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Des échantillons de la pièce Lagrimas orientales d’Eralio Gill — tirée du disque Estampa Paraguaya ; le disque a été trouvé dans un bac des Amis de Marie à Saint-Côme — sont modifiés et joués dans l’application Fonofone ; préalablement, le disque original avait été joué sur une table tournante Seabreeze, qui « colore » — c’est le moins qu’on puisse dire — le son. Aux échantillons pris directement de la pièce s’ajoutent l'échantillonnage du son du moteur de l’appareil.

Dans la performance, tous les appareils jouent ensemble : table tournante, iPads et VHS.

Les iPads sur lesquels Fonofone est installée sont entendus soit dans la paire de haut-parleurs du studio (haut-parleurs sans nom, amplificateur Pioneer SX-550), soit par le biais de petits haut-parleurs « puck » Logitech ; on entend aussi des séquences enregistrées directement du Fonofone sur des cassettes VHS (au revoir, cassette de mon enfance de My Fair Lady) et rejouées par un magnétoscope (KIJIJI), sur fond de prises de son de réveil des oiseaux au Lac Priscault. Les voix sépulcrales entendues dans la pièce sont bien celles des jeunes ; le son étrange obtenu résulte d’un jeu pas si facile sur les voyelles.

Enregistré par Nataq Huault au Nid d’abeilles le 19 juillet 2018, avec les (formidables) jeunes du groupe D de la deuxième session. Chapeau à Thomas Latendresse pour l’illustration très cyberart faite à partir de captures d’écran.

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Arrangement réalisé pour l'émission du 22 octobre 2019 de Pulsar, sur les ondes de CISM 89,3 FM.

« Au terme de cette émission, à mon tour de rendre hommage à Maurice Blackburn. Je vous jouerai donc sur mon vieux piano la troisième d’une série de six pièces publiées en 1939 sous le titre de Digitales, en tentant de recréer – avec mes modestes moyens – l’étrange piano-bastringue inventé par Blackburn pour Notes sur un triangle, le film d’animation de René Jodoin.

https://www.onf.ca/film/notes_sur_un_triangle/

Pour vous faire entendre la beauté quasi-grégorienne des lignes de la pièce, j’applique une indication utilisée par Francis Poulenc dans sa musique pour piano, où il demande à l’interprète de jouer de manière à faire ressortir alternativement chacune des voix. Comme Blackburn cite la musique de Poulenc parmi ses influences, j’ai pensé que je pouvais prendre la liberté de réaliser l’arrangement que vous allez entendre.

Sur mon vieux piano faux, la troisième Digitale de Maurice Blackburn ».

Enregistré par moi sur la rue Drolet et monté-mixé par Nataq Huault.

Digitale III : Renille joue Blackburn

Résidant depuis plusieurs années dans un quartier où les habitations, rendues vétustes, requièrent de la part de leurs propriétaires d’importants travaux de réfection, l’expérience de la dégradation de la qualité du sommeil n’est pas pour moi chose nouvelle. Loin de ne recéler que de prévisibles désagréments, l’état de demi-sommeil qu’entraîne l’audition des premiers outils mécaniques au matin s’est avéré, dans mon cas, être le théâtre des songes les plus variés.  L’été dernier m’a vu y rencontrer les êtres aimés autant que les êtres abhorrés, y revivre les évènements du printemps érable et y entendre, au passage, la musique de Claude Debussy.  Frappé par l’extrême régularité autant que par la prégnance de ces songes, je rapprocherai l’expérience ici de l’idée même de la surréalité telle que la formule André Breton  :

«Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, de surréalité, si l’on peut ainsi dire »

L’expérience de la cohabitation, en rêve, de tous ces éléments – les bonheurs et les aléas de l’amitié et de l’amour, le souvenir des manifestations, les Études de Debussy dans lesquelles j’étais plongé à cette époque – juxtaposée au déroulement propre de ces derniers dans le monde réel ne relève-t-elle pas de la surréalité, du moins dans la forme évoquée ci-haut ?

Toujours au sujet du rêve, Breton écrit : 

«L’esprit de l’homme qui rêve se satisfait pleinement de ce qui lui arrive.  L’angoissante question de la possibilité de ne se pose plus.  Tue, vole plus vite, aime autant qu’il te plaira.  Et si tu meurs, n’es-tu pas certain de te réveiller d’entre les morts ? Laisse-toi conduire, les évènements ne souffrent pas que tu les diffères.  Tu n’as pas de nom.  La facilité de tout est inappréciable.

Quelle raison, je le demande, raison tellement plus large que l’autre, confère au rêve cette allure naturelle, me fait accueillir sans réserves une foule d’épisodes dont l’étrangeté à l’heure où j’écris me foudroierait ? Et pourtant, j’en puis croire mes yeux, mes oreilles ; ce beau jour est venu, cette bête a parlé»

La discontinuité naturelle qui est l’apanage des songes et dont nous parle le poète est également celle des oeuvres tardives de Claude Debussy, corpus auquel appartiennent les Études entendues en rêve.  Cette remarque, le compositeur Jean Barraqué  la formule presque mot pour mot dans son article Debussy ou l’approche d’une organisation autogène de composition :  

«Il [À propos de la rhétorique debussyste] s’agit d’un monde en chaînes, qui, progressivement, intègre la discontinuité discursive »

Illustrant cette «discontinuité discursive», Barraqué souligne encore ceci : 

«Debussy, avec La Mer, a inventé un procédé de développement dans lequel les notions même d’exposition et de développement coexistent en un jaillissement ininterrompu» 

C’est à la possibilité d’une oeuvre «méta-debussyste» que m’ont conduit les diverses observations jusqu’ici recensées.  Peut-on, en assemblant des extraits d’oeuvres de Claude Debussy, créer une pièce dont le sens soit entièrement nouveau tout en conservant les qualités intrinsèques de ses composantes ? 

Discontinuité de la trame des rêves, résurgence d’un passé récent au sein de ceux-ci, discontinuité du discours dans la musique de Claude Debussy et possibilité d’une oeuvre «méta-debussyste», telles étaient les considérations qui m’occupaient au moment d’aborder la composition de «Ensemble».

«Ensemble»

2. pêle-mêle-rouge-sang-père-mère-bleu-flash

5. Countré gigué (bis)

J'écris de la musique pour mes étudiants, mes amis et mes collègues. Il m'est aussi arrivé d'arranger la musique des autres, comme ce fut le cas pour Pierre Lapointe, Philippe B, The Loodies, Ludovic Alarie, Coeur de pirate, Les Soeurs Boulay, Julien Mineau et Philémon Cimon.

Le reste du temps, je m'occupe de BOP, une jeune compagnie de musique classique ; sinon, j'enseigne un tas de choses à l'École de musique Vincent-d'Indy, de l'histoire de la musique au solfège, de même que l'été, au Camp musical Père-Lindsay, où j'ai occupé tous les emplois possibles et imaginables, de réceptionniste à artificier.

Vous pouvez parfois m'entendre raconter des histoires avant les concerts de l'Orchestre Métropolitain. J'ai déjà dirigé un formidable chœur amateur, Les Voix Ferrées.

Alexis Raynault

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