Certains sons se révèlent mystérieusement comme des hymnes. Au sein des révolutions, ils permettent à la foule d’entrer en transe et de marcher à l’unisson. Et si les révolutions passent, ces sons demeurent et marquent d’une empreinte sonore indélébile les souvenirs de ceux qui les ont vécus. Le “iron heartbeat” est de cela : c’est le rythme que frappaient répétitivement les révolutionnaires Soudanais sur les colonnes métalliques du pont qui mènent à Khartoum. Dans les oreilles de deux frères, ces battements répétitifs de l’acier font émerger un souvenir : celui d'un massacre perpétré, le 3 juin 2019, par les paramilitaires des Rapid Support Forces, avec l'accord de l'armée régulière, au coeur même du sit-in formé par la jeunesse soudanaise face au Quartier général des armées.

Florence de Talhouet / Sébastien Geronimi