REMEMBRANCES OF A PREMONITION, 23’52 ’’
Finaliste du concours international de création radiophonique PHONURGIA NOVA 2012 à la Gaité Lyrique, Paris.

GENESE DU PROJET
BRIAN ANSON
J'ai rencontré Brian Anson à la biennale d'Architecture de Venise en 2000, il venait y faire une conférence sur son oeuvre en tant qu'architecte et pédagogue, je faisais la régie son de l'événement. Je fus particulièrement touché par l'engagement politique et artistique de cet homme et séduit par sa voix magnifique. Il fait partie des rares personnes qui ont pu associer art, militantisme et exercice professionnel avec talent et intégrité. J'ai voulu rencontrer cet homme délicieux de manière plus intime. Nous nous sommes écris et fréquenté pendant 3 ans. 
Il m'a alors confié un manuscrit qu'il écrivit en 1967 et que seules 3 personnes avaient lu. Il s'agît de "Saint-Clair". Une oeuvre poétique et rageuse qui porte tous les fondements intuitifs de son travail, incarné par un fantôme mi-réel, mi- imaginaire, gitan basané venu de Sicile selon Brian. St Clair est probablement l'autre de lui- même, personnifié de manière romanesque et prédisant une sorte de fin du monde à travers une analyse de la course folle des villes, préfigurant l'univers de "Blade Runner" de Ridley Scott ou bien dans l'esprit de " La Jetée" de Chris Marker. 
En ce sens et sous une vision proche de la science-fiction, Brian Anson le poète, a eu une intuition forte d'un avenir possible, celle de la déshumanisation des villes, si les architectes eux-mêmes ne prenaient pas en main la mission qu'il leur est confiée, bâtir pour le bien commun, au lieu de se soumettre aux intérêts politiques et financiers. 
J'ai donc tenté de lire cette oeuvre poétique et politique qu'est Saint-Clair. J'ai été éblouis par le ton rageur et l'imagination, par la musicalité de la langue et la poésie à fleur de peau qu'il s'en dégageait. J'ai proposé alors à Brian de travailler sur ce texte. Au départ, il semblait prudent. Il avait un rapport très passionnel à cette oeuvre, à la fois vérité pure et en même temps fatalisme cynique, tant qu'à la fin de sa vie, il la reniait. Mais alors, pourquoi a t'il voulu que je lise « Saint Clair »? Je ne l'ai jamais su mais je pense l’avoir deviné. Ce qui est sûr, c'est que St Clair, qu'il rencontra en vrai plusieurs fois selon lui, fût sa muse, son guide, son garde-fou. Il avait peut-être peur de son jugement et préférait le livrer à d’autre. 
 Nous avons enregistré certains passages, présents dans la pièce, puis nous n'avons rien fait de plus à l'époque, à l'exception d'une performance mal préparée à la "Maison des Architectes" à Marseille en 2002.

LUC FERRARI
Entre temps, j'ai rencontré Luc Ferrari à l'occasion d'une résidence qu'il est venu faire à Euphonia et Radio Grenouille à Marseille en 2003. A cette occasion, il a entre autre créé une pièce, nommée "Archives sauvées des eaux", suite à une inondation de son lieu de travail. 
J'ai beaucoup appris aux côtés de Luc sur la capacité de confondre document sonore et geste musical. C'est un art de faire parler la vie et de la transformer en oeuvre artistique, au même titre que Joseph Beuys prétendait faire de la vie une oeuvre comme acte émancipatoire à toute soumission d'une nécessité politique. Luc Ferrari est l'exemple même de quelqu'un qui a toujours cherché à rester libre et vivant, sous des allures de "frivolité" comme il le disait avec malice. Il y a là pour moi, une clé parmi d'autre pour comprendre l'oeuvre de Luc. Savoir s'amuser des choses de la vie en les transformant en musique, sans accorder d'importance sacralisée aux objets sonores. C'est alors une porte ouverte à l'interprétation des sons bien plus vaste que tout ce qui est académique, car elle ne
renie pas le théorique, mais le relativise en plus...
Ce que j'ai appris de Luc, j'ai tenté de le mettre dans ce projet.

ARCHIVES PERSONNELLES
Je me suis récemment replongé dans mes archives, j'ai re-numérisé 15 années de recherche stockée sur DAT, CD, DVD, disques durs. J'ai alors décidé d'en faire un travail. Suffisamment d'années et d'heures d'enregistrements à nouveau conservés devaient bien servir à quelque chose. Je suis retombé sur les enregistrements de Brian. Ils sont apparus parmi les éléments les plus forts que je possédais, sans pour autant en avoir jamais rien fait. Je me suis alors replongé dans le sens de ce texte, qui m'apparaît comme prémonitoire de la course folle des villes et de la civilisation actuelle.  

PRESENTATION DU PROJET
Je propose aujourd'hui un Hörspiel autour de l'enregistrement du manuscrit de St Clair. J'ai voulu mettre à la fois en évidence les éléments forts du texte, mais aussi utiliser la voix comme matière sonore. Comme je le disais ci-dessus, il s'agît d'un texte expiatoire et fondateur d'une réflexion portant sur les hommes et les villes. J'ai alors utilisé pas mal d'archives personnelles de sons de ville comme Marseille, Venise, Bamako, Casablanca, Berlin. Toutes sont des villes violentes, chaotiques, grandes, politiques, contradictoires et poétiques. St Clair, le fantôme sicilien de Liverpool, les aurait sûrement détesté, mais n'aurait fait qu'y errer...
J'ai par ailleurs répondu à l'appel à projet de l'association "Presque rien" proposant d'utiliser des archives de Luc Ferrari dans un projet de création personnelle. Cela s'est avéré tout à fait intéressant car bon nombre de ces sons sont assez anciens. On entend le "temps"; les villes et les hommes ne sonnent plus pareils aujourd'hui.  
Je tiens à préciser que la part des sons de Luc est tout à fait minoritaire par rapport à l'utilisation de mes propres archives dans l'ensemble de la pièce. Et ces sons sont tous fragmentés au point qu'ils ont perdu toute linéarité, mais sont totalement intégrés à la matière globale.
Alors ce Horspiel est à la fois un voyage dans le temps, l'espace et la mémoire de Brian Anson et de Luc Ferrari, deux êtres que j'ai eu la chance de rencontrer, à travers une mémoire bien plus courte et plus modeste, qu'est la mienne.

REALISATION
Pour la composition, j'ai cherché à créer un flux continuel et chaotique allant de mutations en mutations, à l'image des villes pourries et belles. Ce flux est aussi une allégorie de la litanie, voir de la transe du texte et de la lecture, du plaisir des mots et des sons. Je voudrais préciser qu'il s'agît d'un texte "vomi" en une nuit et sans ponctuation, ce qui rend la lecture très libre, et très musicale.  Puis, je me suis souvenu aussi de l'adaptation radiophonique de "Finnegan's wake" de James Joyce par John Cage, où un certain nombre d'éléments sonores, représentant l'Irlande selon Cage, constituent un flux continuel et indépendant de la narration, jouant avec le sens du texte non ponctué également, cela m'a guidé pour la forme. Pour finir, ce Horspiel contient donc la trace de 15 années d'archives personnelles, essentiellement de la matière sonore et musicale malaxée et recyclée, comme une pâte qu'on ne finit jamais de transformer à travers le temps et l'espace.
Je vous suggère d’écouter ce travail à un volume assez fort de manière à rentrer dans les multiples couches sonores du texte et des villes.

Virgile Abela – 2011.

Composition et enregistrements: Virgile Abela
Texte et lecture: Brian Anson
Sons additionnels: Luc Ferrari


REMEMBRANCES OF A PREMONITION, 23’52 ’’ (English version) 

GENESIS OF THE PROJECT
BRIAN ANSON
I met Brian Anson at the Architecture biennial of Venice in 2000, when he came to give a conference about his work as an architect and teacher. I was the sound engineer for the event. I was particularly affected by his political and artistic engagement and seduced by his wonderful voice. He belongs to a rare group of people who are able to combine art, militancy and professional involvement with integrity and talent.  I wished to get to know this lovely man more intimately. We've shared a correspondence and met each other several times during 3 years. Initially, he wanted me to read a manuscript he wrote in 1967 that only 3 people had so far read. The piece is about "St Clair". A poetic and furious work that bears all the intuitive core of his own work, embodied in a half real, half imaginary ghost, a dark-skinned gypsie native from Sicila, in Brian's words. St Clair is probably his alter ego romantically epitomised, and predicting a kind of end of the world through the crazy course of the cities, foreshadowing the atmosphere of "blade Runner" by Ridley Scott or similar to "la Jetée" by Chris Marker. Through a cyberpunk style vision, Brian Anson the poet, had a strong intuition of a probable future: the dehumanisation of the cities. If the architects themselves don't fulfil their commitment towards building for the common good, instead submitting to political and financial interests. When I commenced reading this poetical and political work that is St Clair, I was stunned by the furious tone of the writing, its imagination, the musicality of the language and the sensitive poetry that was drawing from it. So I made a proposal to Brian that we work together on this text. Initially he was reluctant about this idea. He really had a pasionate relationship to this work, on the one hand a pure trueness and on the other, a cynical fatalism, so much so that at the end of his life, he disowned it. But so, why did he wanted me first to read St Clair? I never knew it, but I think I guessed it. One thing is sure, St Clair, who Brian met several times in his life, was his muse, his guardrail, his guide. He probably feared its jugment and prefered to reveal it to other people.  We've recorded several takes of the reading of St Clair, now incorporated in the piece, but we have not done anything further at this time, except an ill prepared presentation at the "Maison des Architectes" at Marseille in 2002.

LUC FERRARI
At that time, I met Luc Ferrari at a workshop he did at "Euphonia" an "Radio Grenouille" during the course of one year throughout 2002/2003. He created a piece called "Archives saved from the water", after the flooding of his own studio. I've learnt a lot from him about the ability to merge sound documents and musical gesture. It's a skill to be able to make life speak and transform it into a work of art. In the same way, Joseph Beuys pretended to transform life into an art work as a liberating act against any submission to political need. In the same sense, Luc Ferrari is a perfect example of somebody who has searched to remain free and alive, under the guise of frivolity , as he used to say about himself, with teasing. Here there is a key to understand the work of Luc; knowing how to be amused with things of life, and transfoming them into musical composition, without attaching a sacralised importance to the sound material. It's a way to open our own minds to the interpretation of sounds beyond academic considerations, because it doesn't disavow the theory, but it relativise it.
What I learnt from Luc, I tried to invest it in that project.

PERSONAL ARCHIVES
I've recently redigitized my personal archives which were originally saved on DAT, CD, DVD and Hard Disk that represent almost 15 years of my work. So many hours of various material available must have been usefull one time more! So I decided to work on a piece with what I had. I stumbled upon the recordings of Brian Anson. They turned out to be some of the strongest material there, but I had never done anything with it! I had to absorb myself again in the meaning of this text, and it appeared to me as a premonition of the way that the cities and actual civilisation is going. 
Presentation of the project
Today I propose a Horspiel around the recording of some passages from the manuscript of St Clair read by Brian himself. On one hand I wanted to let listen the text and on the other hand, use his voice as a sound material. As I said before, St Clair is an expiatory and seminal text depicting his reflections on the existance of human beings within cities. I decided to use personal sound takes of cities like Marseille, Venice, Bamako, Casablanca, Berlin. All of these cities are large, violent, chaotic, historic, contradictory and poetic cities. St Clair, the sicilian ghost from Liverpool would certainly have hated them, but all he would have done there would be to ramble with no aim.
I also had the possibililty to use Luc ferrari's sound archives - with the permission of "L'association Presque Rien" - in order to compose a personal project. This opportunity turned out to be very interesting because most of the sounds were quite ancient. We can hear the "time" in them. Cities and men don't sound today as they once did. I want to clarify that from the sounds of Luc is quite minor compared to the use of my own archives across the whole piece. And all these sounds are fragmented to the point they have lost linearity, but are fully integrated with the overall material.
Therefore, this Hörspiel is a kind of trip into time, space and the memory of Brian Anson and Luc Ferrari, through a brief and modest memory which is mine.

ACHIEVEMENT OF THE PROJECT
To compose the piece, I tried to create a chaotic and continual flux going from mutations to mutations as dirty and beautiful cities are. This flux is also an allegory of the litany, indeed the text and its own reading trance, of the pleasure in the words and sounds. I would like to make clear that this manuscript was "vomited" in one night and without punctuation, which allowed the reading to be really free and musical.  Then I also remembered to myself the Horspïel "Finnegan's wake" from James Joyce by John Cage, where quite a large number of sounds, representing Ireland in Cage's words, make up a continual and independant flux to the narration, gambling with the text meaning as well not punctuated, all that has guided myself to make up the composition.  At last, this Hörspiel contains 15 years of personal archives trace, basically mixed and recycled sounds materials, as a dough that we would never cease to knead through time and space.
I suggest listening to this work on quite a loud volume in order to immerse yourself in the multiple cities and text sound layers. 

 Virgile Abela - 2011

Composition and recordings: Virgile Abela
Texte and Readings: Brian Anson
Additional material: Luc Ferrari



Remembrances of a premonition

Virgile Abela: Guitare électrique, delays, looper, feedback, 2 amplis
Jason Van Gulick: Batterie, micros contacts&piezzo, reverb, delays, feedback, 2 amplis

En résidence en mars à Bruxelles, concerts et enregistrements en préparation.


Duo Virgile Abela & Jason Van Gulick

Interprétation de la suite bwv 1000 en sol minuer pour luth de JS Bach à la guitare folk.

L'Envol

L'Envol Bertrand

Maquette mixée pour la démo. Le piano sera réalisé par un disklavier

L'Envol Manolo

Eolian harp refrains with an ambisonic mix

ZeitGeist - Demo - Binaural

Concert enregistré du 8 mars 2013, organisé par TOTAL PLEASURE à la Machine à Coudre à Marseille

virgile-abela

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