Kimi No Me

Enregistrement en concert le 5 avril 2024 lors du Festival Moissons de l'Ensemble ATMUSICA 
9 haïkus d'enfants de Mirtru ESCALONA MIJARES
pour flûte, clarinette, violon, violoncelle, piano
Les pièces 1-2 ; 4-5; 7-8-9 sont enchaînées
Interprètes:
Véronique Albini, flûte
François-Xavier Bouton, clarinette
Catherine Jacquet, violon
Isabelle Veyrier, violoncelle
Antoine Ouvrard, piano
Rémi Durupt, direction

9 Haikus Mirtru ESCALONA-MIJARES 05/04/2024

I. 歌  (chanson) II. 村 (village) III. 夜 (nuit) IV. 蝉 (Cigales)

 A mon grand-père chinois: 
	Sans doute que nos esprits se sont croisés quand la vie a quitté ton corps au bout de cent-deux ans. Le mien errait dans les rêves alors que le tien s’envolait vers l’au-delà. En notre brève rencontre entre sommeil et réveil, entre vie et mort, tu m’as légué les sons de ton enfance dans les montagnes du Guizhou: les chants des peuples Miao et Yi qui te cotoyaient dans ton village durant les années 1920, les fêtes du nouvel an chinois et leurs percussions de folie, le bruit de l’eau, du vent dans le feuilles de bambous, des cigales assourdissantes pendant l’été, et les coups de feu des brigands qui ont tué ton père quand tu avais quatre ans. Durant ta vie tu ne m’as que rarement parlé de ton enfance, et encore moins de son environnement sonore. A Beijing où nous vivions ensemble, je n’ai pas trouvé la moindre trace de ces sonorités dans la grisaille urbaine ponctuée de signaux sonores. Il a fallu que je quitte la Chine et que tu meurs pour que je me mette réellement à chercher les sons perdus de ton enfance. En retournant en Chine, je suis allé au Guizhou, ta province natale, anciennement royaume de Yelang, et j’ai poursuivi ma recherche. Je ne les ai pas trouvés dans ton village natal, désormais ville de 300 000 habitants traversée d’autoroutes et de tunnels; encore moins dans les rues bondées de Guiyang constamment en travaux. Qu’ils ont été durs à trouver les endroits loin des moteurs, des appareils électroniques, des sonneries de téléphones! Mais dans les forêts de bambou à Chishui j’ai trouvé ce que je cherchais. Je suis resté une semaine seul dans la petite auberge, je marchais dans les montagnes la journée et j'enregistrais des paysages sonores pendant mes pauses, ne rentrant qu’au soir, épuisé. Les cigales chantaient sans jamais s’arrêter, et pendant mes insomnies j’écoutais encore la musique de la montagne, la musique qui a bercé ton enfance. A Chishui, je me suis senti en paix. A défaut de t’avoir convenablement dit adieu, j’ai retrouvé le son de ton existence passée.
Direction: Émile Guion, Violon: Lucile Junalik, Hautbois: Nolan Daubourg, Violoncelle: Louise Rémy, Clarinette Basse: Daniela Villegas, Percussions: Zacharias Brugnieaux

夜郎奇幻 (Rêve de Yelang)

Première composition pour un orchestre à cordes aux inspirations post-romantiques. N'hésitez pas à dire ce que vous en pensez !

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