Pour réduire les distances et favoriser les contacts entre eux, l’Homme a en effet, depuis l’Antiquité, développé maintes solutions. . À l’instar de nombreux pays en voie de développement, le Cameroun et les voisins d’Afrique Centrale développent en effet la même ambition au lendemain des indépendances avec pour ligne d’horizon l’intégration régionale. À partir de l’évolution de la configuration réticulaire des voies de communication terrestres transfrontalières, cette thèse engage une lecture historique de l’évolution des rapports intégrateurs entre le Cameroun et ses voisins d’Afrique centrale entre 1920 et 2016. Anciennes, mais non obsolètes malgré les progrès techniques des transports, les voies de communication terrestres transfrontalières sont en effet demeurées au cœur des interactions entre le Cameroun et ses voisins d’Afrique Centrale. Elles sont de loin le mode de transport dominant, captant environ 80% du trafic des marchandises intracommunautaires . Sur elles reposent donc, en grande partie, le fonctionnement de l’économie, l’intégration physique et l’aménagement du territoire communautaire.

Dans cette perspective, l’une des vocations premières des voies de communication est, d'une part, de rapprocher les marchés qui se trouvent au cœur des économies. D’autre part, l’intégration économique est le truchement qui permet de transformer en réalité palpable les intentions politiques. Enfin, par-delà les contextes (géo)politiques, la finalité éminente de l’intégration est économique. Les enjeux majeurs d’un processus d’intégration sont en effet de palier à l’étroitesse des marchés nationaux, compenser la faiblesse des performances économiques, faire face aux mutations permanentes de l’environnement économique, monétaire et financière, entre autres.

Les voies de communication terrestres transfrontalières ont servi de socle au rapprochement de fait entre le Cameroun et ses voisins d’Afrique centrale entre 1920 et 2016. Elles ont nécessité et entraîné des interactions politiques entre les autorités administratives ou gouvernantes au Cameroun et celles des territoires qui lui sont limitrophes en Afrique centrale. Leur existence a été bénéfique aux flux transfrontaliers des biens et des personnes. En revanche, elles requièrent en permanence une attention politique (volonté) et économique (financement). De 1920 à 2016, les voies de communication terrestres transfrontalières ont joué, entre les pays d'Afrique Centrale, le rôle de : catalyseurs d’élans de collaboration technique, de conjugaison des efforts financiers et coopération (juridique, économique, sécuritaire; de vecteurs structurants d’une dynamique centripète de l’intégration économique; et de base logistique des flux transfrontaliers, charpente matérielle des échanges et de mobilité transfrontalières des biens et des personnes (intégration par le bas).

Journal du 28 juillet

Voies de communication et intégration en Afrique Centrale (1920-2016)

Ludovic Njuh est docteur en Histoire de l'Université de Dschang (Cameroun)et enseignant-chercheur à l’Université Assane Seck de Ziguinchor (Sénégal). Il se spécialise sur la géopolitique de l’intégration et le régionalisme comparé, la gouvernance sécuritaire et les approches conceptuelles de l’insertion de l’Afrique dans les relations internationales contemporaines. Il est chercheur au Centre de Recherches Interdisciplinaires sur les Langues, les Littératures, l’Histoire, les Arts et les Cultures (CREILHAC/UASZ). Il est aussi Chercheur associé à l’Unité de Recherches Politiques, Stratégiques et Sociales (URPOSSOC) de l’Université de Dschang (Cameroun) et auteur nombreuses publications.

Voies de communications et region-building

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