La métaphore du colibri, popularisée par Pierre Rabhi, illustre la puissance des petits gestes face aux grands défis. L’histoire raconte qu’un immense incendie ravage une forêt. Tandis que les animaux, impuissants, fuient les flammes, un colibri fait des allers-retours, apportant quelques gouttes d’eau avec son bec. Moqué pour son insignifiante contribution, il répond simplement : *« Je fais ma part. »*  

Ce récit symbolise l’engagement individuel face aux crises écologiques et sociétales. Il rappelle que, même minime, chaque action compte et peut inspirer un changement collectif. La fable invite à la responsabilité, au refus du fatalisme et à la conviction que l’addition de petites initiatives peut inverser le cours des choses.  

Au-delà de l’écologie, cette métaphore s’applique à tous les combats : justice, solidarité, innovation. Le colibri nous enseigne que le vrai courage n’est pas de réussir seul, mais d’agir, malgré l’ampleur du défi, avec la certitude que chaque goutte d’eau a son importance.

LA METAPHORE DU COLIBRI

Chaque été, ils débarquent. Par cars entiers, en voitures surchargées, en tongs et sacs banane. Ils viennent du nord, de l’est, parfois même de plus loin, attirés par le chant des cigales, le soleil tapant, les prix "authentiques" et les marchés de producteurs. Les touristes. Un mot qui déclenche des sourires crispés et des soupirs profonds chez les habitants des régions dites « attractives ».

Dès les premiers jours de juillet, la métamorphose s’opère : les petits villages paisibles deviennent des parkings à ciel ouvert, les plages s’emplissent d’écrans solaires et de cris d’enfants, les centres-villes résonnent de langues étrangères, souvent hurlées. Le touriste, animal saisonnier, s’installe, s’étale, et s’impose avec la tranquille assurance de celui qui a "payé pour ça".

Ils se promènent torse nu au supermarché, chaussés de tongs, parfois de chaussettes – un mystère de l’évolution. Ils veulent vivre "comme les locaux" mais exigent des œufs bio à toute heure, des pizzas sans anchois et des musées ouverts à 22h. Ils photographient tout : les fontaines, les pigeons, les boîtes aux lettres, les chats errants. Ils demandent où est « le vrai marché typique », sans comprendre que ce sont eux qui l’ont transformé en caricature.

Ils ont tout lu sur Internet. Ils savent mieux que toi l’histoire de ton clocher, la recette de ta tapenade et le nom exact de l’artiste qui a peint ce tableau qu’ils prennent en selfie sans le regarder. Ils roulent à deux à l’heure dans les ruelles, se garent sur les places interdites, et t'expliquent que "chez eux", c'est bien plus civilisé. Tu les détestes un peu. Mais tu leur souris quand même. Car sans eux, tu fermes boutique.

Ils mangent à 19h, se couchent à 21h, laissent traîner des canettes dans les criques et prennent des coups de soleil après cinq minutes au soleil. Ils confondent une paëlla industrielle avec un plat typique du terroir et exigent du rosé très frais à la buvette de la fête votive. Et s’il n’y a pas de Wi-Fi, c’est le drame. Pourtant, ce sont eux qui font tourner la machine. Le camping, le glacier, le petit resto de la place : tous vivent grâce à eux.

Alors, on râle. On peste contre ces envahisseurs du mois d’août. Mais quand septembre revient, que les ruelles redeviennent calmes, que les parasols se ferment, une drôle de nostalgie s’installe. On soupire de soulagement… puis on regarde l’agenda de l’an prochain. On sait qu’ils reviendront. Et malgré tout, on les attendra. Parce qu’ils dérangent, oui. Mais sans eux, on n’existerait peut-être plus.

Le touriste est un mal nécessaire. Un paradoxe sur deux jambes. À la fois insupportable et indispensable. Il abîme ce qu’il est venu chercher, mais sans lui, le lieu se meurt. Il prétend aimer l’authenticité, mais ne supporte pas l’imprévu. Il veut du local, du vrai, du brut – tant que c’est climatisé, traduisible, photographiable et remboursable. Il est notre miroir, déformant et cruel, mais aussi notre plan de survie. Alors on continue à l’accueillir, à l’éduquer un peu, à l’aimer à distance. Et à se moquer de lui… jusqu’à ce qu’on parte nous aussi, en touristes, ailleurs

TOURISTES, VIRUS DE L'ETE


Il suffit parfois d’une simple odeur pour que tout revienne. Une fragrance dans l’air, et c’est l’été qui s’invite, les souvenirs qui resurgissent, et les vacances qui renaissent d’entre les saisons. Le parfum des vacances ne se fabrique pas, il s’attrape au vol, il se glisse dans un coin de narine comme une chanson dans l’oreille.

Il y a d’abord cette première bouffée, quand on ouvre la portière de la voiture après des heures de route. L’air chaud vous enveloppe d’un seul coup. Il sent le pin, le goudron fondu, la poussière ocre. C’est l’odeur des grandes routes du Sud, du bitume chauffé à blanc, des talus qui fument au soleil. Là, déjà, on sait qu’on y est.

Puis vient celle, capiteuse et sucrée, de l’huile de monoï. Elle colle à la peau, s’incruste dans les serviettes, flotte dans les campings. Elle évoque les corps endormis sur le sable, les peaux brunies par le soleil, les après-midi sans heures. Le monoï, c’est le ticket olfactif pour les plages lointaines, même si l’on n’a pas quitté la côte française.

Sur la promenade, un autre cortège de senteurs prend le relais. Le sucre caramélisé des barbes à papa, la vanille chaude des gaufres, le beurre fondu des crêpes. Chaque stand est un parfum. On se croirait dans un marché des douceurs, où l’enfance se ravive à chaque pas. Les enfants tirent leurs parents par la manche, les nez en l’air, le cœur gourmand.

À l’heure du repas, c’est un autre orchestre qui s’élève. Les sarments de vigne crépitent dans le barbecue, et la viande grésille doucement. L’odeur du bois brûlé, mêlée à celle des herbes de Provence, donne envie de s’attabler dehors, dans la lumière tiède du soir. Plus loin, c’est la pizza qui dore dans le four à pierre : tomate, origan, olives noires. Une Italie de pacotille, peut-être, mais dans l’assiette, ça chante comme là-bas.

Le matin, le pain chaud et le café montent des boulangeries, et les ruelles sentent la farine et la chaleur douce des viennoiseries. Le midi, c’est l’anis d’un pastis qui fait sa ronde, le verre embué posé sur une table d’ombre, à l’angle d’une partie de pétanque.

Et puis il y a les odeurs plus discrètes, mais tout aussi essentielles. Celle des draps propres séchés au soleil. Celle de la crème solaire sur un livre de poche. Celle de la menthe qu’on écrase dans un mojito improvisé. Celle de la mer, salée, iodée, unique.

Les vacances, ce sont des lieux, des visages, des gestes — mais ce sont aussi, et peut-être surtout, des parfums. Ils s’accrochent à nous comme une seconde peau. On les ramène chez soi sans le vouloir, dans un t-shirt imprégné, dans un flacon oublié dans la valise. Et des mois plus tard, lorsqu’ils se réveillent par hasard, ils nous rappellent, en une seconde, ce que c’est que d’avoir le temps de vivre.

 

UN PARFUM VENU DU SUD

Le dimanche soir a une saveur étrange. Ce n’est ni tout à fait la fin, ni tout à fait le début. Un entre-deux suspendu, teinté de nostalgie douce et d’anticipation un peu lourde. C’est le moment où l’on plie les souvenirs du week-end dans un coin de tête, comme on range un drap encore tiède, tout en se préparant — souvent à contrecœur — à affronter la reprise du quotidien.

Dans les maisons, l’agitation des deux jours précédents s’éteint peu à peu. Les rires des déjeuners en famille se sont dissipés, les verres sont lavés, les nappes secouées. Les enfants soupirent devant leurs devoirs oubliés, les parents refont mentalement la liste de la semaine à venir. Le réfrigérateur est rempli pour les jours qui arrivent, mais l’appétit n’est plus vraiment là. Trop de choses en tête, pas assez de légèreté.

La lumière décline doucement. Ce n’est pas le même crépuscule que les autres soirs. Il est plus lent, plus gris, plus silencieux. Même le ciel semble savoir que la fête est finie. La télévision bourdonne en fond sonore, souvent sans qu’on l’écoute. Les écrans s’allument un peu mécaniquement, pour faire taire ce sentiment diffus d’inachevé. On ne sait pas trop ce qui manque, mais on sent que quelque chose s’en va.

Il y a aussi, parfois, cette mélancolie sans cause précise. Elle ne vient ni d’un drame ni d’un manque réel. Elle vient simplement de l’idée que le temps libre s’échappe, que l’espace pour soi se referme. Le dimanche soir, c’est le passage entre ce qu’on choisit et ce qu’on subit. Le retour à l’agenda, à l’horaire, à la montre. L’inverse du samedi matin, où tout semble encore possible.

Et pourtant, le dimanche soir peut aussi être doux. Si on l’accepte pour ce qu’il est : une transition. Il y a dans ce moment une lenteur qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans la semaine. Le droit de ne rien faire. De s’asseoir sans but, de feuilleter un livre, de laisser infuser un thé sans urgence. Certains en font un rituel : un bain chaud, un plat simple mais réconfortant, une série sans suspense. D’autres s’y retrouvent à deux, en silence, un plaid sur les jambes, une main posée sur l’autre.

Il est permis de le vivre autrement. De ne pas céder à l’angoisse de la semaine, mais d’honorer les heures qu’il reste. De les savourer lentement, comme les dernières bouchées d’un gâteau qu’on n’a pas envie de finir. Le dimanche soir, au fond, nous apprend quelque chose : qu’il faut savoir dire au revoir. À un week-end, à un moment suspendu, à un peu de liberté. Mais aussi, qu’un nouveau départ se prépare, discrètement.

Car même si la semaine qui vient semble rude, même si le réveil du lundi sonne comme une punition, elle peut aussi surprendre. Offrir des rencontres, des idées, des rires, des réussites. Le dimanche soir est la dernière note d’un morceau, mais jamais la fin de la musique.

 

C'EST DIMANCHE SOIR

 
Il est des liens qui résistent au temps, à la distance, à l’absence prolongée. On ne les nourrit pas chaque jour, on ne les arrose pas de messages ou de rendez-vous, et pourtant, quand on les retrouve, ils sont là, intacts. L’amitié a cette grâce singulière : elle ne demande pas d’entretien constant pour survivre. Parfois, un simple regard ou un éclat de rire suffit à faire renaître une complicité vieille de plusieurs mois, voire de plusieurs années. L’ami véritable ne demande pas de preuves, il ne tient pas les comptes. Il est là, c’est tout.

Mais l’amour, lui, ne se contente pas de souvenirs. Il a besoin de présence. De gestes. De chaleur. L’amour réclame la preuve de l’attachement dans le quotidien : un mot doux, un contact, une attention. Ce qu’on appelle « amour durable » n’est pas une évidence, mais un travail. Ce n’est pas seulement le fruit d’une rencontre, c’est aussi la somme de mille détails tissés jour après jour. Et ce fil-là, s’il n’est pas touché, s’effiloche.

L’absence, pour l’amour, est comme une brèche. Ce n’est pas qu’on cesse d’aimer : c’est que l’autre devient flou. Il sort du champ, il s’éloigne de l’intime. On ne sait plus comment il respire, ce qu’il lit, ce qui le trouble. Et peu à peu, on le devine plus qu’on ne le connaît. Il devient souvenir, plus que présence. Et l’amour, alors, glisse vers la nostalgie.

En amitié, le lien repose sur l’acceptation. On ne demande pas à l’autre de combler nos manques, de partager le quotidien, de porter nos fragilités. On se réjouit de ce qui vient, sans craindre ce qui manque. Mais l’amour, lui, engage. Il expose. Il rend vulnérable. C’est cette intensité qui le rend beau, mais aussi fragile. Il ne survit pas longtemps dans le silence. Il s’effondre vite sous le poids de ce qui n’est plus partagé.

Il arrive qu’on confonde les deux. Qu’on pense aimer, alors qu’on admire. Qu’on croit s’éloigner d’un simple ami, alors qu’on perd un amour. Mais quand on retrouve un ami après six mois, et qu’on rit comme si rien n’avait bougé, on comprend que ce lien-là ne dépend pas du temps. Alors que dans l’amour, six mois de silence peuvent suffire à tout défaire. Non parce qu’on cesse d’aimer, mais parce qu’on ne sait plus comment aimer.

Peut-être est-ce cela, la vérité nue : l’amitié accepte ce que l’amour redoute. Le vide. Le flou. L’absence. Là où l’amour se construit sur la proximité, l’amitié se fonde sur la constance. Et c’est cette différence, parfois cruelle, qui fait que certains liens nous suivent toute une vie… quand d’autres ne survivent pas à un hiver.

COMBIEN DE JOUR AVANT ?

 On dit que c’est Jacques Prévert qui a écrit :
**« Le bonheur, on le reconnaît au bruit qu’il fait en claquant la porte. »**
Et comme souvent avec les formules trop vraies, on l’entend, on sourit… et puis un jour, on la comprend. Le bonheur, ce n’est pas ce qu’on attend. C’est ce qu’on avait déjà. Ce qu’on croyait acquis. Ce fond sonore régulier. Ce tic-tac discret qu’on confondait avec le silence, alors que c’était lui qui donnait le tempo.

L’amour, quand il dure, ressemble rarement à un feu d’artifice. Il n’explose pas dans le ciel. Il ne se manifeste pas en grandes scènes de cinéma. Il s’installe comme une habitude bienveillante. Il se glisse dans les détails. Dans un café tiède posé près du lit. Dans une serviette repliée sans y penser. Dans une phrase anodine, une lumière allumée, un "ça va ?" qui ne demande même pas de réponse. Il ne se montre pas. Il rythme.

Et ce rythme-là, on l’oublie. On ne l’écoute plus. Jusqu’au jour où il s’arrête.

Ce jour-là, c’est souvent un bruit sec. Une valise qu’on claque, un silence plus dur que d’habitude, une porte qu’on ne referme pas. Et tout d’un coup, on entend ce qu’on n’écoutait plus. Ce battement régulier, cette pulsation discrète : c’était lui. C’était le bonheur. Pas dans les éclats, mais dans l’écho.

Prévert avait raison. Le bonheur, on le reconnaît quand il claque. Parce qu’il faisait un bruit. Léger, constant. Comme celui d’un métronome qu’on croyait inutile, mais qui maintenait la mesure. Et quand le battement s’arrête, le monde devient bancal. Le quotidien perd son rythme. Et le cœur, son appui.

Alors on s’interroge : fallait-il l’accélérer ? Le vivre plus fort, plus vite ? Ou au contraire, le ralentir, s’arrêter sur chaque geste ? Fallait-il faire taire ce métronome, ou lui rendre sa juste place ?

L’amour n’est pas une symphonie permanente. C’est un motif simple qui revient. Une ligne douce sur laquelle on s’appuie. Et si on cesse de l’écouter, ce n’est pas qu’il disparaît : c’est qu’il s’use. Comme un tic-tac lointain, qu’on croit éteint… jusqu’au silence.

Cette chanson est née de là. D’un fracas discret. D’une porte qui claque et révèle ce qu’on n’a pas su voir. Elle parle de ces amours qui battent en sourdine, qui vivent dans les plis du quotidien. De ces instants qu’on croit ordinaires et qui sont, en vérité, la trame même du bonheur.

Et si aimer, c’était justement ça : apprendre à entendre avant que tout s’arrête.


COMME UN METRONOME

Les Grecs, bien avant nous, avaient compris ce que nous peinons encore à exprimer : **le temps n’a pas une seule forme, mais trois**. Il ne se réduit pas à la course des aiguilles ou à la suite des jours. Il est rythme, opportunité, et éternité. Il est **Chronos**, **Kairos**, et **Aïon**.

**Chronos**, d’abord, est le plus familier. C’est lui qui vieillit les visages, lui qui mesure, découpe, cadastre. Il règne sur les montres, les calendriers, les agendas. Il est linéaire, inflexible. Il avance sans retour, sans pause, sans pardon. Il est ce que nous fuyons en retard et ce que nous redoutons en vieillissant. Il est le temps du monde, celui qui use les choses. Celui qui nous dit : « va plus vite, le jour s’épuise ».

Mais à côté de lui, **Kairos** veille, silencieux. On le traduit souvent par *le moment opportun*, mais il est plus qu’un simple hasard bien tombé. Kairos, c’est **l’instant décisif**, celui qu’il faut sentir, saisir, et ne pas laisser passer. Il ne dure qu’une seconde, mais il peut changer une vie. Un regard qui s’offre. Une phrase qu’on ose. Une porte qui s’entrouvre, juste un instant. Il n’est pas inscrit sur les horloges, il est **ressenti**. Et comme il ne prévient pas, il faut être présent pour le rencontrer.

Et puis, il y a **Aïon**, le moins connu, le plus mystérieux. Aïon n’a ni commencement ni fin. Il ne se compte pas. Il **est**. Il est le temps de l’âme, celui de l’univers, celui de la conscience. Il n’a pas de rythme, pas de mesure. Il ne passe pas, il **enveloppe**. C’est le temps des éternités intérieures, celui dans lequel on entre en méditation, en amour profond, dans la contemplation. Quand plus rien ne presse, que tout est là, entier, immobile — c’est Aïon qui parle.

Dans notre quotidien, nous vivons surtout avec Chronos. Il nous presse, nous sépare, nous organise. Nous en sommes esclaves sans même nous en rendre compte. Mais les moments qui comptent vraiment — ceux qui restent dans la mémoire, dans la chair — ne sont-ils pas tous des instants de Kairos ? Et ne rêve-t-on pas, au fond, d’Aïon ? De ce temps vaste, sans contrainte, où l’on est juste là, en paix, relié à tout ?

Cette chanson raconte ces trois temps comme on raconterait trois voix qui cohabitent. Trois souffles mêlés dans une même existence. Elle nous rappelle que **tout n’est pas Chronos**, et qu’il y a des instants où **le temps ne passe pas, il se révèle**. Et que si l’on veut vivre vraiment, il faut parfois **écouter le battement de Kairos**, et parfois **se taire pour entendre Aïon**.

C’est une sagesse antique, mais peut-être plus moderne que jamais.

TROIS NOMS DU TEMPS

Il y a des mots qu’on entend de plus en plus souvent dans les conversations du quotidien : *sans gluten*, *sans lactose*, *intolérant au soja*, *allergique aux œufs*, *asthmatique au pollen*. Le monde moderne a de quoi faire frémir les anciens. À croire que notre époque est devenue incapable d’ingérer quoi que ce soit sans déclencher une réaction.

Les allergies se sont multipliées. Elles sont parfois bénignes, parfois mortelles. Elles s’infiltrent partout : dans les assiettes, dans l’air, dans les cosmétiques, dans les vêtements. Elles obligent à lire les étiquettes, à poser mille questions au restaurant, à transporter des antihistaminiques dans chaque poche. Elles imposent de vivre sur ses gardes, comme en territoire hostile.

Et puis il y a ces autres allergies, moins reconnues, moins médicales, mais tout aussi envahissantes. Celle qu’on ne soigne pas, qu’on n’ose pas toujours nommer, mais qui provoque des symptômes très clairs : crispation, exaspération, regard vide, soupir profond. Celle qu’on appelle — avec humour mais pas sans fond — **l’allergie aux cons**.

On peut éviter le gluten. On peut bannir l’arachide. On peut vivre sans lait, sans crustacés, sans œufs ni fraises. Mais comment éviter les cons ? Ils sont partout : dans les files d’attente, dans les réunions, sur les plateaux télé, dans les dîners, parfois même autour de nous. Ils parlent fort, savent tout, ne doutent jamais. Ils prennent de la place et de l’assurance, mais jamais de recul. Ils sont experts en tout, surtout en rien, et persuadés de l’être pour tout le monde.

Et le plus grand mystère, c’est qu’on ne trouve toujours **aucun traitement efficace** contre cette allergie-là. Ni antihistaminique, ni vaccin, ni protocole. Rien. Pas même un petit spray nasal de patience. Face à l’allergie aux cons, on n’a que des parades provisoires : l’humour, la fuite, ou parfois… le silence.

Cette chanson est née de cette contradiction moderne : dans un monde où l’on peut diagnostiquer la moindre molécule nocive, on reste **démunis devant la toxicité humaine**. Elle observe ce paradoxe avec tendresse et ironie. Elle dit les désagréments du quotidien — les œdèmes, les crises, les plaques rouges — mais glisse, dans un sourire, une vérité plus crue : ce qui nous fatigue le plus, ce n’est pas ce qu’on avale. C’est ce qu’on subit. Ce qu’on entend. Ce qu’on encaisse.

Alors on rit. Parce qu’on n’a que ça. Parce qu’on sait que contre les allergies, on peut s’adapter. Mais que contre la bêtise arrogante, **aucun traitement n’est encore prévu**. Et qu’il faudra encore, longtemps, **faire avec**.

L'ALLERGIE AUX CRETINS

Une silhouette, une énergie, un rythme trop rapide pour le décor. On les entend presque avant de les voir. Et pourtant, à chaque fois, on sourit. Parce qu’on les connaît. Parce qu’on sait ce qu’ils vont apporter. Et qu’au fond, on les aime bien.

Il entre comme un coup de vent dans une pièce qu’on venait d’aérer. Il serre les mains, embrasse, parle, rit, commente, occupe. Cinq minutes plus tard, on ne sait plus ce qu’on pensait. Il a déjà tout raconté. Sur lui. Sur son boulot. Sur sa santé. Sur son ex. Sur son projet. Sur sa voisine. Sur sa dernière commande en ligne. Et le problème, c’est qu’on ne lui a encore rien dit. Il ne nous a même pas vraiment posé de question. Pas par égoïsme. Par nature. Par panique du silence.

Il est **attachiant**. Ce mot-valise devenu banal dit pourtant très bien ce paradoxe : il est **attachant**, évidemment. On ne peut pas le détester. Il est généreux, sincère, drôle parfois. Mais il est **aussi chiant**, c’est vrai. Envahissant. Intarissable. Increvable. Comme un chiot fou qui bondit partout sans demander si c’est le moment.

Il ne laisse pas beaucoup d’espace. Il prend tout sans forcément s’en rendre compte. Il raconte pour exister. Il parle fort, parce que ça l’aide à tenir. Il coupe la parole, non pas pour dominer, mais pour survivre. Il est, sans doute, **plus fragile qu’il ne veut le montrer**. Et c’est peut-être ça qui nous le rend supportable. On sent, sous la tchatche, quelque chose de cabossé. De mal rangé. Une timidité déguisée en assurance.

Alors on lui pardonne. On l’écoute, un peu. On le supporte, beaucoup. Et quand il s’en va, on souffle. Mais on sourit aussi. Parce qu’il est une tornade affectueuse. Une tempête de mots, certes, mais rarement méchante. Il fatigue les nerfs, mais jamais le cœur.

Cette chanson est un clin d’œil à ceux-là. À ceux qui **prennent trop de place mais laissent un vide quand ils partent**. À ceux qu’on a envie de fuir parfois, mais qu’on ne pourrait pas laisser tomber. Parce qu’ils sont toujours là. Parce qu’ils aiment mal, peut-être, mais à fond. Parce qu’ils ne savent pas faire autrement.

Un **attachiant**, c’est quelqu’un qu’on aimerait parfois en version silencieuse. Ou en mode veille. Mais qui, tel qu’il est, fait quand même partie de la bande. Comme ce vieux pull qu’on ne porte plus mais qu’on ne jette pas. Parce qu’il tient chaud, malgré ses fils tirés.

Et peut-être que dans ce monde où tout est lissé, calculé, maîtrisé, ils sont précieux, ces gens trop bruyants. Ils rappellent que la vie déborde, parfois. Qu’elle s’invite sans frapper. Et que dans ce désordre, se cache peut-être un peu d’humanité en plus.

ATTACHIANT

 

**"Ce n’est pas vivre que de fuir."**
Fuir quoi, exactement ? Le manque, peut-être. Le doute, sûrement. Cette peur sourde de s’attacher. De croire. D’espérer. Parce que l’attachement rend vulnérable. Et que la vulnérabilité fait mal, parfois. Alors on fuit. On glisse à la surface des choses, on enchaîne les rencontres comme des parenthèses vides. On goûte sans s’asseoir. On aime sans habiter. On passe.

Mais l’âme, elle, ne suit pas toujours. Elle reste derrière, en attente. Silencieuse.
On peut éteindre les corps, mais on n’éteint pas le besoin d’être vu. De se déposer quelque part. De faire résonner ses silences avec quelqu’un d’autre.

Ce texte ne juge pas. Il n’accuse pas. Il regarde. Il raconte.
Il décrit ces vies modernes où l’on confond liberté et fuite. Où l’on érige la distance comme seule protection. Où l’on se perd à force d’éviter les liens profonds, de peur qu’ils ne se brisent.
Mais l’absence de lien est une fissure aussi. Moins violente, mais plus sourde. Plus longue.
Et c’est peut-être cette tristesse-là qui traverse la chanson.

Car aimer, ce n’est pas seulement être ensemble. C’est aussi **se rendre disponible**. C’est oser ne pas toujours briller. C’est accepter de se dévoiler. D’être regardé quand on n’est pas prêt.
Et c’est cela, le courage : **ne pas fuir l’intime**.
Ne pas se contenter de jeux de corps sans cœur, de dialogues sans vérité, de relations sans gravité.

La chanson évoque ces instants où tout semble fonctionner : le désir, le décor, l’illusion d’un moment suspendu. Mais tout sonne creux, au fond. Parce que l’autre n’est pas vraiment là. Et nous non plus.
Et parfois, dans un mot échappé, dans un geste trop mécanique, on sent l’absence. L’absence du cœur. L’absence de sens.

Mais il est encore temps, toujours, de revenir. De ralentir. D’oser rester. D’oser dire.
Parce que la vraie vie, ce n’est pas l’évitement. Ce n’est pas le silence. Ce n’est pas l’oubli du sentiment.
**La vraie vie, c’est la présence. Même imparfaite. Même fragile.**
C’est la parole offerte, le regard habité, la main qui reste.

Et si cette chanson touche, c’est sans doute parce qu’elle réveille en chacun cette tension : entre ce qu’on ressent et ce qu'on ose vivre

CE N'EST PAS VIVRE QUE DE FUIR

Le 13 mai 2025, sur TF1, la France a assisté à une scène peu banale : un président de la République, en exercice, face à un maire de province. Pas un chef de parti, pas un ministre, mais un maire. Et pourtant, en l’espace d’un quart d’heure d’échange, la hiérarchie institutionnelle a vacillé. Ce n’était pas une révolte, encore moins un coup d’État, mais ce fut, pour beaucoup, un **KO symbolique**. À la loyale. En face à face.

Tout avait pourtant été balisé. Un format carré, des thématiques prévues, un plateau neutre, une mise en scène policée. Le président, sûr de lui, venu « écouter les Français » dans une tournée médiatique calibrée. Et un maire, celui de Béziers, en l’occurrence, invité pour incarner le terrain, la réalité, les colères locales.
Mais dès les premiers échanges, **le ton change**. Loin du maire folklorique ou caricatural que certains attendaient, l’élu local **s’exprime calmement, posément, presque sobrement**. Et c’est peut-être là que le déséquilibre s’installe : car face à lui, le président semble, peu à peu, **hors-sol**.

Robert Ménard évoque les policiers municipaux sans prérogatives, les prisons saturées, l’absurdité d’un homme sous OQTF qui a pu se marier légalement, les décisions de justice incompréhensibles pour les habitants. Il ne crie pas. Il n’attaque pas frontalement. Il **déroule une parole de terrain**, parfois brute, toujours concrète. Et chaque fois, le président répond comme on récite un manuel. Des mots choisis, des « on y travaille », des « je vous entends », des « je prends acte ». Mais **rien de neuf**, rien de tranchant, rien de vibrant.

Le moment-clé vient sans doute quand le maire évoque la **possibilité de louer des places de prison à l’étranger**, comme le font déjà certains pays d’Europe. L’idée, provocante en apparence, est formulée sans emphase. Le président, surpris, concède qu’il va « y réfléchir ». Ce que beaucoup ont entendu comme une **absence de vision**, voire une **improvisation gênée**, après huit ans de pouvoir.

Le coup de grâce arrive avec le **cas du mariage d’un homme sous obligation de quitter le territoire**. Là encore, le président finit par donner raison à son interlocuteur. Et dans ce moment suspendu, une chose est claire : **le pouvoir n’a plus l’ascendant**. Le maire n’a ni levé la voix, ni caricaturé, ni démoli. Il a juste parlé vrai. Et le pays, à travers l’écran, l’a senti.

Ce n’était pas un débat, au sens spectaculaire du terme. C’était un déséquilibre progressif. **Le poids du réel contre celui du discours.** Et ce soir-là, le réel a gagné aux points. Pas de KO technique. Mais **un KO démocratique**, subtil et implacable.

Ce 13 mai, c’est peut-être un tournant. Le jour où un président a découvert qu’à trop gouverner depuis les hauteurs, on finit par **ne plus entendre le sol trembler**.


UN KO SANS COUP D'ETAT

A meeting between the Little Prince and Jonathan Livingston the seagull, between Aldous Huxley and George Orwell, between Bernard Mandeville and Adam Smith, or Archimedes and Newton, all while passing through an explanation of Plato's myth of the cave, kinesiology, the four Toltec agreements, Diogenes syndrome, and Pareto's law, not to mention a tribute to Michel Legrand, François Truffaut, Louis de Funes, Oscar Wilde, Winston Churchill, and Jacques Tati... all while passing through a hymn to prime rib, the recipe for cassoulet, sauerkraut, paella, veal blanquette, and the art of the aperitif.

This is our musical universe. From rap to country, reggae, jazz, blues, and so many others.

Each theme deserves a suitable musical style.

Let's not forget our nods to New York, Miami, Paris, Berlin, Hong Kong, Moscow, Barcelona, ​​Lisbon, London, kyiv, Tel Aviv, Dubai, Rio de Janeiro, Marrakech, Los Angeles and Beijing... each in the language of their country.

LA METAPHORE DU COLIBRI

LOS BEBOS

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