L’installation "Coupole" de Juliette Minchin est construite en utilisant des matériaux qui sont chargés de symbolisme et de significations universelles. Coupole apparaît comme une architecture sacrée, un sanctuaire imaginaire. L'œuvre s’inspire des traditions qui célèbrent le passage du temps au moyen de la cire.

La cire, plastique et fragile, est associée à des symboles allant de la mort à la renaissance, ainsi qu'à la divination et à la sorcellerie. La cire, en transformant son état de liquide à solide, grâce aux quatre éléments, acquiert une dimension alchimique qui répond à la manière de travailler de l'artiste. En référence aux bandelettes de laine qui protégeaient l’Omphalos dans l’Antiquité grecque, symbole représentant le centre du Monde, Juliette Minchin enveloppe partiellement la structure de grands lambeaux de cire encore chauds et malléables. La cire, depuis toujours associée au visage et au corps humain, prend ici la forme d’un vêtement architectural.
La structure métallique donne le mouvement et la volumétrie aux drapés de cire, comme une ossature qui soutient la peau. La « peau»  reprend alors le sens de sa définition dans l’architecture où elle désigne la surface nue du bâti, la façade. L’artiste manipule ainsi les modèles architecturaux comme elle rassemble les rites qui l’inspirent. Le croisement de cultures est une façon de redonner de la modernité à un décor ancien, à des rites disparus tout en offrant un visage nouveau à l’architecture où plusieurs formes archétypales se rencontrent librement.
Coupole est une œuvre qui s'inscrit dans la tradition de l'abstraction lyrique. Elle emprunte son imaginaire à l’architecture des mausolées, monuments commémoratifs dans différentes cultures. La forme arrondie de la pièce rappelle une coupole de cathédrale, pièce qui évoque l'idée de la transcendance et de l'élévation spirituelle.
Les œuvres monumentales de l’artiste sont généralement détruites, recyclées et rejoignent la matrice qui contient ainsi le champ des possibles, celui des œuvres à venir. Ici, les drapés retourneront au « néant » en attendant de prendre corps pour un autre projet.

9.SYMBIOSIUM_Audioguide : Juliette Minchin - Coupole

L’installation “Microbial Ancestors” de l'artiste Annemarie Maes est composée d'une tapisserie originale, de deux aquariums avec des organismes symbiotiques vivants et d'une vidéo intitulée “Theatrum Algaerium".

La tapisserie, pièce centrale de l'installation, constitue un rendu topographique tissé, permettant de visualiser la culture d’organismes symbiotiques. Elle mesure plus de 2 mètres et a été tissée en 7 couches sur une machine à tisser Dornier Jacquard contrôlée par ordinateur. Elle est composée de fibres naturelles telles que le lin et le coton bio, ainsi que des fibres synthétiques telles que le polyester et l'elirex. 

Cette peau microbienne originale est la traduction de la collaboration entre des bactéries Acetobacter xylinum et les cellules de levure Saccharomyces cerevisiae colonisant le même environnement : un mélange organique d’ortie fraîche, de thé vert, de sucre et de vinaigre. 

Les deux aquariums contiennent des organismes symbiotiques vivants, qui ajoutent une dimension biologique à l'installation. En observant les formes organiques étranges et intrigantes de ces sculptures vivantes, nous sommes transportés dans un monde inconnu et fascinant. Les couleurs et les textures rappellent les formes de vie primitives et originelles qui ont existé il y a des milliards d'années. Ces formes nous évoquent également la complexité de notre propre système biologique : écosystème singulier, peuplé de milliards de micro-organismes qui nous permettent de survivre.

La vidéo "Theatrum Algaerium" créée en 2021, est une captation d’une performance artistique réalisée en bord de mer. Le rituel commence tôt le matin au cinquième jour du mois de récolte d'août. Des cadres métalliques émergent de la mer, soutenant des herbes flottantes et des bocaux remplis d'algues et d'eau de mer, tandis qu'une équipe d'artistes prépare et propose des délices de la mer. Les vagues menacent d'engloutir le laboratoire, mais dans une action répétitive, les structures, les algues et les bocaux sont transportés au-delà de la ligne de crue témoignant de la relation complexe et dynamique entre l'humanité et l’environnement. Ces éléments créent des "récits tissés à partir des fils du passé, du présent et de l'avenir", qui subliment la fragilité de la nature et la manière dont nous interagissons avec elle.

Annemarie Maes est une artiste qui explore la frontière entre la nature, l'art et la science. Elle utilise des méthodes scientifiques et biotechnologiques pour explorer les systèmes vivants et les écosystèmes en tant que sujets artistiques, créés avec des médias biologiques, numériques et traditionnels. Les caractéristiques physiques et esthétiques des matériaux qu'elle utilise déterminent largement la forme de ses sculptures, objets ou œuvres textiles. 

Dans "Microbial Ancestors", elle se concentre sur le pouvoir transformateur des bactéries, mettant en valeur les processus naturels de collaboration et de symbiose.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Annemarie Maes - Microbial Ancestors

L’installation, “Voices of Tiny Gods”  de l'artiste Antoine Bertin nous invite à faire l’expérience d’une forme d’intelligence océanique et végétale, à travers une structure en forme de lattice, constituée d'écailles de phytoplancton minutieusement assemblées. Les coccolithophores, nano-algues unicellulaires, y sont magnifiés, révélant leur complexité structurelle - un assemblage géométrique d’écailles en calcite - et leur rôle essentiel dans notre écosystème.

Ces êtres microscopiques ont en effet une importance cruciale dans la production d'oxygène terrestre, en produisant 60% de nos besoins lors d'événements océaniques spectaculaires appelés effloraisons. Pendant ces événements, les reflets du soleil sur leurs écailles créent un spectacle d'une beauté insoupçonnée, visible jusque depuis l’espace.

Source intarissable de questionnements, le phytoplancton échange des molécules sémiochimiques appelées métabolites pour communiquer au travers d’une poésie flottante que les scientifiques commencent seulement à déchiffrer. Ce sont les concentrations de ces mots chimiques qui orchestrent la composition sonore de “Voices of Tiny Gods” . Cette installation nous permet d'écouter l'évolution des conversations du phytoplancton, recueillies lors d'une effloraison dans l'océan Atlantique-Sud en décembre 2021.

Les coccolithophores, omniprésents dans l'histoire de la Terre et précédent de millions d’années l’arrivée des humains, ont peut-être échangé sur la manière dont la lumière se reflète sur leurs écailles à travers la surface de l'océan ou sur la manière dont les humains tentent de les entendre. Que pourrions-nous leur raconter, si nous pouvions un jour nous confier à eux ?

Lorsqu'ils meurent, les coccolithophores forment par l’accumulation de leurs squelettes des paysages de craie, matériau précieux et symbolique utilisé depuis des siècles dans la création artistique et dans l’édification religieuse.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Antoine Bertin - Voices of Tiny Gods

L’œuvre Négociation 115 - Anthropie et part sauvage de l’artiste Caroline Le Méhauté met en perspective deux terres, la première issue de la forêt de Sénart au sud-est de Paris, la seconde issue d’un jardin au cœur de la ville de Brunoy, à trois kilomètres de cette forêt.

  Lors de la mise en œuvre de cette pièce, les deux qualités de terres commencent déjà à se dessiner ; la première issue de la forêt est riche en nutriments et en mycorhizes. Elle est malléable et contient des larves, un système racinaire ainsi que des bulbes ; la seconde est friable, caillouteuse et grisâtre. Elle ne contient pas de réseau racinaire, et très peu de vivants malgré deux lombrics dont l’artiste a tenu à préserver l’habitat dans terre de ville. 

Cette pièce est le lieu d’une expérimentation qui durera le temps de l’exposition. Régulièrement arrosée, chaque terre évoluera en fonction de sa qualité et de l’écosystème qu’elle abrite. La forme en croix donnera peut-être à voir la naissance d’un écotone, par cette rencontre organisée au croisement de deux sols si proches géographiquement et pourtant si différents. 

 L’une viendra-t-elle contaminer l’autre ?  Vont-elles fusionner, entrer en symbiose et créer un troisième lieu ?

SYMBIOSIUM_Audioguide : Caroline Le Méhauté - Négociation 115 – Anthropie et part sauvage

Cette parution artistique unique, atlas illustré, inspiré des bestiaires médiévaux et des observations de notre planète à l’ère de l'Anthropocène, présente diverses créatures et objets hybrides de notre temps.

Conçu comme un manuel de terrain, ce bestiaire nous incite à élaborer de nouvelles perspectives d'observation, de navigation et d'orientation dans un monde en rapide transformation. Plastiglomérats, chiens robots de surveillance, fordite, gazon artificiel, arbres-antennes, SARS-COV-2, montagnes décapitées, aigles chasseurs de drones, bananes clones.

Chacun de ces spécimens est symptomatique de l’ère « post-naturelle » en pleine mutation dans laquelle nous vivons. Souvent sans même que nous les remarquions, ces spécimens se propagent de façon exponentielle et coexistent avec nous. Chacune de ces créatures hybrides incarne une forme de coévolution avec les technologies qui ont permis de construire le monde dans lequel nous évoluons.

Le Bestiaire de l'Anthropocène cherche à capturer ce moment précis où la biosphère et la technosphère fusionnent et se rejoignent en un nouveau corps composite. Que se passe-t-il lorsque les technologies et leurs conséquences involontaires sont si omniprésentes qu'il devient difficile de définir ce qui est « naturel » ou non ? Que signifie vivre dans un environnement hybride composé de matières organiques et synthétiques ? Quelles autres créatures peuplent le bestiaire de ce début de XXIe siècle ?

SYMBIOSIUM_Audioguide : DISNOVATION.ORG - A Bestiary of the Anthropocene

L’installation "CCA1 Brevet n°3” de Jérémy Gobé se compose de dessins et de maquettes qui illustrent une innovation de l'artiste consistant en un « béton » écologique inventé par lui-même. Ce nouveau béton est moulé à partir d’un icosaèdre - un solide possédant 20 faces et qui pour Platon symbolise la mer. Il est destiné à la reconstruction des récifs coralliens détruits sous l’impact de la pêche intensive et des usages du BTP. 

Les six dessins encadrés présentent des illustrations détaillées de l'invention de l'artiste tandis que des maquettes en impression 3D donnent à imaginer des configurations d’application de ce béton écologique pour la construction de récifs coralliens. 

Cette innovation s'inscrit dans le projet Corail Artefact de Jérémy Gobé, qui vise à sauver les barrières de corail à travers le monde en réunissant l'Art, la Science, l'Industrie et l'Education. Les démarches artistiques de Jérémy Gobé s’inspirent des possibilités d'une création artistique durable et écologique.

Cette innovation a été réalisée en partenariat avec l'entreprise Hoffman Green Ciment Technologies. Après un premier prototype de sculpture/structure en béton écologique immergée en 2019, Jérémy Gobé immergera un nouveau prototype à l'aquarium de Paris-Trocadéro en octobre 2023, qui sera filmé.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Jérémy Gobé - CCA1  Brevet N°3

La série "Proliférations”, issue de l'univers poétique et captivant de l'artiste Laura Sanchez Filomeno, nous invite à explorer une multitude de formes et de textures à travers une esthétique organique et vivante.

Inspirée par le milieu naturel où la vie se multiplie et se développe sans fin, les œuvres dévoilent l’émerveillement de l’artiste face à la biodiversité, qui prend souvent comme source d’inspiration les images de champignons lichénisés, qu’elle trouve au sol et sur les murs lors de ses promenades.

La série de broderie est réalisée en cheveux naturels et colorés sur soie, présentée à l’aide de loupes, sur des supports en inox créant un répertoire d’objets hybrides rappelant la prolifération d'organismes symbiotiques, semblant illustrer la complémentarité entre la nature et l’artefact. 

Chaque œuvre est unique, mais toutes partagent la même qualité immersive, elles sont toutes un écosystème en soi, un monde miniature où les formes s'enchevêtrent et se nourrissent les unes des autres. Des ramifications et des réseaux de filaments semblent s'étendre à l'infini, créant un tissage complexe et fascinant.

Les loupes permettent d'appréhender les œuvres d’une autre façon, et d’accentuer l’aspect à la fois précieux mais aussi fragile et infime des broderies en miniature. La perception passe d'une perspective à l'autre, d'une dimension à l'autre, un regard microscopique, qui va à la limite de l’invisible, et en même temps macroscopique évoquant une relation avec la cartographie, avec des éléments se propageant en profusion dans l’espace.

Avec cette série d’œuvres, l’artiste met en lumière l’incrustation de l’homme dans l’environnement grâce à l’utilisation des déchets corporels, tels que les cheveux.  Elle nous invite à contempler notre impact sur le milieu naturel et la destruction de notre écosystème.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Laura Sanchez Filoméno - Série Proliférations

L'installation "Les cavités inaperçues protègent, la pulpe caressante s'accroche au participant engourdi" de l'artiste Luca Vanello est le fruit d'une exploration de ce que pourraient être de nouvelles alliances entre l'homme, la matière et la nature et plus particulièrement sur le début de telles relations : la rencontre.

L'installation est composée de grandes plantes traitées par élimination de la chlorophylle ce qui interrompt ainsi leur cycle de croissance, créant un jardin en pause. En nous promenant à travers ce jardin suspendu, nous découvrons entre les végétaux des sculptures déformées, formes abstraites et hybrides qui se confondent avec l'espace par leur transparence.

Partant du postulat que la reconnaissance des conditions de vulnérabilité partagées pourrait être le point de départ de ces rencontres, l'installation suggère que celles-ci pourraient être curatives. En fait cachés et camouflés dans le jardin, toute une série de matériaux liés au potentiel de soin, tels que des empreintes 3D de prothèses animales, semblent devenir de minuscules organes végétaux. Ces formes organiques abstraites sont créées à partir d'un matériau normalement utilisé en robotique, nous confrontant ainsi à une nouvelle perspective sur les apports de la technologie.

Dans cette installation, Luca Vanello explore les enchevêtrements affectifs entre les cycles de notre existence et les cycles des matériaux qui nous entourent et nous composent. En effet, les transformations que subissent les matériaux dans cette œuvre abordent la logique technoscientifique qui contrôle les cycles de la nature. L'accélération d'un processus d'oxydation ou le retour d'un composant plastique à son état antérieur, à une forme reconnaissable, deviennent alors des processus sculpturaux.

Fonctionnant comme un écosystème, l'installation dépasse une vision centrée sur l'humain pour permettre de porter un regard fragmentaire sur la précarité de l'existence.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Luca Vanello - Les cavités inaperçues protègent, [...]

La sculpture "Zebola" est l'un des projets les plus récents de l'artiste Shivay La Multiple. Inspirée par son voyage de résidence dans le village Papaichton en Guyane française, le long du fleuve Maroni, qui sépare le Suriname de la Guyane, cette œuvre reflète la dimension spirituelle, politique, économique et sociale de ce fleuve pour les Bushinenge, ancêtres des Neg Marrons. Ces derniers ont utilisé la dissémination et la fuite comme acte de résistance avant de retourner sauver les leurs, tout en mettant en place un code esthétique, le Tembe.

De la Guyane, Shivay est ensuite partie pour le Congo effectuant ainsi un voyage à l'envers, depuis les déracinements du fleuve Maroni jusqu'au fleuve Congo, où se trouve une partie de ses propres racines. Pour l'artiste, l'entité fleuve est un pont qui mène à l'immensité des océans et au cœur de la forêt.

Pour créer "Zebola", Shivay La Multiple a commencé à accumuler des sacs de riz et de farine sur les marchés, attirée par leur esthétique, sans savoir ce qu'elle allait en faire. En les détissant, elle leur a donné une nouvelle matérialité, grâce à laquelle elle a pu retisser une nouvelle histoire et générer une nouvelle poétique. L'assemblage de ces matériaux a donné naissance à "Zebola", en référence à certains rituels opérés dans le Bas Congo, où les femmes habitées par certaines entités ne sont pas exorcisées, mais apprennent à vivre avec et grâce à des rituels. 

En combinant des éléments provenant de différents endroits et de multiples cultures, "Zebola" représente pour l’artiste une véritable exploration de l'importance de la nature, de l'histoire et de la culture.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Shivay La Multiple - Zebola

"Symbiosium", est une œuvre d’art expérientielle créée par le collectif Les Matribiotes, composé des artistes Luz Moreno Pinart & Charlotte Gautier van Tour. "Symbiosium" est un projet qui s’inscrit dans le champ de la création de liens, de mouvements et de collectifs, dans lequel chaque acte est conçu pour impliquer les cinq sens.

L’œuvre trouve son origine dans la rencontre avec soi-même en tant qu’holobionte, terme forgé par la micro biologiste Lynn Margulis – traduisant une entité peuplée de micro-organismes, archées, bactéries, virus, parasites, micro-champignons qui lui sont associés, et ce, de manière symbiotique. Cette notion est au cœur de l’œuvre, qui vise à explorer la relation entre l’individu et son environnement microbien.

Le Symbiosium est un espace-temps en cinq actes, conçu pour engager à la fois les convives et les micro-organismes qui les accompagnent, notamment au cours d’une activation performance réalisée par les artistes au cours de l’exposition.

La création textile, réalisée par Anaïs Heureaux, et la création sonore de Baptiste Dupin viennent compléter l’expérience sensorielle immersive.

Dans cette œuvre, il s’agit de penser le soi comme un nous, de transcender la frontière entre l’individu et son environnement, de s’immerger dans un univers où chaque être vivant est une partie intégrante d’un tout.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Les Matribiotes - Symbiosium

Artiste plasticienne et performeuse, Gwendoline Robin explore les matières élémentaires (feu, sable, eau, terre, glace, verre…) pour en orchestrer les métamorphoses et les musicalités sous forme d’installations et de performances.

La nouvelle création in situ "Sky Lines", paysage suspendu composé de tubes de verre reliés par des fils de fer, constitue une mémoire et artefact de la performance activée qui a pris place lors du vernissage de SYMBIOSIUM_COSMOGONIES SPÉCULATIVES.

Outre le sentiment d'urgence, la nécessité de basculement, l'explosion, la transition de phase, l’installation laisse présager une sensation de menace et d'espérance.

Le passage de la Terre dans l'orbite d'une comète et ses pluies de météores, les orages et ses éclairs, ces gerbes éphémères de lumière et les grondements sourds, inspirent sa création.

Dans le travail de Gwendoline Robin, tout est matière à manipulation, changement d’état, transformation, liés aux gestes et au temps. À travers la scénographie, se révèle une relation entre la terre, le ciel et l’univers.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Gwendolien Robin - Sky Lines

L’installation "Grotto Table" de l’artiste ALEXIS DECONINCK propose une expérience qui nous incite à explorer les frontières entre le minéral et le vivant, ainsi qu’à questionner les légendes qui imprègnent notre inconscient collectif.
 
Constituée de matériaux bruts et éternels, tels que le béton et l'acier, la Grotto Table évoque les vestiges d'une civilisation perdue. Est-ce les ruines d'Atlantide ou une agape partagée par des divinités marines ? Cette question stimule notre imaginaire collectif en évoquant les mythes et les légendes qui nourrissent nos croyances.
 
À présent vide, la table est devenue un terrain d'accueil pour des bougies organiques qui rappellent des concrétions de moules et de coraux et évoquent des organismes primitifs qui gravitent, naissent et meurent. Ces créatures flottantes enrichissent une atmosphère poétique et intrigante qui exploite la beauté brute et instinctive des éléments et paysages naturels. Nous pouvons contempler les recoins d'un environnement cavernesque, où l'imaginaire et le réel se confondent et où la découverte se cache souvent dans les détails les plus fins.
 
La Grotto Table nous rappelle l'importance des vestiges dans la création artistique. En exploitant les restes d'un banquet sous-marin alien, l'artiste confronte un monde mystérieusement passé à une prise de conscience de nos connaissances actuelles et encourage les souvenirs et la créativité à coloniser cet espace "autre" pour nous immerger dans une esthétique envoûtante.

En contemplant la Grotto Table, nous pouvons nous imaginer plonger dans un espace mystique, un lieu sacré d’introspection et de réflexion où l’éternel s’allie enfin au monde du vivant et où l'art transcende les limites du visible.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Alexis Deconinck - Grotto Table

Cette installation présente deux photographies en diptyque sur un mur construit spécialement in-situ pour le temps de cette exposition.
La première photographie est celle d'une maquette de maison en pleine combustion. Il s'agit en réalité du décor d'une pièce de théâtre que Justine Bougerol, également scénographe, a décidé de détruire. Elle a ainsi immortalisé la destruction de cet outil de travail, à travers la photographie, nouveau médium qu'elle a souhaité explorer. 

Au côté de cette demeure en bois éventrée par le feu, est mise en dialogue une seconde photographie, évoquant l'espace matriciel de la maison. Il s'agit d'une grotte dont la cavité offre à notre regard l'accès à un renfoncement suggérant un lieu à pénétrer. 

À gauche de ce diptyque, une arche se dessine, telle un passage initiatique qui invite à passer de l'autre côté. En franchissant le mur, l'ossature artificielle est révélée, laissant apparaître l'envers du décor et interrogeant l'aspect fictionnel du récit amorcé par les photographies.

Justine Bougerol raconte à travers ses installations, pensées de manière in situ, des histoires d'espaces et de souvenirs, autour du leitmotiv de la maison natale, dans laquelle le vécu se confronte à l'inconscient, le rêve se mêle à la réalité, et l'invisible au visible. Les paysages intérieurs et oniriques qu'elle crée évoquent la mémoire comme thématique récurrente. La nostalgie y cohabite avec l'absurdité et l'étrangeté, propres aux lieux de nos souvenirs transformés par la subjectivité de chacun. La matière, telle que l'eau, la terre, le feu ou la végétation, joue un rôle majeur dans l'élaboration de ces espaces, donnant de la substance à la contemplation du spectateur.

Les frontières entre espace intérieur et extérieur, espace vide et espace plein, espace clos et espace ouvert sur le monde, sont toujours très fines afin de laisser notre imagination s'évader vers un ailleurs fantasmé. L'artiste s'intéresse ici aux potentialités poétiques du seuil. Notre regard franchit autant de seuils, se détachant de l'ici et maintenant pour basculer dans un là-bas inatteignable, et dont chacun éprouve une nostalgie spatiale.

Justine Bougerol, artiste plurielle, nous invite avec cette installation à la contemplation d'un univers multiple, dans lequel les souvenirs, la réalité et l'imaginaire se mêlent pour créer un paysage intérieur troublant et énigmatique.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Justine Bougerol - Passage

L’œuvre "The Conference of the Palm Trees" est une nouvelle création in situ de l'artiste Mehdi-Georges Lalhou. Cette installation se compose d'une impression unique sur film transparent et d'une structure métallique qui permet de présenter l'œuvre murale en transparence.

L'artiste a créé cette œuvre en laboratoire en utilisant des techniques de microscopie pour examiner les palmiers situés sur la promenade de la Croisette à Cannes mis en dialogue avec des scans de palmiers morts. En examinant ces images, l'artiste a pu créer une composition originale qui explore les thèmes du paradis, de la carte postale, de l'étude d'ADN, des déplacements, des risques climatiques, de la généalogie et du voyage.

Lorsque nous observons cette œuvre, nous pouvons voir des cellules et des réminiscences de palmiers morts qui se cachent dans la profondeur de l'impression. Cette composition unique crée une ambiance mystérieuse qui invite le spectateur à explorer les thèmes de la vie et de la mort dans la nature.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Mehdi - Georges Lahlou - The Conference of the Palm Trees

L'œuvre " Post-Planetary", est une création de l'artiste Angelo Vermeulen, de l'ingénieur Fred Sena et du collectif d'artistes SEADS.
Cette vidéo en noir et blanc, d'une durée de 7 minutes et 10 secondes, explore une vision fascinante d'un avenir posthumain et décentralisé de la civilisation.

" Post-Planetary", est une enquête sur l'avenir de l'humanité, qui s'est étendue dans l'espace et qui habite différentes configurations architecturales et écologiques. Dans ce futur potentiel, les êtres humains coexistent avec une variété d'entités non-humaines ayant échappé à l'atmosphère terrestre. Les artistes ont créé une vision remarquablement détaillée de ce futur possible, en utilisant des éléments de la science-fiction et des savoirs sur l'écologie pour créer une expérience immersive, réaliste et documentée.

Dans un deuxième temps, il devient évident que ce monde n’est résolument pas fermé et est lui aussi soumis à un changement constant.  La question de la coexistence ne peut donc jamais être résolue de manière définitive.

La dramaturgie de la vidéo nous transporte dans un monde éloigné de notre réalité, permettant ainsi une immersion totale dans cet avenir lointain. En explorant des thèmes tels que la décentralisation, la coexistence et le changement permanent, l’œuvre" Post-Planetary" se présente alors comme une méditation sur la complexité de l'existence humaine et nous invite à envisager notre adaptabilité.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Angelo Vermeulen et Fred Sena (SEADS) - Post - Planetary

L’œuvre vidéo " Tousteszincs" de Marie-Sarah Adenis est un cri de ralliement pour tous les êtres vivants qui, en chœur, s'exclament "toutes et tous cousins !". L'artiste célèbre ici l'universalisme qui lie tous les êtres vivants en utilisant le terme inclusif "toustes" et le mot "zincs" qui signifie cousins en verlan. Ces deux termes deviennent une formule magique incantatoire qui souligne l'appartenance de tous les êtres à une même grande tribu, qu'ils soient humains, nénuphars, pélicans ou bactéries.

Le film " Tousteszincs" offre un portrait de famille en faisant défiler des représentants de chacune des grandes familles d'espèces qui se succèdent et se mêlent. Les superpositions des images permettent de voir les similitudes qui témoignent de l'origine commune et de la parenté de tous les êtres, mais aussi les différences vertigineuses qui témoignent des possibilités infinies que la molécule d'ADN prodigue. Le film explore les réseaux phylogénétiques revisitant sans cesse les formes du vivant, traçant à l’aveugle les lignées et les bifurcations qui dessinent nos généalogies enfouies dans nos cellules.

On y découvre que l’immense majorité des vivants ne nous est guère familière, avec ses formes globulaires et serpentines. Pour comprendre notre passé lointain depuis lequel nous avons divergé, il faut dévisager ces cousins, parfois de manière radicale. Le film cherche à produire une systématique, une pensée réflexe qui agirait au quotidien, faisant surgir nos ancêtres communs dès lors que nous entendons un oiseau chanter, mettons des fleurs dans un vase ou voyons une mouche se poser sur le rebord de notre assiette.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Marie-Sarah Adenis - Tousteszincs

Quelques mots sur le féroce mais petit vélociraptor !

Le Vélociraptor

L’ensemble de trois impressions à encre injectée « Comsos doesn’t care » de l’artiste Fabien Léaustic, dont le titre traduit de l’anglais par l’univers ne prend pas soin, ou encore l’univers s’en moque, interpellent sur les rapports qu'entretient l’espèce humaine à son environnement. 

Cette pensée de la dissociation, héritée de la modernité, laisse entendre qu’il y aurait les humains d’une part, et l’univers d’autre part. Cela se traduit dans l'œuvre par la superposition d’une projection d’un atlas issue de l’esthétique scientifique, sur les feuilles d’un arbre, qui ont attirées l’attention de l’artiste lors d’une résidence au Mexique en 2018. 

L'évidente analogie avec des constellations qui apparaît à la vue de leurs dessins panachés, est le signe d’une complexité commune à l’ensemble des éléments qui forment le cosmos. Ces assemblages de feuilles éparses, réunies sur un même plan, dessinent de nouveaux territoires cosmiques, dont l’artiste cartographie les contours. Chacune de ces feuilles est une illustration supplémentaire du principe hologrammatique développé par le philosophe Edgar Morin : “dans un système, dans un monde complexe, non seulement une partie se trouve dans le tout, mais le tout se trouve dans la partie [...]. Nous sommes, en quelque sorte, non pas, à la façon ancienne, microcosmes du macrocosme, miroirs du cosmos; c'est dans notre singularité que nous portons la totalité de l'univers en nous”. 

L'œuvre, par son titre, prolonge le slogan zadiste lors de l’occupation de Notre-Dame-des-Landes, devenue aujourd’hui le mot d’ordre des activistes écologistes : “ Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend ”. Il devient ici un écho, un constat, une alerte, nous sommes le cosmos qui s’en fout, et une invitation à questionner notre ontologie naturaliste : nous sommes le cosmos qui ne prend pas soin.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Fabien Léaustic - Cosmos doesn't care

Le Collège de l'Immaculée Conception de Calatrava, plus connu sous le nom de Collège de Calatrava, est une institution historique d'une grande importance à Salamanque, en Espagne. Étant le seul collège fondé par les ordres militaires dans la ville, son bâtiment constitue un témoignage architectural et culturel important.

Histoire :
Le collège a été institué en 1552 par l'empereur Charles Quint et par la suite incorporé à l'Université de Salamanque en 1554. Cependant, la construction de l'édifice actuel n'a commencé qu'en 1717, sous la direction de l'architecte Joaquín de Churriguera, qui a travaillé sur le projet jusqu'à sa mort en 1724. Les travaux ont repris en 1750, cette fois sous la direction de Jerónimo García de Quiñones. Pendant cette période, il y a eu une transition stylistique vers le néoclassicisme, ce qui a conduit à l'élimination de certains des ornements baroques originaux du design.

Architecture :
La façade du Collège de Calatrava est remarquable pour son design architectural mélangeant des éléments de la Renaissance et du baroque. Elle se caractérise par deux corps articulés par des pilastres d'ordre géant et couronnés par une balustrade. Les détails décoratifs d'inspiration Renaissance se combinent avec des éléments baroques, en particulier autour du portail principal et dans les moulures des fenêtres.

Utilisation Actuelle :
Aujourd'hui, le bâtiment du Collège de Calatrava abrite la Maison de l'Église, une institution qui accueille divers services du Diocèse de Salamanque. Cette réutilisation de l'espace garantit que le bâtiment continue de faire partie intégrante de la vie culturelle et religieuse de la ville.

Importance Culturelle :
Le Collège de Calatrava n'est pas seulement un exemple remarquable de l'architecture historique de Salamanque, mais aussi un symbole de l'évolution éducative et religieuse de la ville. Son histoire reflète les changements dans les styles architecturaux et les préférences esthétiques au fil des siècles, ainsi que l'interaction entre les ordres militaires, l'université et l'église dans l'histoire de Salamanque.

En résumé, le Collège de Calatrava est un monument historique significatif à Salamanque, représentant non seulement un héritage architectural, mais aussi une partie importante de la riche tradition éducative et culturelle de la ville.

Le Collège De L'Immaculée Conception De Calatrava 🎧 Guide audio de Salamanque

RADIO FRACTACLE - implémentée en cyberespace en 2021 - agrège des séries portées par les programmateur.trice.s du Centre et donne à pénétrer plus encore dans les univers artistiques déployés en Saison. RADIO FRACTALE constitue également un territoire de valorisation de podcasts natifs. 

La programmation du Centre -vise résolument à approcher chacun des univers artistiques comme une figure fractale complexe, abstraite, qui constitue en soi une modélisation subjective et singulière. 

Approchée comme des systèmes complexes et résolument non prédictibles, les univers artistiques présentés au Centre sont dévoilés par ce qui se joue et se noue dans les pratiques de création. 

Ce sont ces univers situées et visions parallaxes que la RADIO FRACTACLE vous invite à découvrir!

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