
et même si t'en as pas envie
même si tu dis c'est pas la joie
même si tu bois toutes les nuits
même si tu souffres et si tu cries
même si tu veux pas qu'on le voie
même si tu dis que tu dors pas
même si t'en as marre de la vie
 
Je te demande sans ruse la permission
d'écrire des chansons à ton nom
de faire de toi ma muse pour de bon
 
Tu rêves
de t'en aller là bas
d'une trêve
tu rêves
de quelqu'un qui soit là
quand le soleil se lève
de t'en aller là bas

La Permission

Tu passes tes jours à crier
A l’amour et à la mort
Tu devrais peut-être essayer
De laisser ton cœur et ton corps
Se reposer

Tu passes tes jours à crier
A te morfondre sur ton sort
Et à laisser les jours passer

Tu passes tes jours à jurer
A crier que le monde mord
Et que la vie t’a dévoré
Qu’il ne restera pour ta mort
Rien à pleurer

Tu passes tes jours à crier
A crier encore et encore
A te lamenter à pleurer
Tu passes tes jours à crier
À te morfondre sur ton sort
Et à laisser les jours passer

Tu passes des nuits sans dormir à espérer
Que le jour un jour va venir et à crier
A te bercer de lourds délires
A tout prendre c’est quoi le pire
Le rêve ou la réalité ?

(Petit, tu devrais respirer)

Tu passes tes jours à crier
A crier encore et encore
Tu devrais peut-être essayer
De changer d’air et de décor
De t’en aller

Tu passes tes jours à crier
A te morfondre sur ton sort
Et à laisser les jours passer

Tu passes des nuits sans dormir à espérer
A frapper les murs à gémir et à crier
A te laisser aller à l’ire
A tout prendre c’est quoi le pire
L’espoir ou la férocité ?

(Petit, tu devrais respirer)


A tout prendre

Si je voyais depuis la hune
brûler la lune si je voyais
tomber les cendres une à une
sur les dunes si je voulais
faire fortune 
je vendrais ma place à Neptune 
en haut du mât

Mais sa pécune 
je n'en veux pas
qu'il garde son palais 
son or et ses secrets :

Je suis déjà pété de thunes
j'ai vendu mon âme autrefois
pour les jolies joues d'une brune
qu'à la fin d'ailleurs je n'eus pas

qu'à la fin d'ailleurs je n'eus pas

En haut du mat

Bonet

Nous sommes tous les deux tout doux
nous sommes tous les deux tout nus
du bout du nez jusqu'aux genoux
des genoux au cuir chevelu
nous sommes tous les deux tout nus
nous sommes tous les deux tout doux

que meurent le monde et les fous
et tous ces papillons étranges
dans nos cheveux emmêlés 
le croisement de nos phalanges
et le contact de nos joues

Que seront nos corps devenus dans dix mille ans ? 
Qui se souviendra de nous ?
nous sommes tous les deux tout nus
la chair à vif et le coeur tendre
fatigués de rendre les coups
nous sommes tous les deux tout doux

Dans 10000 ans

Nous avons lentement digéré le verre brisé
la paume de nos pieds s'est durcie et
nos gorges se sont asséchées
nos cheveux et nos barbes se sont arrêtés de pousser
et aussi nos yeux n'ont pas pleuré
depuis plusieurs années 

Nous n'aurons bientôt plus de fer à faire fondre, ni d'acier
ne resteront alors plus que les sables sombres
dont nous ferons le verre de nos épées

qui contre la marée, le vent, la rotation du monde
contre le soleil aveuglant, le mouvement des secondes
contre la mort c'est évident n'ont pas d'effet, n'ont pas de force
contre notre long glissement dans le néant qui s'amorce

Nos épées

30 ans déjà, t'as du culot
d'en arriver à l'âge que t'as
déjà qu'avant t'étais pas beau
ça va pas s'arranger comme ça

Ptêt que demain il fera beau
et ptêt que tu rajeuniras
s'il pleut n'aies pas le coeur trop gros
ce serait dommage à l'âge que t'as

30 ans déjà
30 ans qu't'es là
dis ça fait quoi 30 ans ?
Est ce que la vie c'est différent ?
Qu'est-ce qu'on en dira dans 10 ans ?

30 ans, es-tu content de toi ?
Où sont les rêves d'océan ?
Des rêves, y en a-t-il encore en toi ?

Lapin Perdu