19- Hong - Kong Ex Cathedrâ

Croix Bleue vous happe 


L’aube est délicate, 
Un pont sillonne au loin, 
Des wagons aux rengaines sinisantes se heurtent aux chapes, se noient aux ports d’où rien n’échappe. 

Nous entrons pour nous perdre 
De points précis en lumens pointillés, j’ai oublié lesquels. 

Elle est Croix Bleue, vous happe 
Tout en délimitant, les nappes et les temples 
Qui s’agitent immobiles à la croisée des 
Chemins.

C’est Paris et puis c’est Hong-Kong 1904. 

Derrière Elle mille tours
Qui aux coudes des rues, 
Se drapent de cubes d’or 
Qui reflètent infinis la ligne des halos 
Sonore. 

Et si le bus passe comme une tête d’épingle, 
Levez la tête, 
Arrimez les navires à impériale, 
Saisissez-vous des tringles et laissez-vous porter en tout point cardinal. 
Croix bleue vous happe et vous installe.

Croix Bleue vous happe

Soleils sous Voûtes 

« Soleil brumise et soleil darde 
Soleil brûle et soleil nargue 

Ses cavatines qu’elle marmonne 
Ses space-operas d’un hiver 
Et le marbre ultime qu’elle pourfend 
Dans ces Chapelles sixtines atones 
Ses cavatines qu’elle suggère 
Sont des centimes d’atomes 
Dans d’improbables abdomens 
Qui renaîtront en marge. 

Elle est un être saxifrage 
Lei qui sourit quand tout fait rage. 
Elle penche la tête et puis divague 
Pensant percer tous les mystères, 
Des ferry étoilés qui voguent 
A cent-quatre-vingt degrés de la terre. 

Ces jeux abscons des portes neiges, 
Des rires balcons qui nous submergent, 
Les encravatés s’en moquent bien, 
Tout renaîtra en beige. 
La brume épaisse et mauve 
Enraye, embaume les 
Cris d’astres. Les violences calmes qui 
Soudainement piaffent, osent 
Tout au fond des cadastres. 

Soleil brumise et soleil darde 
Soleil brûle et soleil nargue »

Soleils Sous Voûtes

« La curiosité comme matin du monde »

Salariés en gris de verres, 
Se ruèrent aux gris de banques, 
C’était l’heure en ver de terre qui caracolait tant et tant, 
L’heure des gisants de poussière qui tournaient à l’angle à temps 
Qu’ils reprirent leur coffee cup, s’élancèrent dans l’ascenseur 
Pis que pendre prirent l’élan straightforward dans la fureur 
Du séant leur, terre à terre, devant l’écran, 
Leurre. 


Diamant, 

Par la fenêtre, 
Dimanche et tout 
Endiamanté, carton pâtes qui collent en bouche, et tout endimanchés, bottons en touche. 
Qu’elles soient Philippines et douces. 
Spectres en lumières les vrilles du taxi font mouche, might have been louches. 
Ce sont les crèves-cœurs qui culs-en bouches crèveront les par cœurs des cœurs en pitre et des à-dada-de rouges, de honte et de souches. 


Carbone. 

Où sont les enfants qui jouent ? Derrière. 
Et le moi vagabond? Devant. 
Il vagabonde? D’avant en arrière, 
Et se fonde et se forge et se fend dans la pierre. 

Saxifrage 

Pornographie des âmes, légère 
Étude des corps, profonde et 
Y’avait des chiens, des folles et des bruits à tâtons, des courses filles de dingues où le mètre talon se posait tout à Londres. 
C’était une expérience, et tout le monde avait reçu l’invitation. Il fallait s’empoisonner dans l’amour, tester que rien ne coince. 

Nuances, degrés, perspectives et ombre, 
Voici l’ami système, l’amie du crépuscule
Celles qui de toutes les oblongues capsules
Cadastrent en fureur les soleils en nombre 
Salariés en gris de vers s’interpellent : 

Mais où sont les enfants qui jouent?

La Curiosité Comme Matin Du Monde

Ils levèrent la tête. 

Central. Certains déjà à genoux, centraux. 
Et d’autres alanguis, vers les radieux du Ciel. 

Le Signe qui retentit s’imposa tout à coup comme une Evidence neuve parée des Feux du Zèle. Centrés. Rouges et étoilés. 
Il se considérèrent, parfois jusques aux larmes 


N’osant saisir leurs mains qu’en de froids solariums, centenaires, pourtant ils fourbissaient 
Et leurs cris et leurs armes, centrifuges, 
Contre faucilles et psychodrames. 

L’heure du Chaos, en chien de faïence, dessinait, lésinait, de défiance les cahots et les heurts, les élans. Grabuge. Tous clabaudèrent en chœur, anhélant.


C’était Wyndham la street et c’était dix-sept heures. 
Reprends ton bréviaire camarade, la route est longue vers la Chine puisque le temps nous appartient. 

A Stanley, les étoiles qui flottent au vent refusent d’être constellées.

Ils Levèrent La Tête

Rayons de Soleil arriérés 

Sièges cathedra - 260 direct - nous voilà enveloppés de nos épiscopales 
Lianes; vrillons à la va-vite, au travers des cataractes étales de vermeil et de grès 
Dans nos douces langages, dérobées, le vent gifle joues nues car le vent veut jouer 
Et passe Tai-Tam le Pont, la Muraille belle passerelle qui mène aux libertés. 

Ce pont de nos bras trace la violente espérance de parvenir au but qui n’est que le début 
Fileur éternel des immobilités bleues, au loin tu devines Murray House 

Le monde est beau dit-on et en dehors de lui point de salut... 

J’ai balancé du bout du poing, 
Les bords de plages et l’amitié, 
J’ai ondulé tous les naufrages, 
Les naufrageurs, les naufragés, 
Glissant entre l’index et l’âme 
Les voûtes immenses d’une infinie cité.
  

Qu’il est bon d’essayer quand la langue naît en germe 
Quelques tercets d’amour, quelques distiques déçus, 
De grand-voiles que l’on hisse, de pavillons tendus, 
Car enfin, et l’exil et l’amour charment novices à terme 
Qui balbutient détours, qui bégayent et abondent en palabres, tiens, 
Que les plus beaux dédales labyrinthent en contours, viens, 
Et ne te cantonne pas aux viles traductions, aux franches trahisons, 
Opine du chef aux rires et plastronne de ton 
Glabre 
Galbe, 
Gains. 
Idées, aux grammes, en l’air et puis partout autour, 
En train... 


Tu as tant besoin d’embruns et de coques de navires, que nuages gris m’effleurent, te catapultent Avenir. 
In san Stanley, l’Élysée, les avenues, les leurres. 
Quand sur les poupes en proie je mire, qu’effrois typhons nous vîmes. 
Quand sur les proues au noir j’aspire, c’est de baisser les yeux à la bonne heure. 
Bleue. Mimes et grimes. Noir en terre, sculpte la Ville en ta rouge colonne. 

Tu es à la place de tous les passagers, de toutes les impériales 
Qui giflent ta joue nue au débotté. Empathie empâtée, reprends ta route, 

D’asphaltes et d’ongilignes, 
Dessine ce qui doit être dessiné,
Saisis tous ces instantanés

Rayons de Soleil arriérés

Colonne Stanley 
Pensée de Midi. 

Il y a dans mon village 
Des lunes et des sillages 
Qui sont peintes à l’eau vive 
D’écriardes hideurs. 

L’on entend loin au bas 
Nichés en clos garages 
Des piaillements d’ardeur 
Qui peintrent 
De transatlantiques 
Orages. 

Ces criardes couleurs 
En mon petit ouvrage 
Qui vives cinglent à l’œil 
Résonnent en runes et rage 
Labeur. 

La douceur d’y vivre s’écrit 
Dans l’épuisement de la péripétie. 

Les heures ne jonglent avec rien; 
Ce sont les mouvements de l’air brillant, 
Du soleil sage. 
Vainqueur.

Colonne Stanley

Échafaudage de bleus pans roses 

Tout suffocant et blême quand sonne l’heure, 
Les majorelles bleues balayent les noires idylles, 
Et quand oaristys, baisers volés et miel 
Papillonnent jusqu’à flétrir sous les chenils, 
Il est des koalas qui d’eucalyptus ciel, 
Reflètent des engins aux agencements vils. 

Angle droit, décor bleu, bleu décor, cerfs-volants, 
Hippodamiens damiers, vos diagonales estompent 
Le jeu des règles lié aux échecs indolents, 
Et les fous que la foule en peine amassent en pompes 
Sont les pions réguliers qui piétinent en hurlant. 
Tous suffocant et blêmes quand sonnent heurts, 

La reine exécutive exécute les ordres. 
Ses cavaliers tempèrent, avancent et puis reculent. 
Ces promptes décisions qui s’affinent en désordres 
Scellent en bleu bambou les azurs canicules 
De rois déchus en poutre qui salivent à la corde. 
Toutes suffocant et blêmes quand sonne l’heure, 

Quatre-vingt-dix degrés de colonnes vertébrales 
S’escaladent en pans roses et rixe adamantine. 
Nos coolies échafaudent en bleu de ciel opale 
Et tours à tours sisyphent ce pourquoi ils s’échinent, 
Suffoquent au gré des vies de façades cardinales, 
De pékins de passage en luttes estudiantines.

Échafaudage De Bleus Pans Roses

De combien de récifs ai-je déjà rêvés? 
Marchant aux golfes arides tout supposant l’été ? 

Wong Chuk Hang, tes natures nous cathèdrent de béoties ambrées, d’échappements pots, de religions bretonnes aux ventres éventés, de dallages mozarabes, d’épis de faîtages nus, de pitres salambés.
 
Combien de sources ivres qui sourdirent alors, 
Empoisonnèrent masquées 
Nos rires, nos hélas, leur encore ? 

De combien de récifs ai-je déjà rêvés? 
Il y eut des grêles qu’en toute saison 
Nous pendîmes comme des aquarelles, 
Des typhons d’obsessions : partir ! 

J’aimais les mots Keishi puis détestais le temps, alors devins poète, assis, orthostate. 

D’inventions telles que tombèrent alanguies 
L’iridescence des boîtes aux lettres, monolithiques, nos karaokés pandore, évaporés et vaporeux,
la face cachée des pommes vermeil, la fulgurance des gardiens de nuit... 

De combien de récifs ai-je déjà rêvés?

De Combien De Récifs Ai - Je Déjà Rêvés

Notre Dame de l’Espérance

S’en est allée au cieux, s’en est revenue du ciel 
S’éparpillant aux miels n’avant que revenir mieux 
Et s’observant tutelle, se navrant ces messieurs, 
Choisit de revenir celle, choisit de devenir belle, 
Bleue. 

Masques et mâchoires, du glauque au noir, 
Ils revisitèrent leurs mosquées de musc, et d’entonnoirs, 
A des rythmes qui leur étaient propres, fixes, 
Usant de salamandres comme de crucifix. 
L’heure glas du confinement, heure glaz des marées hautes, et soirs, 
Ils prièrent le très-Bas de confiner leur sort, en Gloire... 

Touche l’arbre, que tu entendes tambour battant de la sorte 
Les sœurs d’armes, de fronde et de fièvre morte

C’est un lieu sans mémoire où murmurent les ondes, moires, 
C’est un deuil capricieux où marmonnent les morts, 
Une infime sensation qu’il serait judicieux 
De se laisser happer en trombe, se laisser choir. 
De se laisser filer, d’éthers, en rondes, 
Inflexibles et notoires, 
Qu’en des feux qu’on déterre, la formule athanor 
Nous transforment en cieux, 
En mers, 
A Cent-Mille pieds sous croire.

Notre Dame De L’Espérance

Man Mo Miu, 
Temple des Dieux Moracées 

Upper Lascar street, les chats feulent en cohortes et leurs esprits t’enjoignent à rentrer. 
Entre... 

Bonzes verts-de-bronze dans des bazars de charité; 
Du coin de la rue prostituée, félins lascars et gonzes 
S’adonnent à des Armageddons de satiété, 
De coke zéros en trombe que l’on sirote en chapelets. 

Tu sors à leur corps défendant, 
Et leurs suppliques de marbre hurlent rentre. 
Bancales sont ces sensations belles, 

Entre, 

Opium du peuple, bouddhas plastiques, cerises en toc 
Qui s’éternisent en proclamées. 

« Sors » 

Ce qui nous lie est là et les lianes à banians 
Sont les moelles épinières que parcourt le divin, 
Ces frissons petrichor qui s’incarnent en la pierre, 
Que tu sens en ton sein, 
Sont les temples de l’âme où s’incantent les corps et s’épuisent les chairs.  

« Sors »

Man Mo Miu - Temple des Dieux Moracées

Cyrille est passionné de photographie, depuis le jour où, à l'âge de 7 ans, il a eu entre les mains l'appareil reflex familial. Depuis la passion ne l'a plus lâché, bien qu'il n'en ait pas fait sa vocation première et son métier. Être libre de ses choix photographiques et graphiques, c'est aussi ne pas en être dépendant.

Cyrille a eu la chance inouïe de naïtre dans une famille de voyageurs, une tradition qu'il a reprise et qui lui a permis de vivre dans de nombreux lieux magiques et uniques, Madagascar, Burundi, Sénégal, Saint-Pierre et Miquelon, le Royaume Uni, l'Australie, la Tunisie. Vivre dans un lieu n'est pas y passer fugacement. C'est l'occasion à chaque séjour de prendre le temps d'observer, de découvrir, de sentir les lieux, les personnes, les mouvements, l'énergie. Il est en particulier fasciné par les déserts - lieux minéraux d'espace et de vide, de désolation apparente parfois, de richesse esthétique et poétique toujours. De même par la densité et l'esthétique des villes, villages ou mégalopoles, leurs architectures, leurs couleurs, leurs matières. Et la vie, et l'art qui s'y déploient sur les murs des rues.

Matthieu est professeur de français et de philosophie, passionné de poésie et féru de littérature. Il prodigue ses cours particuliers à Hong-Kong depuis 2015 via « Sauvés pour le Bac » et « Sauvés pour la Philo », date à laquelle il crée également le magazine « Sauvés par le Kong » puis la plate-forme culturelIe : www.sauvesparlekong.com. 

Sans aucune contrainte d’actualité, le gonzo-journalisme dont se targue le « Kong » (son p’tit nom) lui procure une liberté de ton, un affranchissement envers le “push” tout media et une indépendance totale. C’est un exutoire poétique et foutraque qui aime la photo, le théâtre, le rock’n’roll, le street art et surtout le second degré. 

Matthieu est également rédacteur pour Paroles, le magazine de l’Alliance française et Trait d’Union magazine dans lequel il se fend d’un poème tous les mois sous le nom de plume Sven Larsonn. Enfin il organise chaque année le concours d’invention littéraire « Sauvés par la Poésie » ainsi que les « Alchimie du Verbe », veillées poétiques où se déguste du bon vin avec son amie et œnologue Marjolaine Roblette-Geres.

🎋 Cathédrales de Bambous 🎋 // 勁竹聖殿

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