Audioguides dévoilant un parcours d’exposition suggéré et explicitant les propos de l’exposition ainsi que les différentes démarches artistiques présentées.

SYMBIOSIUM #Cosmogonies Spéculatives_Audio guide

Bienvenue à l'exposition collective SYMBIOSIUM_COSMOGONIES SPÉCULATIVES.

À l’occasion du projet SYMBIOSIUM, l'artiste Yoel Pytowski a conçu une installation in situ, composée de cloisons autoportantes réalisées à partir de matériaux issus d'installations précédentes. Notre perception de l’espace d’accueil de la Fondation Fiminco est alors altérée. 

L'œuvre de Yoel Pytowski est caractérisée par une réflexion sur l'identité, la mobilité et la transformation des lieux. Ayant grandi dans plusieurs pays et ne se sentant pas attaché à un lieu en particulier, l'artiste interroge la notion de lieu comme élément narratif central. Pour cela, il utilise l'installation in-situ pour créer des événements de construction, de destruction et de reconstruction passés ou futurs, qui sont en confrontation avec l'architecture qui les accueille. Cette confrontation produit une situation ambiguë où il est difficile de discerner le statut de l'installation : fait-elle déjà partie du lieu où s'agit-il d'une sorte de "seconde peau" ? Est-elle en cours de construction ou de déconstruction ?

Dans “Accueil”, en portant une attention particulière au meuble du bureau d'accueil, afin d’accueillir une nouvelle structure temporaire, l’artiste crée une situation symbiotique entre l'œuvre et le lieu d'exposition, son usage et sa fonction première afin de stimuler des échanges inédits, d'impulser des réseaux, des liens, des relations et des interdépendances qui fondent la vie communautaire.

Yoel Pytowski développe une notion complexe et critique de la consommation, en utilisant des matériaux issus d’installations précédentes, rendant ainsi son œuvre presque “organique”, se métamorphosant d’un espace à un autre, se repositionnant constamment. 

Ce processus est similaire à celui des bâtiments que nous traversons durant notre vie, qui ne sont que des re-positionnements et des réagencements de matériaux venus d'ailleurs, et qui un jour seront ré-agencés à nouveau autre part.

L’artiste nous invite grâce à ce dispositif à questionner notre rapport aux lieux que nous habitons et nous traversons en exposant les dualismes entre nature et culture, pensée rationnelle et imaginaire, espace public et espace intime, dedans et dehors.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Yoel Pytowski - Accueil

L'installation "MycoStèle II" de l'artiste Côme Di Meglio est une création monumentale et innovante, utilisant le mycélium, substance filamenteuse qui joue un rôle essentiel dans le commencement de la Vie. 

Cette imposante sculpture de deux mètres cinquante de haut est une véritable invitation à l'immersion sensorielle, sa taille nous donnant la sensation d’être réduit à une échelle microscopique. Devant la richesse de ces textures et détails, on entre dans l’univers de cet organisme qui façonne la Terre depuis plusieurs milliards d’années. 

En parcourant cette surface du regard, les innombrables filaments de cet être vivant nous plongent dans l’origine du monde, du cosmos, et toutes ses transformations. Invisible à nos yeux, le mycélium transforme tous les matériaux morts en sol fertile. Par symbiose, il relie les arbres dans un vaste réseau d’entraide et d’interdépendance. Grâce à ses ramifications, les végétaux échangent des informations. Sur plusieurs kilomètres, le mycélium tisse sous terre un système nerveux inter espèces, une forme de conscience collective.  

Côme Di Meglio invoque la forme d’une stèle, monument monolithe traditionnellement porteur d’inscriptions commémoratives, afin de contempler les paysages telluriques formés par l'agencement minutieux et complexe des filaments de mycélium chargés au fil du temps de toutes les émotions, les rêves, les liens vécus par les êtres vivants qui le composent.

"MycoStèle II" explore les notions d'entraide et d'interdépendance entre les organismes, soulignant l'importance de la symbiose pour la survie de l'ensemble de l'écosystème.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Côme Di Meglio - MycoStèle

L'œuvre "Sous-tendre" d'Elise Peroi est une installation composée de 8 tentures suspendues. Inspirée par les lianes qui s'entrelacent à l’instar d’un lacis souterrain de racines et de mycélium, l'artiste a créé une installation poétique qui explore la fluidité de l'espace. 

Pour cette œuvre, Elise Peroi a choisi le tissage et le vide comme techniques d'expression, cherchant à traduire une vision englobante du monde, où tout ce qui nous entoure "n'est plus affaire de vue, mais du vivre" et où les êtres vivants dessinent dans l’atmosphère environnante une toile mouvante et métamorphe.

Les lianes, tel un dédale aérien, se déplacent librement dans toutes les directions, créant des connexions organiques entre le ciel et la terre, évoquant une architecture en réseau presque rhizomique.

En contemplant chaque pièce de tissage avec attention, nous pourrons y découvrir les subtiles variations de tons, de textures et d'entrelacs. Les miniatures présentées sur les peintures tissées illustrent différents états de connexion des lianes, dans une palette de tons dilués d'ocre jaune, remémorant la texture des murs en mycélium, aux capacités poreuses. Le textile évoque ainsi l'architecture nomade aux murs amovibles avec qui il partage une étymologie commune, la racine indo-européenne teks-, qui signifie à la fois : tisser, fabriquer, et construire.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Elise Péroi - Sous-Tendre

L’installation "Peau commune” de Charlotte Gautier van Tour est une œuvre immersive qui célèbre la relation symbiotique entre l'art et la nature.

Des membranes organiques prolifèrent le long de l’architecture grimpant en spiralant vers le ciel comme magnétisées par un astre et dessinant une topographie fluide. Elles prennent racine au sol, dans un bouillon cosmogonique contenu dans un creuset ouvert qui évoque les origines de la vie. Cette eau gélifiée, contenant un mélange d'agar agar et de cyanobactéries ou spiruline, crée un environnement propice à la prolifération des micro-organismes, qui colonisent progressivement la surface de l'installation en changeant son aspect. 
Ces micro-algues prolifèrent depuis plus de 2,4 milliards d’années et ont contribué à la formation de la couche d’ozone nécessaire à l’apparition des premières formes de vie.
Cette rivière primitive servira à accueillir d’autres bactéries contenues dans l’air ambiant et qui trouveront ainsi leur place dans cette symbiose. En entamant leur cycle de reproduction, les bactéries et micro-organismes participent à la coloration des membranes grâce à la pigmentation de leurs spores, jusqu’à ce que toute l’eau se soit évaporée, laissant derrière elle une mue serpentine.

"Peau commune” est une installation évolutive, qui s'inscrit dans une logique de perpétuelle transformation et d'adaptation à son environnement. Cette peau organique, riche en textures et en reliefs, est le fruit d'une contamination constante entre les différents éléments qui la composent, témoin de l’origine de la Vie sur Terre.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Charlotte Gautier Van Tour - Peau Commune

"Osmos " est une œuvre sculpturale interactive de Charlotte Gautier van Tour créée avec la collaboration du designer sonore Jimmy Boury.

A travers cette installation, nous sommes encouragés à entrer en contact direct avec l’eau, élément matriciel lieu d’origine commun à tous les êtres vivants et lieu de vie des êtres océaniques.

Le bassin d’eau, élément central de l’installation et constitué à partir de matières naturelles, biodégradables ou recyclées, permet un contact tactile avec cette substance élémentaire. Nous sommes invités pour activer l'œuvre à placer sa main dans l’eau. Des capteurs placés en dessous de la surface prennent parti de l’eau contenu dans notre corps pour établir une connexion électrique et ainsi déclencher une musique comportant des sonorités inouïes. 

La musique réalisée par la compositrice Ilia Osokin emploie les voix d’êtres aquatiques captées par des éco-acousticiens de l’Institut Chorus Acoustics qui étudient la biodiversité marine. L'enceinte vibratoire de l'installation ajoute une dimension sensorielle supplémentaire à cette expérience, créant une véritable immersion dans l'univers marin. 

"Osmos" est ainsi un portail vers une réflexion sur notre connexion intime avec les océans et la biodiversité marine, une invitation à ressentir avec tous nos sens la présence de l'eau, lieu originel de la vie, rappelant le liquide amniotique dans lequel nous avons baigné et entendu pour la première fois.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Charlotte Gautier Van Tour & Jimmy Boury - Osmos

Cette installation artistique totémique a été conçue à partir de 1999 et terminée en 2002. Le titre de l'œuvre est inspiré d'un graffito que l’artiste a découvert sur la chaussée d'une rue de Colombo, lors de sa résidence "Art Link" en 2000. Époque empreinte d’instabilité où le Sri Lanka a connu une guerre fratricide entre les communautés tamoul et bouddhiste. 

Les objets laïques et religieux d'Europe et d'Asie qui composent l'œuvre sont des éléments "ready-made" que Skall emploie dans une démarche appropriationniste assumée. Cette appropriation des cultures universelles reflète les expériences personnelles de l'artiste et sa critique des violences politiques et religieuses de nos sociétés, dénonçant l'agressivité des hommes en réponse aux messages pacifiques des dieux d’une majorité de religions.

Le titre "Save the Sanctity of Life" exprime le désir de l'artiste de sacraliser la vie malgré les violences et les conflits qui régissent notre monde contemporain. L’artiste utilise des objets de différentes cultures pour évoquer la création d’un dialogue universel d'humanité et de paix. 

Mystiques, sacrées, spirituelles, surréalistes voire outrancières de ce totem multiculturaliste, combinaison irrationnelle et onirique se nourrissant d’un imaginaire d’ici et d’ailleurs , qui nous permettent de réinventer de nouvelles figures iconographiques questionnant, par le prisme de l’art,  les enjeux les plus urgents de notre temps.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Skall - Save the Sanctity of Life

La série “L’Être est un arbre par la racine des yeux” a été réalisée pour l’exposition Dérives Botaniques, en 1998. L’exposition présentait une histoire de l’intervention du végétal dans l’art, la mythologie et l’histoire de l’art, avec en regard 15 exemples de « dérives botaniques ».

Habituellement, les préoccupations de Claude Panier gravitent autour de la corporalité et du sexuel, instinctivement éloignées du monde végétal. Pourtant, ce dernier à travers la fleur est celui dont la sexualité est le plus visible. Mais l’artiste laisse ici de côté la prégnance des formes sexuelles pour s’amuser à construire une typologie naturaliste, d’un être qui pourrait aussi bien être un organe ou une fleur.

Les sept dessins proposés à l’exposition se présentent comme des planches botaniques dont les annotations sont un brin fantaisistes. Il y témoigne avec malice de ce qu’a d’arbitraire la classification du vivant. 

Fidèle à ses jeux de transparence, Claude Panier mêle calque, pigment rouge, or et crayon, et propose sept planches dont l’abstraction est démentie par des légendes fléchées. L’artiste propose alors une variation linnéenne, qui paradoxalement ne permet jamais vraiment de reconnaître ce qu’il dépeint. 

La série d'œuvres de Claude Panier "L'Être est un arbre par la racine des yeux" nous propose de découvrir une vision poétique, joyeuse et imaginative de la nature et de ses multiples formes.

https://claude-panier.webflow.io/series/letre-est-un-abre-par-la-racine-des-yeux

SYMBIOSIUM_Audioguide : Claude Panier - L'être est en arbre

Avec "Somatic Communism", Ève Gabriel Chabanon emprunte à Paul B. Preciado un terme qui présente les individus comme définis collectivement dans des catégories qui leur échappent, notamment celles de l'oppression sexuelle et des genres. Face aux catégorisations coercitives, Preciado oppose dans ses réflexions des gestes cartoonesques : dessiner une porte sur le mur pour la franchir, comme on tracerait une ligne de fuite.

Sans prétendre échapper à une individuation qui en passe par le rapport au collectif, "Somatic Communism" nous parle d’un corps en devenir, en attente d’un nouveau cadre. Ce corps collectif, Ève Gabriel Chabanon le cultive au travers de ballots de mycélium. Des corps sans limites prédéterminées ou bien des limites en constantes négociations se répandant en tissus vivants abrités par une vitrine elle-même sur le point de s’animer. Un corps se nourrissant d’un substrat de coton, composé de vêtements quotidiens, mis en commun par les habitants de la communauté bruxelloise à laquelle l’artiste appartient. 

Dans " Somatic Communism ", les corps n'existent que par la présence d'autres corps dans un processus constant de réappropriation, comme le présuppose la philosophe italienne Chiara Bottici. Un processus d’individuation collective qui implique plusieurs éléments — le niveau “inter”, les champignons et mycéliums — le “supra”, la vitrine et ses contraintes — mais aussi l’infra-individuel, les nutriments qui ne sont pas absorbés par le mycélium mais au sein duquel ce dernier s’établit en le transformant.

Au travers de ce dispositif d’observation du champignon, Ève Gabriel Chabanon se refait son histoire intime. Iel utilise le diorama comme un miroir lui permettant de se refléter dans l’observation et la recherche d’un langage qui manque pour décrire les phénomènes relatifs à l’évolution du corps champignon autant qu’aux déplacements de son propre corps et désirs au travers des spectres d’identités de genre.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Ève Gabriel Chabanon - Somatic Communism

L’installation "Coupole" de Juliette Minchin est construite en utilisant des matériaux qui sont chargés de symbolisme et de significations universelles. Coupole apparaît comme une architecture sacrée, un sanctuaire imaginaire. L'œuvre s’inspire des traditions qui célèbrent le passage du temps au moyen de la cire.

La cire, plastique et fragile, est associée à des symboles allant de la mort à la renaissance, ainsi qu'à la divination et à la sorcellerie. La cire, en transformant son état de liquide à solide, grâce aux quatre éléments, acquiert une dimension alchimique qui répond à la manière de travailler de l'artiste. En référence aux bandelettes de laine qui protégeaient l’Omphalos dans l’Antiquité grecque, symbole représentant le centre du Monde, Juliette Minchin enveloppe partiellement la structure de grands lambeaux de cire encore chauds et malléables. La cire, depuis toujours associée au visage et au corps humain, prend ici la forme d’un vêtement architectural.
La structure métallique donne le mouvement et la volumétrie aux drapés de cire, comme une ossature qui soutient la peau. La « peau»  reprend alors le sens de sa définition dans l’architecture où elle désigne la surface nue du bâti, la façade. L’artiste manipule ainsi les modèles architecturaux comme elle rassemble les rites qui l’inspirent. Le croisement de cultures est une façon de redonner de la modernité à un décor ancien, à des rites disparus tout en offrant un visage nouveau à l’architecture où plusieurs formes archétypales se rencontrent librement.
Coupole est une œuvre qui s'inscrit dans la tradition de l'abstraction lyrique. Elle emprunte son imaginaire à l’architecture des mausolées, monuments commémoratifs dans différentes cultures. La forme arrondie de la pièce rappelle une coupole de cathédrale, pièce qui évoque l'idée de la transcendance et de l'élévation spirituelle.
Les œuvres monumentales de l’artiste sont généralement détruites, recyclées et rejoignent la matrice qui contient ainsi le champ des possibles, celui des œuvres à venir. Ici, les drapés retourneront au « néant » en attendant de prendre corps pour un autre projet.

9.SYMBIOSIUM_Audioguide : Juliette Minchin - Coupole

L’installation “Microbial Ancestors” de l'artiste Annemarie Maes est composée d'une tapisserie originale, de deux aquariums avec des organismes symbiotiques vivants et d'une vidéo intitulée “Theatrum Algaerium".

La tapisserie, pièce centrale de l'installation, constitue un rendu topographique tissé, permettant de visualiser la culture d’organismes symbiotiques. Elle mesure plus de 2 mètres et a été tissée en 7 couches sur une machine à tisser Dornier Jacquard contrôlée par ordinateur. Elle est composée de fibres naturelles telles que le lin et le coton bio, ainsi que des fibres synthétiques telles que le polyester et l'elirex. 

Cette peau microbienne originale est la traduction de la collaboration entre des bactéries Acetobacter xylinum et les cellules de levure Saccharomyces cerevisiae colonisant le même environnement : un mélange organique d’ortie fraîche, de thé vert, de sucre et de vinaigre. 

Les deux aquariums contiennent des organismes symbiotiques vivants, qui ajoutent une dimension biologique à l'installation. En observant les formes organiques étranges et intrigantes de ces sculptures vivantes, nous sommes transportés dans un monde inconnu et fascinant. Les couleurs et les textures rappellent les formes de vie primitives et originelles qui ont existé il y a des milliards d'années. Ces formes nous évoquent également la complexité de notre propre système biologique : écosystème singulier, peuplé de milliards de micro-organismes qui nous permettent de survivre.

La vidéo "Theatrum Algaerium" créée en 2021, est une captation d’une performance artistique réalisée en bord de mer. Le rituel commence tôt le matin au cinquième jour du mois de récolte d'août. Des cadres métalliques émergent de la mer, soutenant des herbes flottantes et des bocaux remplis d'algues et d'eau de mer, tandis qu'une équipe d'artistes prépare et propose des délices de la mer. Les vagues menacent d'engloutir le laboratoire, mais dans une action répétitive, les structures, les algues et les bocaux sont transportés au-delà de la ligne de crue témoignant de la relation complexe et dynamique entre l'humanité et l’environnement. Ces éléments créent des "récits tissés à partir des fils du passé, du présent et de l'avenir", qui subliment la fragilité de la nature et la manière dont nous interagissons avec elle.

Annemarie Maes est une artiste qui explore la frontière entre la nature, l'art et la science. Elle utilise des méthodes scientifiques et biotechnologiques pour explorer les systèmes vivants et les écosystèmes en tant que sujets artistiques, créés avec des médias biologiques, numériques et traditionnels. Les caractéristiques physiques et esthétiques des matériaux qu'elle utilise déterminent largement la forme de ses sculptures, objets ou œuvres textiles. 

Dans "Microbial Ancestors", elle se concentre sur le pouvoir transformateur des bactéries, mettant en valeur les processus naturels de collaboration et de symbiose.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Annemarie Maes - Microbial Ancestors

L’installation, “Voices of Tiny Gods”  de l'artiste Antoine Bertin nous invite à faire l’expérience d’une forme d’intelligence océanique et végétale, à travers une structure en forme de lattice, constituée d'écailles de phytoplancton minutieusement assemblées. Les coccolithophores, nano-algues unicellulaires, y sont magnifiés, révélant leur complexité structurelle - un assemblage géométrique d’écailles en calcite - et leur rôle essentiel dans notre écosystème.

Ces êtres microscopiques ont en effet une importance cruciale dans la production d'oxygène terrestre, en produisant 60% de nos besoins lors d'événements océaniques spectaculaires appelés effloraisons. Pendant ces événements, les reflets du soleil sur leurs écailles créent un spectacle d'une beauté insoupçonnée, visible jusque depuis l’espace.

Source intarissable de questionnements, le phytoplancton échange des molécules sémiochimiques appelées métabolites pour communiquer au travers d’une poésie flottante que les scientifiques commencent seulement à déchiffrer. Ce sont les concentrations de ces mots chimiques qui orchestrent la composition sonore de “Voices of Tiny Gods” . Cette installation nous permet d'écouter l'évolution des conversations du phytoplancton, recueillies lors d'une effloraison dans l'océan Atlantique-Sud en décembre 2021.

Les coccolithophores, omniprésents dans l'histoire de la Terre et précédent de millions d’années l’arrivée des humains, ont peut-être échangé sur la manière dont la lumière se reflète sur leurs écailles à travers la surface de l'océan ou sur la manière dont les humains tentent de les entendre. Que pourrions-nous leur raconter, si nous pouvions un jour nous confier à eux ?

Lorsqu'ils meurent, les coccolithophores forment par l’accumulation de leurs squelettes des paysages de craie, matériau précieux et symbolique utilisé depuis des siècles dans la création artistique et dans l’édification religieuse.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Antoine Bertin - Voices of Tiny Gods

L’œuvre Négociation 115 - Anthropie et part sauvage de l’artiste Caroline Le Méhauté met en perspective deux terres, la première issue de la forêt de Sénart au sud-est de Paris, la seconde issue d’un jardin au cœur de la ville de Brunoy, à trois kilomètres de cette forêt.

  Lors de la mise en œuvre de cette pièce, les deux qualités de terres commencent déjà à se dessiner ; la première issue de la forêt est riche en nutriments et en mycorhizes. Elle est malléable et contient des larves, un système racinaire ainsi que des bulbes ; la seconde est friable, caillouteuse et grisâtre. Elle ne contient pas de réseau racinaire, et très peu de vivants malgré deux lombrics dont l’artiste a tenu à préserver l’habitat dans terre de ville. 

Cette pièce est le lieu d’une expérimentation qui durera le temps de l’exposition. Régulièrement arrosée, chaque terre évoluera en fonction de sa qualité et de l’écosystème qu’elle abrite. La forme en croix donnera peut-être à voir la naissance d’un écotone, par cette rencontre organisée au croisement de deux sols si proches géographiquement et pourtant si différents. 

 L’une viendra-t-elle contaminer l’autre ?  Vont-elles fusionner, entrer en symbiose et créer un troisième lieu ?

SYMBIOSIUM_Audioguide : Caroline Le Méhauté - Négociation 115 – Anthropie et part sauvage

Cette installation esquisse une ligne temporelle et contextuelle des abords d'un lieu de résidence Normand. Elle propose un ordonnancement de cinq boules de terre façonnées à la main par couches successives, prélevées comme autant d'indices de qualité et de richesse du territoire environnant.

L'œuvre est une invitation à porter notre regard sur le degré d'épuisement des sols, qui se manifeste clairement par le dégradé colorimétrique des mottes. La plus claire provient d'un champ agricole où l'on cultive intensivement le maïs. Tandis que la plus sombre porte la trace d'un écosystème unique, celui des tourbières, environnement vierge de toutes exploitations et agissant comme de véritables conservatoires biologiques dépositaires d'une forte densité minéralogique de la matière fossile.

On comprend dès lors que la tourbe puisse être l'un des matériaux privilégiés par l'artiste. Un paysage contrasté se dessine, porté par la main de l'artiste qui rejoue à même son processus, la constitution par stratification de la terre.

L'artiste soulève ainsi des questions essentielles sur notre rapport à l'environnement et à la terre, élément universel qui nous nourrit.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Caroline Le Méhauté Négociation 84 - Le sens de la croissance

"Aérolithes” de Charlotte Charbonnel est une série de 5 sculptures mobiles suspendues présentant une véritable exploration des matières élémentaires. 

Les sculptures sont des "bombes" - fragments de roc solide de magma pâteux projetés lors d’une explosion volcanique, marquée par la puissance de l’air, de l’eau et de la terre. Ces fragments sont exposés sous une forme dite "éclatée », technique de représentation d’un objet complexe en montrant les éléments invisibles par séparation et montés sur des structures métalliques. Cette structure interne fait apparaître les couches du manteau terrestre et nous permet de reconstituer l'ensemble du mécanisme dont elles sont issues : la fluidité du magma, la vitesse de leur ascension dans la cheminée du volcan, l'orientation du champ magnétique local.

L'artiste a développé une méthode d'exploration empirique à entrées multiples, allant de l'écoute et de la capture de matériaux ou de phénomènes naturels à l'observation méticuleuse de substances insaisissables. Les processus qu'elle met en place laissent faire le mouvement et l'indétermination, produisant des formes liées à la recherche des constituants élémentaires de l'univers. Ces formes constituent un levier pour une pensée magique, une forme de pensée universelle et permanente. Les analogies que Charlotte Charbonnel cherche à faire entre les éléments ouvrent ainsi la voie à un plan profond de la pensée, où les métamorphoses de la matière qu'elle donne à voir finissent par avoir un pouvoir transformateur universel, réveillant au passage notre capacité à nous émerveiller.

En observant l'installation "Aérolithes”,  nous sommes plongés dans une expérience immersive, à la frontière entre l’art et la science, nous incitant à contempler les forces élémentaires de la nature, à questionner les secrets de la création de notre planète et à méditer notre place dans le cosmos / univers.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Charlotte Charbonnel - Aérolithes

L’œuvre intitulée "Morphologie des cendres” créée en 2021 est constituée d’une vidéo projetée sur une pierre de lave pendant 7 minutes et 20 secondes et a été réalisée en collaboration avec Krzysztof Zuchorski.

La vidéo présente une succession d'images de cendres de lave, réalisées au microscope et montées en film, communiquant la sensation d'un morphing d'images de radiographie et nous donnant l’impression de pénétrer dans la matière de la cendre elle-même. Les particules de cendre, d'une taille de 20 à 30 microns, apparaissent alors comme des formes organiques, évoquant des vaisseaux sanguins ou des organismes vivants.

Le film joue avec l'apparition et la disparition des images sur la pierre de lave, composée elle-même de la même de cette cendre sous un autre état et qui, en fonction de la luminosité ambiante, crée une atmosphère de paysage de pierre de rêve chinoise.

Charlotte Charbonnel nous invite ainsi à plonger dans l'univers des matières élémentaires, à explorer leur morphologie, leur texture, leur composition, à travers des techniques de capture et de représentation innovantes. Cette œuvre nous offre une vision nouvelle de la cendre, cette matière souvent considérée comme inerte.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Charlotte Charbonnel - Morphologie des cendres

Cette parution artistique unique, atlas illustré, inspiré des bestiaires médiévaux et des observations de notre planète à l’ère de l'Anthropocène, présente diverses créatures et objets hybrides de notre temps.

Conçu comme un manuel de terrain, ce bestiaire nous incite à élaborer de nouvelles perspectives d'observation, de navigation et d'orientation dans un monde en rapide transformation. Plastiglomérats, chiens robots de surveillance, fordite, gazon artificiel, arbres-antennes, SARS-COV-2, montagnes décapitées, aigles chasseurs de drones, bananes clones.

Chacun de ces spécimens est symptomatique de l’ère « post-naturelle » en pleine mutation dans laquelle nous vivons. Souvent sans même que nous les remarquions, ces spécimens se propagent de façon exponentielle et coexistent avec nous. Chacune de ces créatures hybrides incarne une forme de coévolution avec les technologies qui ont permis de construire le monde dans lequel nous évoluons.

Le Bestiaire de l'Anthropocène cherche à capturer ce moment précis où la biosphère et la technosphère fusionnent et se rejoignent en un nouveau corps composite. Que se passe-t-il lorsque les technologies et leurs conséquences involontaires sont si omniprésentes qu'il devient difficile de définir ce qui est « naturel » ou non ? Que signifie vivre dans un environnement hybride composé de matières organiques et synthétiques ? Quelles autres créatures peuplent le bestiaire de ce début de XXIe siècle ?

SYMBIOSIUM_Audioguide : DISNOVATION.ORG - A Bestiary of the Anthropocene

L’installation "CCA1 Brevet n°3” de Jérémy Gobé se compose de dessins et de maquettes qui illustrent une innovation de l'artiste consistant en un « béton » écologique inventé par lui-même. Ce nouveau béton est moulé à partir d’un icosaèdre - un solide possédant 20 faces et qui pour Platon symbolise la mer. Il est destiné à la reconstruction des récifs coralliens détruits sous l’impact de la pêche intensive et des usages du BTP. 

Les six dessins encadrés présentent des illustrations détaillées de l'invention de l'artiste tandis que des maquettes en impression 3D donnent à imaginer des configurations d’application de ce béton écologique pour la construction de récifs coralliens. 

Cette innovation s'inscrit dans le projet Corail Artefact de Jérémy Gobé, qui vise à sauver les barrières de corail à travers le monde en réunissant l'Art, la Science, l'Industrie et l'Education. Les démarches artistiques de Jérémy Gobé s’inspirent des possibilités d'une création artistique durable et écologique.

Cette innovation a été réalisée en partenariat avec l'entreprise Hoffman Green Ciment Technologies. Après un premier prototype de sculpture/structure en béton écologique immergée en 2019, Jérémy Gobé immergera un nouveau prototype à l'aquarium de Paris-Trocadéro en octobre 2023, qui sera filmé.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Jérémy Gobé - CCA1  Brevet N°3

La série "Proliférations”, issue de l'univers poétique et captivant de l'artiste Laura Sanchez Filomeno, nous invite à explorer une multitude de formes et de textures à travers une esthétique organique et vivante.

Inspirée par le milieu naturel où la vie se multiplie et se développe sans fin, les œuvres dévoilent l’émerveillement de l’artiste face à la biodiversité, qui prend souvent comme source d’inspiration les images de champignons lichénisés, qu’elle trouve au sol et sur les murs lors de ses promenades.

La série de broderie est réalisée en cheveux naturels et colorés sur soie, présentée à l’aide de loupes, sur des supports en inox créant un répertoire d’objets hybrides rappelant la prolifération d'organismes symbiotiques, semblant illustrer la complémentarité entre la nature et l’artefact. 

Chaque œuvre est unique, mais toutes partagent la même qualité immersive, elles sont toutes un écosystème en soi, un monde miniature où les formes s'enchevêtrent et se nourrissent les unes des autres. Des ramifications et des réseaux de filaments semblent s'étendre à l'infini, créant un tissage complexe et fascinant.

Les loupes permettent d'appréhender les œuvres d’une autre façon, et d’accentuer l’aspect à la fois précieux mais aussi fragile et infime des broderies en miniature. La perception passe d'une perspective à l'autre, d'une dimension à l'autre, un regard microscopique, qui va à la limite de l’invisible, et en même temps macroscopique évoquant une relation avec la cartographie, avec des éléments se propageant en profusion dans l’espace.

Avec cette série d’œuvres, l’artiste met en lumière l’incrustation de l’homme dans l’environnement grâce à l’utilisation des déchets corporels, tels que les cheveux.  Elle nous invite à contempler notre impact sur le milieu naturel et la destruction de notre écosystème.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Laura Sanchez Filoméno - Série Proliférations

Marie-Luce Nadal est une artiste qui mène une recherche à la fois esthétique et scientifique pour construire des paysages artificiels à partir de l’observation des matières et substances impalpables qui constituent notre environnement. Chacune de ses productions est une nouvelle expérimentation, à travers des essences d'orages, des mouches domestiquées, aussi bien que des nuages et des roches asbestiformes - roches composées d’amiante - son travail sur l'atmosphère explore notre relation avec la nature.

La création « Temps zéro » est le fruit de la recherche sur l'air et l'atmosphère de l’artiste Marie-Luce Nadal qui utilise des extraits de nuages qu'elle collecte en haute montagne.

L’œuvre est un dialogue entre le ciel, la roche et des machines. Ces trois sculptures sont de petits conservatoires de nuages et de roches asbestiformes, prélevées avec l’aide du cristallier-lapidaire Pablo Popal. Logées dans des tubes de quartz, les nuages disparaissent et apparaissent, tournoient d'une aube à un crépuscule artificiel selon une évolution et une temporalité contrôlée et dictée par des machines.

Nous assistons à la rencontre inédite des nuages et des pierres d’amiante, à leurs possibles et incontrôlables interactions chimiques, entre le danger et le sublime.

Marie-Luce Nadal questionne l'obsession des humains à vouloir contrôler et dominer leur environnement et montre l'importance de notre relation avec la nature. Son travail est une invitation à rêver et à s'interroger sur notre place dans l'univers. Qu’est-ce que l’atmosphère ?

SYMBIOSIUM_Audioguide : Marie - Luce Nadal - Temps Zéro

L’ensemble de trois impressions à encre injectée « Comsos doesn’t care » de l’artiste Fabien Léaustic, dont le titre traduit de l’anglais par l’univers ne prend pas soin, ou encore l’univers s’en moque, interpellent sur les rapports qu'entretient l’espèce humaine à son environnement. 

Cette pensée de la dissociation, héritée de la modernité, laisse entendre qu’il y aurait les humains d’une part, et l’univers d’autre part. Cela se traduit dans l'œuvre par la superposition d’une projection d’un atlas issue de l’esthétique scientifique, sur les feuilles d’un arbre, qui ont attirées l’attention de l’artiste lors d’une résidence au Mexique en 2018. 

L'évidente analogie avec des constellations qui apparaît à la vue de leurs dessins panachés, est le signe d’une complexité commune à l’ensemble des éléments qui forment le cosmos. Ces assemblages de feuilles éparses, réunies sur un même plan, dessinent de nouveaux territoires cosmiques, dont l’artiste cartographie les contours. Chacune de ces feuilles est une illustration supplémentaire du principe hologrammatique développé par le philosophe Edgar Morin : “dans un système, dans un monde complexe, non seulement une partie se trouve dans le tout, mais le tout se trouve dans la partie [...]. Nous sommes, en quelque sorte, non pas, à la façon ancienne, microcosmes du macrocosme, miroirs du cosmos; c'est dans notre singularité que nous portons la totalité de l'univers en nous”. 

L'œuvre, par son titre, prolonge le slogan zadiste lors de l’occupation de Notre-Dame-des-Landes, devenue aujourd’hui le mot d’ordre des activistes écologistes : “ Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend ”. Il devient ici un écho, un constat, une alerte, nous sommes le cosmos qui s’en fout, et une invitation à questionner notre ontologie naturaliste : nous sommes le cosmos qui ne prend pas soin.

SYMBIOSIUM_Audioguide : Fabien Léaustic - Cosmos doesn't care

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SYMBIOSIUM #Cosmogonies Spéculatives_Audio guide

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