R e n d e z - v o u s  n u l l e  p a r t .

Marcher, marcher droit devant
Rêver, rêver pour longtemps
Détourner, de sur soi, les tourments
Déterrer tout ce qui est vivant
Marcher parfois contre le vent
Piétiner l'angoisse têtue des gens

f i l e

Jam autour d'la table (LA table)
/ Noémi Thébalt, Maxime Fortin, Claude Missud (et monsieur le hang drum)

Petite Noiceur (sans le "air violon")
/ Noémi Thébalt, Marcin Brzezinski

Jam autour d'la table / Petite Noiceur (en mémoire de Max)

ÉTERNISER SA BOUE

Voyez-vous je suis grande
Détachée de la superfluité autant que je vous affectionne
Nul besoin de votre personne d’artificiel été
Mon grand amour bien haut placé
Plus élevée que vos petits yeux branches d’automne

Je vole de beaux vents tournoyés
Tandis que vous dégustez arômes sur votre plaie 
Parfums et baumes épais
Beaucoup plus haute que ceux qui vous lèchent calamité
Qui vous inventent erronée lavande

Votre regard ne ment pas bien bas
Grandiloquent
Qui parlemente
Nul besoin que vous discouriez de mot
Je sais
Le verbe parle de vos eaux

Et vous prenez œillères
À votre choix, à votre voix et vos fongus délétères
Je ne climbing uprai pas the walls pour défoncer le vôtre
Et je vous laisserai do this alone

Je suis trop gentille
Beaucoup trop gentille
Parce que beaucoup trop grande pour mon corps de fourmi
Au contraire de vous qui êtes dévoré bouffé consumé
Et qui y restez
Qui le choisissez
Sans grand voyage
Sans éternité

Mon âme à la vie sans déloyauté
Gardez votre boue et dispersez-la
Dispersez-la de méprise de fausseté provisoire
Répandez-la sur de petites donzelles qui ne cherchent qu’à aimer pour taire

Taire l’incertitude montante
Taire le trou noir pour qu’il décante
Mangez-les bien
Consommez-les à jamais jusqu’à demain

Faites-leur mal d’égo
Et sur votre lit de mort
Crevez, cramez
Cadavres

L'amour, le vrai, vous ressuscitera t-il
Le respire n’est pas extérieur à soi
Intérieur à tout
Au contraire de votre voie

Éterniser sa boue

L'Absolu (version 1 - L’ATMAN)

................................D’une Miron envolée par vents de Thébalt 
....................................................à un Ruel plané dans l’Atman

Je ne t’aime pas comme on aime le jour
Ouvert, adorable
Je t’aime comme on aime la nuit d’une brillante souffrance
D’une obscure pureté
Je ne t’aime pas comme on aime les dômes aspirants
D’illusion forcée
Je t’aime comme on aime sa langue
Ses racines noircies
Je ne t’aime pas de soleil, ni même de lune
Je t’aime d’Ailleurs, je t’aime d’une vie
D’amour-avenir
De mironienne non-poésie
Je t’aime de fou, de plage et d’orage
Je t’aime de mort naissante
De plus loin
Et jusque là
Je ne t’aime pas d’aube mourante
Je t’aime comme le matin d’une fin d’éternelle infinité
Pesante, transparente
Je t’aime de muscles endoloris
De pupilles fourmillantes
Je t’aime de corps et d’esprit
Sur la voie nommée
Je t’aime de rides lointaines et d’absence
De mouvance, de silence, de voie-lactée
Je ne t’aime pas comme on aime romance affable
Je t’aime comme on aime le grain de sable
Au creux d’une main d’océan
Je t’aime comme on aime la pluie au fond du puits
Je t’aime comme l’eau coule pour rejoindre plus grand
Au delà de l’écartement du non-amour
Je m’éloigne d’amour, de penchant
Je ne t’aime pas comme on aime la musique 
Je t’aime comme on la fait, tragique
Par elle qui est reconstruite
Par elle qui m’oublie
Qui se prend le NOUS d’égo
Je t’aime et je m’efface
Le boomerang suit sa logique
Rationalisation sans réconciliation
Je me tue à demeurer
Je nous éventre d’Êtres de glace
Je ne t’aime pas comme un assassin
Je t’aime d’exister
Comme on tue la mort en lui permettant de vivre
Dessein de son ivre sort
Je t’aime d’amour-tué
D’amour mort-né
Je ne t’aime pas d’amour-mensonge
Je t’aime à en percer nos faces
À en percer le temps
Je ne t’aime pas de torture
Ni de contentement
Je t’aime d’amour-vérité
À te perdre dans le soleil, le sommeil
Je t’aime à m’aimer tout autant
Que 2+2 = 5 ou 1+1 = 3
Je t’aime parfois de colère
De mal-amour
De mal-exister
Mais je t’aime surtout
À m’en faire crucifier
À rester sur ma croix


L'Absolu

TROIS

Et nous avons senti le coup de fouet
Celui qui se fait quand on baigne dans l’interdit
Doloriste d’envie de vie
L’inter-dit
L’inter dit son savoir du beau et du laid
Il ne faut pas manger si tu n’es pas mûr
Tu tomberas au pied de l’arbre
Et sur, tu pourriras, pourtant si proche, si prêt
Avalé des entrailles de la terre, viscères
Soit tu renaîtras, soit tu t’éteindras
Ton choix, sois
Édifié pour donner des fruits
Tu es l’image des branches qui touchent le ciel
Le plus bel archétype qui soit
L’existence veut de toi
Nataq
Transcende ton Q jusqu’au R
Dit le verbe en fonte
Uni ta langue à tes lèvres pour une seule bouche
Plus jamais tu ne mourras
Enterre l’animosité sous tes pas, ta honte
Élèves-toi de vertes pousses
De surcroit, tu t’assècheras

Trois

Extrait "teaser" // Agathe Vallée

Hommage à Gaston Miron au théâtre Le Patriote 
(audio sans l'animation et sans les discours)

Crédits :
Accompagnement musical et montage sonore : Marc Poellhuber
Enregistrement : Vincent Bell

0:00 Jean-Guy Paquin
6:53  Frédéric Généreux
7:55  Patrick Dubé
14:53 Benoît Davidson (poème de Jean-Paul Daoust)
18:32 Hélène Dorion
28:22 Noémi Thébalt

LE VOILE DU TEMPLE S'EST DÉCHIRÉ                                        

Pour souligner le 20e anniversaire de décès et commémorer l’œuvre du poète Gaston Miron, une célébration de la langue française et de l'amour a eu lieu, mercredi le 14 décembre, dans la salle bondée de la Boîte à Chansons du théâtre Le Patriote de Sainte-Agathe-des-Monts, par l'entremise d'une soirée poétiquement nôtre.
 
Le voile du Temple s’est déchiré était la première soirée de poésie  qu’accueillait le théâtre agathois, et ce, depuis ses quarante-neuf années d’existence. La soirée fut un immense succès, chaudement apprécié du public et des participants. L’animateur Benoît Davidson, conteur de St-Rémi–d’Amherst, incarnait le défunt Gaston dans la splendeur de son imitation. Tout au long de la soirée, nous avons eu droit à une performance de l’artiste agathoise Isabelle Germain, jouant de mots et d’ombre sur le voile du Temple qui se déchira sur La marche à l’amour au final. L'auteur Jean-Guy Paquin (Aux pays des Weskarinis) nous a lu Miron d’une tendre façon. Le président du mouvement Impératif français et Patriote de l’année, Jean-Paul Perreault, nous a éblouis d’éloquence lors de son allocution sur l'amour de la langue française et le poète-rockeur Frédéric Généreux nous a fièrement entretenus sur la poésie et sur le monde de l'édition indépendante avec sa maison d’édition Bouc Productions. Les poètes Patrick Dubé, Hélène Dorion et Noémi Thébalt ont transporté finement l’auditoire dans leur univers où l’émotion était palpable.

« Indéniablement la meilleure soirée de poésie à laquelle j’ai assisté. Nous avons eu droit à un véritable hommage à la langue française avec des lectures de textes solides, bien ficelés et tout simplement délicieux. Bravo et merci aux participants et aux bénévoles pour cette soirée hommage à Miron. »

Robert Lafontaine – Caricaturiste agathois.

Le voile du Temple s’est déchiré, organisé par Noémi Thébalt et Benoît Davidson, était une célébration du vivant et du cœur, un rappel sensible au Québec tout entier. Une proclamation en cette ère du vide virtuel, en cette ère de l'image superficielle et de la division, en ce temps où la valeur des mots est plus qu’incertaine et où notre culture s'éparpille de page en page. Une proclamation poétique et identitaire pour se rapailler et s’enflammer le québécois moderne. 

Jean-Paul Daoust et Raôul Duguay n’ont malheureusement pu être présents pour cause de santé et s’en désolaient grandement. Malgré deux têtes d’affiche manquantes, la poésie brillait comme jamais à Ste-Agathe-des-Monts, éblouissant les spectateurs. Se retrouvaient, assis dans l’auditoire, des gens de la communauté culturelle de plus de cinq régions.

Le voile du Temple s'est déchiré

Même si on était un peu grand, on n’avait pas tellement vieilli.
On était prêt à tout perdre. On a tout perdu sur la route. Rien qu’un p’tit coup de vent pis toute s’est envolé. Faut dire qu’un monde d’idées, c’n’est pas ben ben solide. Enfin, c’est ce qu’on croyait. Pourtant, en un coup de vent, tout était changé. Un seul souffle, une seule pensée. Aucune hésitation, que l’évolution. On voit bien la solidité et l’assurance dans les mouvements de ce monde-là. L’immatériel.

On arrivait plus à mettre pied à terre. Peut-être qu’on avait jamais touché le sol, peut-être qu’il n’existait pas comme on l’entend. Peut-être même qu’on n’était jamais né de la chair. Peut-être qu’on était dans l’illusion et que les formes denses sont l’inévitable résultat de l’état hypnotique dans lequel on vit, dans lequel vivent les terriens. C’est possible, tout est possible. Aucune limitation dans l’illimité. Et puis, sans la gnose, l’hypnose.

(Pas l’hypnose comme la transe, non. L’hypnose comme le dieu sommeil au bord du fleuve de l’oubli. La léthargie. Hypnos comme son frère jumeau Thanatos, la muerte, mortem, morto.)

On n’avait pas tout vu. Difficile de tout voir en un seul coup d’œil. Difficile de voir, même, juste avec les yeux quand on n’a pas d’cœur. Par chance, on avait conscience du nôtre. Le seul, l’unique. La force sans fin. En regardant vraiment, on voyait que la réalité – qui était, qui est et qui sera – est fondamentalement quantique. Plein de ch’mins lumineux dans un Tout géométrique. De la lumière, partout, à perte de vue, ou sa simple réflexion.

On croyait, à tort, être né de la chair, dans la chair, par la chair, pour la chair quand, au final, on n’était pas encore né. Il nous fallait naître au cours de notre vie. On était endormi pour pouvoir mieux s’éveiller à la clarté. L’hypnose nous gardait dans de lourds battements. Tout n’était qu’une perpétuelle chanson et la chair n’était que de basses vibrations, un peu comme le son grave avec ses longueurs d’onde de plusieurs mètres. Tout le monde sait que plus la longueur d’onde est courte, plus la fréquence est haute. Si on ouvrait nos oreilles pour entendre le chant des choses, on comprendrait.

Pour illustrer (avec un peu d’imagination) :

1 - Jadis, nous étions ici, en la Très Haute symphonie (3 - Et nous retournerons ici)
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2 - Nous sommes là, toujours en la Très Haute symphonie, mais plus bas sur la portée.

« Tu n’es que poussière (d’étoile) et tu retourneras poussière (d’étoile). »

La mort est une porte et la vie un passage. On avait défié la vie en pensant défier la mort. On était prêt à tout perdre. On n’avait rien, mais on avait tout. Vraisemblablement, on ne savait pas ce que l’on avait avant de le perdre.

L'anti Album

Tout Isomorphe

Comme nous étions prêts à tout perdre, nus étions prêt à tout donner. Nous étions prêts à tout donner et à tout recevoir. Il fallait savoir détruire pour pouvoir mieux reconstruire. Il fallait savoir vivre et tout se fabriquer sauf des regrets.

La lumière nous éclairait l’espace d’un temps. 
On était comme des enfants, complètement. 

Nos chemins s’étaient croisés. Nous nous étions réunis pour, ensuite, nous séparer. Peut-être que c’était l’inverse et qu’on ne se souvenait plus qu’il fût un temps où nous avions opté pour la séparation, et que c’était maintenant l’heure de la réunion. Quoi qu’il en soit, tout ce qui était extérieur à nous n’était pas primordial. Il fallait mettre les nécessités au premier plan. La nécessité de toi. La nécessité de moi. La nécessité de Soi et de l’Instant. On avait laissé nos âmes se rencontrer dans le temps baigné d’atmosphère azurée. Un Tout isomorphe, chaque moment, en l’instant. 

On allait danser sous la pluie. On défilait, nu. On était d’un calme fou au sein de l’œil de la tempête. Tout ce qui nous importait se retrouvait, là. Cet ici, là, maintenant.

J’ai étiré le temps du mieux que j’ai pu. Chaque seconde en durait 3.
Puis, ressac sur ma peau.

Tout Isomorphe II

Place aux explorations sonores. Expérimentation lyrique, artistique, euphonique et eurythmique.

Ambiance et texture amalgamée d’éléments poétiques vivants et fragiles.

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Les morts sont bien vivants mais, je le jure, les vivants ne sont pas encore morts...

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Noémi Thébalt; auteure-compositrice-interprète, artiste-patenteuse-troqueuse et entrepreneure passionnée. La jeune femme aux mille projets promet une multiplication de son pain artistique pour les temps à venir.

L'Exutoire du Cafard

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