C'est une reine de Saba

Qui tend ses bras aux braves gens

C'est une main lourde qui s'abat

Sur le visage d'un enfant


Elle se prostitue aux nations

Aux hommes qui lui font du bien

Elle caresse nos illusions

C'est la putain du genre humain.


C'est une fleur de belladone

Dans un bouquet de coquelicots

C'est le tonnerre qui impressionne

Les victimes et leurs bourreaux


Elle arrache les ailes aux uns

Pour les planter dans le dos des autres

C'est une sainte qui en son sein

Martyrise ses pauvres apôtres


Elle pousse les gens dans la rue

Comme on pousse un ivrogne dehors

Qu'il aille vomir ce qu'il a bu

Sur la place des tristes sorts.


C'est un clocher qui au loin résonne

Comme un bourreau chante le deuil

C'est une rose qui empoisonne

Ceux qui la sèment et ceux qui la cueillent.


C'est elle qui nous a vendus

A des marchands de certitudes

Qui exhibe nos cœurs à nu

Dans nos moments de solitudes


C'est la patrie qui est la nôtre

C'est un chemin jonché de croix

Elle sème la haine des autres

Au profit de l'amour de soi.




Colère

Chapeau noir
1.L’hôtel est modeste mais l’hôtesse est souriante
Elle a la	 peau blanche et les lèvres brûlantes.
Un dernier verre, étranger ? Mais tiendrez-vous debout?
Avec plaisir madame mais hélas je n’ai plus le sous.

2.Vous me paraissez blême. Vous me paraissez pâle.
Savez-vous que demain, ici monsieur se donne un bal ?
Vous devriez partir, il pourrait vous trouver.
J’entends déjà ses pas dans le bois d’à côté.

3.Il est tard et je traîne, à quoi bon se presser ?
L’église est lointaine et les cloches ont déjà sonné.
La porte s’est ouverte en grinçant des gonds.
Je suis entré en silence dans ce monde sans nom.

4.On m’a vendu des mots et prêté des prières
Mais les chants sonnaient faux à mes tympans de pierre.
J’ai brûlé l’autel avec un cierge de Pâques
Je suis resté tel quel dans cette fumée opaque.

5.Sous mon grand chapeau noir, mes yeux se sont ouverts
Sur la colline en feu qui brûlait son calvaire.
Ma belle, la route est dure et mes jambes fatiguées
Se cognent contre les murs que j’ai moi-même dressés.

6.Lorsque je pense à elle qui m’attend impatiente
Je savoure comme du miel, une étoile latente.
Que le chemin est long, abîmé, dangereux
Le dos chargé de plomb, je suis las, je suis vieux.
7.Accroupi sur le bord d’une rivière gelée
Je reposais mon âme sur l’herbe glacée.
Un chariot en bois mort s’est arrêté derrière nous
Il était mené par un homme et tiré par un loup.

8.L’homme est descendu, sans même me regarder
Il savait que j’étais seul et m’a prié de me lever.
Quand Il s’est approché, il a levé le poing
Il est tombé sur moi comme la foudre sur un sapin.

9.Il a tapé trop fort. Lorsque je suis tombé,
Il a traîné mon corps jusque dans la forêt.
La brume s’est levée, quand le matin revint
J’avais du sang séché dans le creux de mes mains.
 
10.J’ai caressé ses cornes, il m’a mordu au doigt.
J’aurai le dernier mot, me dit-il sournois.
On ne peut vaincre l’ombre qu’en absence de lumière.
Mais le soleil se lève et le ciel est si clair.

11.Je l’entends se plaindre et crier et gémir
Il insulte mon âme qu’il ne pourra maudire.
Ce soir j’irai au bal avec l’hôtesse souriante.
Nous chanterons, danserons, sous la lune brillante.

Chapeau Noir

Y en a des longs qui ne paraissent pas finir
Tant ils sont mous
Tant ils sont tristes
A mourir.

Puis y a ceux, mis de côté
Tant on a honte
Puis y a les autres
Qui passent trop vite quand on les compte.

Un jour c'est comme
Un rendez-vous chez l'inconnu.
Qui pourra dire comment ce sera
Le jour venu.

Il  y a ceux qu'on appréhende
D'un mauvais oeil.
 Y a ceux de mariage, y a ceux de noces
Y a ceux de deuils.

Y a les fantômes qui passent
Sans se laisser voir.
Puis y a les autres maudits qui 
Nous enterrent dans l'espoir.

Un jour c'est comme
Un rendez-vous chez l'inconnu.
Qui pourra dire comment sera
Le jour venu.

Mais il y a ceux qui semblent fuir
A 100 à l'heure.
Comme les blagues,
Les jours plus courts
Sont les meilleurs.

Enfin, y a ceux qu'on a gâchés,
Qu'on a vendus.
Sans penser qu'un jour ou l'autre
Y en aura plus.

Un jour c'est comme
Un rendez-vous chez l'inconnu.
Qui pourra dire qui sera là
Le jour venu.


Les Jours

Big Joe: Basse
Loup:  Guitare solo
Pinpin: Batterie
Nico: Chant, guitare rythmique

Nico - Tontons Flingués