La traversée

Quand les frimas de l’aube essaiment sur la mer,
Y tracent quelques rides,
La lune se dérobe et des songes amers
Hantent les apatrides.
A cette heure indécise où Phœbus, paresseux,
Tarde un peu à percer,
La dune blanche, alors, délivre celles, ceux,
Qui doivent traverser.
Une ruée muette et de l’eau jusqu’aux hanches 
On s’agrippe, on se parque,
Et le passeur vous offre aux flots noirs de la Manche :
C’est ainsi qu’on embarque.

La brume s’est levée avec le jour naissant.
La côte est déjà loin
Mais on devine encor le sable opalescent
Du rivage témoin.
Les enfants, effrayés qu’un goéland pérore,
Se cachent dans le sein 
De leur mère et, bercés au rouli de l’aurore,
Ont le sanglot succinct.
Le canot va, serein, sur le velour aqueux,
Où quelque volatile
Pêche en l’onde alanguie ; or chacun sait bien que
Neptune est versatile.

Quand passe le soleil par dessus l’horizon,
Grisé le ciel se charge
Et la sombre nuée altère la raison
De qui navigue au large.
La houle fait des creux sous l’effet du noroît,
Les plus inquiets s’agitent !
On remue trop, sans doute, et la coque de noix
Soudain ! prend de la gîte.

Tangue ! et bourlingue ! et cahote ! et ballotte ! mais
Tiens encore un moment,
Car chaque instant de l’exil est un dénouement.

Branle ! et balance ! et oscille ! et vacille ! mais
Éternelle éphémère,
Promesse ou chimère, qu’est devenue la mer ?

Un lointain cimetière,
Ouvert sur les confins
D’une sourde frontière,
Une fosse insondable
Où gisent les défunts
Sous leurs stèles de sable.
Une douve opportune,
Balayée par les vents
Mauvais de l’infortune,
Linceul de sel et d’algues 
Qui drape des enfants
Dans l’écume des vagues.

La traversée

Believe in the south

The sun is high but the mountain
Shades what lies below
Before the sea, our wide blue plain
Through the window
Should I remember the name
Of the lanky mermaid
Who pulled me from my beloved fame
Just to wade

I’ve been living in
I’ve been living in the south
I’ve been living in
I believe in the south

Venial sins and loves stranded
On white singing sands
Kiss unclaimed after candid,
Shy demands
Is azure just another lie
Fueled by fake desire
Or a vision of how to die
On your fire

I’ve been living in
I’ve been living in the south
I’ve been living in
I believe in the south

You’d like to be somewhere
But this place, Dear, I swear, 
Is nothing better than here

I’ve been living in
I’ve been living in the south
I’ve been living in
I believe in the south


Believe in the south

괜찮은 남자들 (lyrics by Shin Boky)

그 언젠가 심각하게 말했잖아
그런 남자는 만나지 말라고
내~말은 그렇게도 안 듣다가
결국 차이고 눈물바람 

세상에 반은 남자들인데 
골라도 어쩜 그런 놈들만

내 언젠가 진지하게 그랬잖아
그런 녀석은 상처만 준다고
끝~까지 나쁜 남자만 찾다가
끝내 데이고 후회막심

널린 게 진짜 남자들인데
골라도 어쩜 그런 놈들만

괜찮은 남자들 여기에 다 있는데
어디를 보고 있니?
미모의 여자들 꼭 그런 인간한테
버림받고 우리한테
술 사달래.

그 언젠가 심각하게 말했잖아
그런 남자는 만나지 말라고
내~말은 그렇게도 안 듣다가
결국 차이고 눈물바람 

세상에 반은 남자들인데 
골라도 어쩜 그런 놈들만


괜찮은 남자들

Monter la tente

Elle m’avait dit tu passes devant
J’aime autant te détester dans le vent
Tu montes la pente jusqu’au sommet
Et puis après la tente, on ne sait jamais
Pour ceux qui veulent encore
Passer la nuit

Au bord du précipice j’ai planté les arceaux
Et son oeil animal dans mon coeur en morceaux
J’ai tendu le voile étoilée
Un aigle s’était envolé dans la vallée
Pour voir ou va l’écho
Du moindre bruit

Tous les autres au coin du feu 
Qui faisaient les cons à s’inventer des jeux
A se faire croire qu’on tombe amoureux
Comme des ados
Et nous sous la tente
Dos à dos

Sans plus un mot on s’est laissé dormir
Un peu comme pour mourir 
Mais c’était mieux
De pas s’dire c’est fini je ne veux
Plus de toi et caetera
Et caetera

Prémices du jour dans soleil
Sa main glanée dans le sommeil
L’autre posée au plus près de son sein
Son regard infini dans un rêve assassin
Déjouait des intrigues
Où je n’étais pas

Et si c’était la fin des temps
Elle m’avait dit peut-être en m’réveillant
Défais la tente il est trop tard
Sur la crête enneigée il m’avait semblé voir
Une petite avalanche
Toute effrayée

J’ai retiré le mat
Et plié la toile bleue du double toit
Elle était bien usée et le zipper
Tiltait parfois comme un vieux flipper

Sur la route au loin
J’la voyais dans l’groupe de ceux qui n’doutent jamais de rien
Et moi, tout en bas, l’interminable pente
Avec ma foutue tente


Monter la tente

Plaise aux dieux (une élégie)
Pierre

On avait seize ou dix-sept ans
Le regard tendre et les joues roses
Déjà pas mal écorchés dans
La pouponnière des névroses 
Nos cris, nos révoltes naïves,
Le shit en quantités fautives

Les nuits blanches mélancoliques
Dans les apparts un peu miteux
Le matin la gueule en oblique
L’oeil rougi et le ventre creux

On grimpait haut sur les remparts 
Voir le soleil ressusciter 
Le cœur battant de la Cité
Quand on redescendait
Le monde avait changé
Tout allait s’arranger

On traînait souvent sur les quais
Près des paumés ravitailleurs
Montez à bord - on embarquait
Sur le premier rêve d’ailleurs
On était juste des enfants
Qui faisaient un peu peur aux gens

Aux abords de la rue d’Arènes
On désarmait le désarroi
Avec les guitares souterraines
Les voix et les mots maladroits

Et quand on était convoqué
Par les bleus ou par le lycée
On écrivait quelques vers
L’univers est l’endroit
Pour tout faire à l’envers

Y avait le vieux gitan Diego
Qui avait de l’héro plein le crâne
Et son minable flamenco
Qu'il dansait comme une gitane
Parfois les concerts interdits
A la Boucherie Chevaline 
Le sombre poète maudit
La BAC, les pics d’adrénaline
L’été corse et l’insaisissable
Rappel de l’enfance égarée
Les plectres perdus dans le sable
Et les amours non déclarés
Mais tout ça

On aurait tenu la distance
Jusqu’au bout de l’éternité
Rien n’avait vraiment d’importance
Tant qu’on avait la liberté
 
A vous qui étiez magnifiques
Malgré vos bosses, vos fissures
Vos coups de folie prolifiques
Votre jeunesse et vos blessures
A l’île aux veillées homériques
Au doux fleuve qui la ceinture
A la devise ésotérique
Et aux rugueuses couvertures
A la place triangulaire
Et ses trois punks invétérés
Aux vieux anars qui avaient l’air
Sortis d’une chanson de Ferré
Aux longs tollés et aux colères 
Aux escapades à pas d’heure
Aux temps rudes et aux galères
A la grâce du maraudeur
Aux tentatives suicidaires
Au charme noir de la candeur
A notre ville frigidaire
Ses rues antiques’ et leur froideur
Aux clandestins, aux trahisons,
Aux noirs desseins, à Maldoror
A l’époque sans horizon
Au journées perdues dès l’aurore
Aux mémorables compagnons
À ceux qui peut-être sont morts
Et ceux dont je tairai le nom
Car certains charrient un remords
A nos joies et à nos tourments
Au souvenir qui resurgit
A vous que j’aimais tellement 
Est dédiée cette élégie

Plaise aux dieux (une élégie)

어디 있니

너 지금 어디 있니?
내 전화 왜 안 받아?
누구랑 있는 거니?
내가 아는 사람이야?
		
대체 뭘하는 거니?
뭐가 그렇게 바빠?
친구 핑곈 그만 대
아직 그와 함께 있니…?

어떡하면 되겠니?
언제까지 기다릴까?
다시 내게 돌아와
무릎꿇고 빌테니까

대체 뭘하는 거니?
뭐가 그렇게 바빠?
변명따윈 집어치워(쳐)
이젠 내 곁에 있어줘. 

어떡하면 되겠니? 후~ 
대답해봐!

이러면 안 되는데
내가 왜 이러는 걸까?
이러기는 싫은데 
나도 나를 모르겠어. 

나 지금 어디 있니?
내가 지금 뭘 한 거야?
너는 내 곁에 있는데
숨소리가 왜 안 들려…?

어디 있니

今から
(鶯の歌)

君の目に 
涙が浮かんでいる
しかし君の
心はもう
重くない

今から鶯の
囀りが聞こえるだろう
悲しそうな顔は
大きな笑顔に変わった
漸く良い季節が到来為た
と言える時が来た

毎日激流に
泣いていた
時期があった
だけど遠くから
優しい風が
吹いている

今から鶯の
囀りが聞こえるだろう
悲しそうな顔は
大きな笑顔に変わった
漸く良い季節が到来為た
と言える時が来た

Ima kara
(Uguisuno uta)

Kimino meni
Namidaga ukande iru
Shikashi kimino
Kokorowa mô
Omokunai

Ima kara uguisu-no
Saezuriga kikoerudarou
Kanashisouna kaowa
Ôkina egaoni kawatta
Yôyaku yoi kisetsuga tôrai shita
To ieru tokiga kita

Mainichi gekiryūni
Naite ita
Jikiga atta
Dakedo tōkukara
Yasashii kazega
Fuite iru

Ima kara uguisu-no
Saezuriga kikoerudarou
Kanashisouna kaowa
Ôkina egaoni kawatta
Yôyaku yoi kisetsuga tôrai shita
To ieru tokiga kita


今から (Ima kara)

Amour à vue

Lorsque ses yeux, parfois, se fermaient, la lumière
De tout un univers me paraissait tarir,
Puis d’un élan diaphane en ses pupilles fières,
Revenait assortie d’impérieux désirs.

Que d’espérance, alors, sombrait sous ses paupières.
Me verrait-elle, enfin, d’adoration, périr
Éternellement de ses œillades altières ?
Sans doute y trouvait-elle un éclair de plaisir.

Ma tourmente dura jusqu’à ce réveillon.
Dans le grand réfectoire en pleine rébellion,
A la faveur d’un chahut insurrectionnel,

Sous la table, entraîné par une main hardie,
Au terme d’un baiser, sans qu’un mot ne fût dit, 
Elle m’offrit à voir le fond de sa prunelle.

Amour à vue

Lettre à Héloïse

Allons en forêt, ma tendre Héloïse,
Dire des secrets à l’abri des brises.
Se peut-il jamais, si je te courtise,
Que je sois l’objet de ta convoitise ?

Dans le bois joli où les vents s’apaisent,
Les mots interdits s’y sentent à l’aise.
M’aurais-tu suivi sous le vieux mélèze,
Je t’y aurais dit les mots qui te plaisent.

Allons en forêt, ma tendre Héloïse,
Jouir des attraits d’intense extase.
Que ne donnerais-je pour qu’une bise,

Dans le bois joli où les vents s’apaisent,
Se pose, endormie, sur ta peau topaze,
Avant que, ma mie, enfin, tu me baises.

Lettre à Héloïse

Strada Vertige
(Pierre 2025)

La Méhari est en carafe
En haut du col de ton ras-le-bol
J’ai pas fait gaffe
Tu fais ta tête des mauvais tours
Et moi j’barbote dans le cambouis
De nos amours

Tout autour de nous le vertige
Sur les sommets les nuages s’figent
Les névés ont du plomb dans l’aile
Mais toi tu t’en fous t’es trop belle
Dans tes yeux verts, ce p’tit côté pervers 
J’balance ma clope dans la rivière 

J’fais les niveaux t’as du frivole
Au coin des lèvres j’en tire une taffe
Et je décolle
On s’met l’contact, le moteur flambe
La pente est raide on est en rade
Mais y a tes jambes

Tout autour de nous le vertige
Dans la vallée les nuages s’figent
Les névés n’sont plus éternels 
Et toi t’es p’t’être un peu moins belle
Tes yeux s’embrument, sont lassés du bitume
J’balance plus ma clope j’me la fume

Après l’amour, t’étais amère
Toi tu préfères le balnéaire
Et t’as horreur du vent
Tout comme tu changes d’avis souvent
Quand on a enfin vu la mer
Sur les panneaux publicitaires
Tu m’as dis “foutons l’camp
J’veux t’faire l’amour sur un volcan”

Ça sentait la sueur et le soufre
Sur les hauteurs noires du cratère
Juste au bord du gouffre
L’antique étuve aux laves vives
Tes veines ivres et l’éruption   
N’a pris not’ fade

Tout autour de nous les vestiges
Les lauriers-roses à fleur-de-tige
Les glaciers en nage se rappellent  
Que t’as jamais été si belle


Strada Vertige

I've been writing songs for years. I do it for pleasure and for my sanity. I have no particular pretensions or expectations, I simply hope that those who listen to me by chance, out of curiosity, generosity or friendship will have a good time. 
I do my best, and I apologize to the purists who'll hear all my mistakes, because I record everything myself and I'm learning to do it myself - damn, technology's a pain in the ass!
There's always something to say, so I try to say it in my lyrics. Every once in a while, I think I should say something stupid and that if I make people believe it, I'll be relevant, but in the end, why waste time saying stupid things when you can also use music to make a point?
And sometimes I'm just talking nonsense.
There are songs in Korean because someone very dear to me comes from that country and she writes lyrics. There's English because it's sounds good and almost every can understand (how original), and it's perfect for bullshitting. There are some in Japanese, because I live there, in the incredible city of Kyoto. A bit more and there might be Italian because I love pasta and, who knows, even German just to see if it's really impossible to make something beautiful out of it as my friends say - I learned German and I think it's a beautiful language after all. And if one day I feel like singing in other languages, I'll do it, because the language doesn't exist anymore, and I'm writing this stupid text with an automatic translator. But we always have things to say, even if they're bullshit, so we don't really care about language, we're human beings.
I'm very happy, I'm very lucky and I know it. I wish everyone could feel that way at least once in their lives. 
If you're happy, tell other people because you'll make them happy too if they love you. 
I'm happy and I love you and I want you to be happy and love yourself.

Pierre G

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