Les œuvres présentées par les artistes dans ce podcast "Écoutez l'artiste !" sont exposées au Fresnoy - Studio national à Tourcoing jusqu'au 31 décembre 2022.
👉 https://panorama24.lefresnoy.net

Écoutez l'artiste ! Exposition Panorama 24 - L'autre côté

Écoutez l'artiste !
Dans le cadre de l'exposition Panorama 24 - L'autre côté (30/09 - 31/12/22) au Fresnoy - Studio national, nous vous proposons d'écouter les artistes exposés vous présenter leur installation.
👉 panorama24.lefresnoy.net

Ce projet est un début de recherche concernant la création d’un nouveau type d’image, dont les composants sont hérités de la photographie, et qui inscrit une réponse écologique dans son processus de création. L’extraction de l’argent, dont l’épuisement des mines est prévu aux alentours de 2035, est le sujet de cette électrographie qui rappelle la responsabilité du médium photographique dans l’utilisation de l’argent pour la création d’émulsions photosensibles, et la continuité de cette extraction dans la création des connectiques de cellules photovoltaïques.

Un panneau solaire provenant d’une entreprise chinoise, suspectée d’avoir fait appel à de la main-d’œuvre ouïghour, alimente trente-deux ampoules qui éclairent des cellules solaires collées sur une plaque de verre. Ces cellules produisent différentes puissances de courant électrique grâce à l’effet
photovoltaïque qui, au contact d’une solution d’eau et de nitrate d’argent, va déclencher la création de cristaux d’argent sur la plaque de verre.

L’infiniment petit se construit sur la plaque de verre tant que l’on y ajoute de l’eau et fait apparaître un monde où l’argent est moteur des connexions des différentes puissances de cellules cherchant à se rejoindre pour se développer.

Hugo Petigny | Électrographie de l'argent

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Ressasser un message vocal, une photographie ou des messages instantanés fait aujourd’hui partie du processus de deuil d’un être cher. Divers services numériques et autres comportements spontanés ont également vu le jour, des messages d’adieu en réalité virtuelle à la possibilité d’assister à un enterrement à distance via son smartphone.

Ancrant son travail dans une réflexion sur l’avenir des pratiques mémorielles et funéraires, physiques ou numériques, Magalie Mobetie propose au visiteur une expérience à la croisée des nouveaux services numériques du deuil (digital afterlife service) et des enjeux liés à la propriété des données personnelles. 

L’installation Mourning Cloud permet ainsi au visiteur de sauvegarder une apparition de lui-même à l’aide d’une unique donnée - son image - traitée par un algorithme de deepfake. Ce double virtuel restera en ligne aussi longtemps que le mourning cloud existera et pourra être convoqué à l’aide d’un numéro spécifique à chacun. Cette rencontre entre soi et son fantôme pourrait être un premier pas vers la gestion de notre héritage numérique, dans un contexte de recherche de l’immortalité par le biais des technologies.

Vous êtes invités à prendre place sur le tapis d’herbe et à vous saisir de la tablette pour commencer l’expérience.

Magalie Mobetie | Mourning Cloud Cloud - Will we all end up in the cloud(s)?

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À l’instar de nos empreintes digitales, pourrait-on imaginer une empreinte stellaire qui nous soit propre ? C’est à partir de cette question que l’artiste Guillaume Thomas conçoit l’installation Ad Astra, dans laquelle le visiteur est amené à découvrir l’empreinte astrale du top model Anna Cleveland, dont le visage devient le point de départ d’une projection dans le cosmos. Ainsi embarque-t-on pour une odyssée dans l’espace à travers des astres-visages dans le système solaire. 

Sous nos yeux, une trentaine d’années de mouvements planétaires, correspondant à l’âge de la jeune femme, se condense alors librement pour révéler son empreinte astrale. Cette exploration est incarnée par le visage en constante mutation de la mannequin, dans un dispositif de projection nous invitant à lever les yeux vers le ciel.

Guillaume Thomas | Ad Astra

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Dans son travail, l’artiste Ethel Lilienfeld s’intéresse à l’impact grandissant des avancées technologiques sur la vie quotidienne. Ses images interrogent particulièrement les standards esthétiques, les normes sociales, les notions d’identité et de genre. 

Invisible Filter aborde de manière métaphorique le rapport que nous entretenons avec notre propre image, aujourd’hui archivée et mise à jour en continu sur les réseaux sociaux. L’image de soi ainsi développée a donné naissance à un avatar, un double « augmenté » que nous avons l’habitude de modeler par l’intermédiaire de différents artifices virtuels, notamment les filtres numériques.

Sur quatre écrans, l’installation nous donne à voir un intérieur contemporain dans lequel deux femmes d’âges différents mais d’allures identiques se font face. C’est dans une atmosphère nocturne à la fois familière et inquiétante qu’un rituel de grimage se déroule, dans lequel les larmes de la plus jeune serviront d’élixir de beauté à la plus âgée.  

A travers la superposition de plusieurs niveaux de réalités Invisible Filter pose de manière angoissante l’éternel problème de l’image de soi, évoquant de façon contemporaine des figures issues de l’inconscient collectif tels que le mythe de Narcisse ou le conte Blanche-Neige.

Ethel Lilienfeld | Invisible Filter

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Depuis les profondeurs des grottes jusqu’à celles de notre cerveau, Hyperphantasia crée un espace de rencontre de 36 000 ans de technologies d’images, à la recherche de l’origine des images. 
Au paléolithique, on plongeait dans les profondeurs et l’obscurité de la caverne, avec le désir pour l’humain d’inscrire une œuvre de l’esprit sur les parois des grottes. En 2022, les sciences computationnelles nous permettent d’analyser de grandes quantités de données et de générer des prédictions. 

Pour cette installation, un réseau de neurones artificiels a été entraîné afin de fabriquer de nouvelles images de la préhistoire, à partir d’une base de données scientifique de la grotte Chauvet-Pont d’Arc. Une paroi vidéographique s’anime lentement, laissant entrevoir une « nouvelle » préhistoire, des imaginaires parallèles de nos ancêtres. 

En 2021, une mission du CNES et de l’ESA a étudié l’évolution du sommeil dans l’espace. Des données encéphalographiques enregistrées sur plusieurs nuits ont permis à l’artiste de travailler à partir de signaux de rêves de l’espace. Ces signaux du plus profond de notre inconscient sont incarnés dans des architectures de rêves en impression 3D. Un paysage issu des images mentales apparaît dans la lumière de la vidéo.
Depuis la génération de nouvelles images inédites de la préhistoire par un modèle de machine learning jusqu’à l’extrusion de sculptures de rêves de l’espace, on suit la naissance de nouvelles images des profondeurs de nos imaginaires qui vont fusionner et se synchroniser.

Cette œuvre est réalisée dans le cadre de la résidence hors les murs de l'Observatoire de l'espace, le laboratoire culturel du CNES (Centre national d'études spatiales).

Justine Emard | Hyperphantasia - Des origines de l’image

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Le Larousse définit le fantasme comme une « représentation imaginaire traduisant des désirs plus ou moins conscients ». Mais lorsque le « désir » se fait abject et morbide, que devient le fantasme ?

Cette œuvre remet en question la compréhension sociale et individuelle de la perversion. Elle s’attache à l’imaginaire socialement tabou qui englobe la violence et la sexualité – en se concentrant sur la manière dont il est accueilli par le récit personnel et sur les lieux de l’aveu.

Les récits sont introduits par le biais d’œuvres vidéo, créées par l’adaptation d’objets qui sont normalement utilisés pour réaliser les fantasmes “ déviants “ d’une manière considérée comme sûre - par le biais de jeux de rôles et de simulations ; un masque BDSM et un simulacre féminin réaliste.

Dans ce projet, ces objets sont détournés de leur contexte original de jeu de rôle fétichiste et érotique, et fonctionnent comme des médias permettant d’entrer dans la sphère intime de l’imagination taboue. Le masque BDSM devient un espace où les confessions intimes peuvent être écoutées, tandis que la poupée féminine entraîne le public dans un jeu ambivalent entre le regard voyeur et le consentement à être regardé, alors que le corps féminin objectivé devient étrangement vivant.

Agata Wieczorek | If-you-dont-go-anonymous-on- this-one-its-not-deep-or-dark- enough

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L’installation interactive Je(u), qui a été rendue possible par une mise en œuvre mathématique élaborée, transforme l’image du spectateur en une figure fugitive, inconstante et éphémère. La complexité du logiciel utilisé pour le projet est inversement proportionnelle à la légèreté et l’évanescence de ce qui se produit lorsque le spectateur traverse l’espace circonscrit de l’installation. 

On y découvre un mouvement de particules semblant suivre les mouvements de l’air. L’image du visiteur, d’abord un peu trouble, apparaît furtivement à l’écran avant de se dissoudre en un tourbillon de particules. Dans un perpétuel mouvement de temps et d’espace, celles-ci se posent peu à peu en sol et vont rejoindre celles des autres visiteurs passés avant nous. Les données de chacun restent en suspension dans l’espace virtuel, et continuent à interagir, formant un paysage en constante recomposition. Dans cette installation qui interroge les limites de la perception et du « soi », tout ce que l’on voit est un mirage, une image, renvoyant à l’interprétation du cerveau.

Jisoo Yoo | Je(u)

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Temps sonore prend pour point de départ le concept d’image-cristal développé par le philosophe Gilles Deleuze ; différentes temporalités cohabitant simultanément en une même image cinématographique. 

« Ce n’est plus le cours empirique du temps comme succession de présents, ni sa représentation indirecte comme intervalle ou comme tout, c’est sa présentation directe, son dédoublement constitutif en présent qui passe et passé qui se conserve, la stricte contemporanéité du présent avec le passé qu’il sera, du passé avec le présent qu’il a été. » Gilles Deleuze, L’image-temps. 
Dans cette installation, déployée à la fois à travers un casque en réalité virtuelle et une projection sur écran, nous assistons à différents moments de la vie d’un couple dans un grand hôtel filmé à 360 degrés. Plusieurs protagonistes apparaissent et disparaissent. Les couples qui ont rompu dans le passé continuent de se rencontrer et il se peut qu’ils n’aient pas vu le même présent.

Toshihiro Nobori | Temps sonore

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En Afrique du Nord, entre la fin de l’Atlas et la plateforme saharienne, un lac asséché sépare le Machrek (le Levant) du Maghreb (le Couchant). Contre toute attente, c’est un paysage en perpétuel changement. Solar Noon en réinvente les coordonnées, y greffe des fragments de récits, sous forme de tableaux vivants où se croisent différentes croyances, symboles et rituels, dans une perspective imaginaire composite.

Le travail de Fredj Moussa mêle films et structures en acier, entre sculpture et dispositif de présentation cinématographique. Certaines structures activées dans le film sont disposées dans l’espace d’exposition en vis-à-vis de la vidéo. Une sculpture inspirée des héliophones, machines utilisées dans les opéras pour reproduire le son du vent, indique la présence constante en hors-champ du désert.

Le film fait basculer la réalité du désert dans celle des mythes, en explorant ses strates d’histoires, révélant des souvenirs ensevelis, dévoilés par fragments à partir d’extraits de textes de l’historien Hérodote, de récits oraux et de notes personnelles de l’artiste.

Fredj Moussa | Solar Noon

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Cette installation donne corps à un corpus d’images hétérogène et inachevé constitué par Daniel Peñaranda Restrepo entre 2010 et 2022. Avant d’être une œuvre, ce dispositif est avant tout considéré par l’artiste comme un outil de travail ouvert, placé sous le signe de l’association libre entre les images. Composé de photographies, de dessins et de textes, ce corpus constitue la matière première de ses montages et donne lieu ici à une mise en espace, un écosystème visuel et sonore. 
 
“Dans ses mauvais jours, il s’encombre et s’alourdit des choses qu’il sait déjà et trop, des choses qu’il pense maîtriser. Il brille à l’inverse quand il embrasse ce qui ne pouvait pas être prévu : quand un fragment, oublié sous d’autres fragments, en illumine de nouveaux.” DPR
 
Muni d’un casque audio équipé d'un senseur d'orientation et d'un capteur de localisation, le visiteur est invité à déambuler parmi les images. Ses déplacements activent des objets sonores placés virtuellement dans l’espace, et influent sur le montage du film Weather of Thresholds, réalisé par l’artiste durant la première année de son cursus au Fresnoy, produisant de nouvelles associations sans cesse recomposées.

Daniel Peñaranda Restrepo | Herramientas de distancia y cercanía

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Cottagecore (Paradise Haunts Growth) est une installation sonore à neuf canaux utilisant un réseau neuronal artificiel afin de simuler l’environnement sonore d’une serre agricole. L’algorithme habitant la serre s’émancipe de ses objectifs productivistes pour repenser de nouvelles formes d’interactions entre les différents organismes de celui-ci. Progressivement les espèces parasites prolifèrent, de nouvelles relations symbiotiques émergent, et cet espace clos devient le laboratoire de multiples fictions spéculatives se recomposant à travers ses membranes sonores. La voix émanant de l’installation est comme la conscience de cet algorithme parasitique.

Marcel Mrejen | Cottagecore (Paradise Haunts Growth)

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Par une nuit sans lune dans l’Est de la Belgique, le 29 novembre 1989, de nombreuses personnes observent des phénomènes aérospatiaux inexpliqués. Des objets sombres de forme triangulaire transpercent le ciel dans un profond silence ; une lumière blanche, parfois éblouissante, émane des trois phares nichés sur ces astres mystérieux qui voguent dans les paysages crépusculaires du plat pays.

Ces observations constituent le point de départ de ce que l’on appellera plus tard « la vague belge d’ovnis », l’une des manifestations les plus documentées dans ce domaine et considérée encore à ce jour comme inexplicable. Une collaboration avec les forces aériennes belges permettra même l’enregistrement d’un écho non identifié dans le radar d’un avion de chasse F-16.

S’il est impossible de nier l’existence de ces témoignages, une approche plus sceptique explique qu’ils découlent d’une « contagion psychosociale » trouvant sa source dans une couverture médiatique dense. Pour les partisans de cette thèse, il s’agirait en substance d’un phénomène d’hallucination collective.

À rebours de tout raisonnement analytique, cette installation audiovisuelle invite le spectateur à vivre une expérience immersive et sensorielle reposant sur la circulation du regard. En partant de ces
étranges événements, elle vise à interroger la dimension subjective de la réalité et la porosité entre imaginaire et réel.

Joachim Michaux | SANS LUNE

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Cette installation immersive explore les effets physiques et métaphysiques d’une guerre. La fiction est ici un moyen d’aborder des faits socio-politiques liés à la guerre de libération en Algérie, et plus particulièrement à leurs effets sur les corps. La mémoire collective de cet évènement a créé des entités résiduelles et rouillées.
Le spectateur est invité à voyager au sein d’une structure spatio-temporelle, ayant elle-même subi ces traumatismes : un taxi propose un déplacement dans cet espace où des corps sont soumis à un effet de mémoire. Le fœtus y symbolise la genèse avortée d’un changement, de l’évolution d’une jeunesse.
 
Le dispositif en triptyque des écrans nous transporte au milieu d’une ville reconstruite. Des éléments d’archive et sonores renvoient à la guerre de libération, et ont été intégrés par le biais de la photogrammétrie.

Explorant certaines problématiques liées au postcolonialisme, la démarche de Ghyzlène Boukaïla prend en compte de nouveaux récits liés aux (ré)évolutions socio-politiques et numériques. Elle situe sa pratique à l’interface du documentaire/ performance et de récits numériques, en explorant plus récemment des questions liées au post-humanisme.

Ghyzlène Boukaïla | LE MANIFESTE ROUGE

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Dans son travail, l’artiste Alice Brygo explore la notion d’incertitude face à une époque fragile, questionnant l’imaginaire de la survie et la construction communautaire à travers la rencontre et la confrontation entre différents groupes sociaux.

Le mal des ardents propose une immersion parmi les spectateurs d’un incendie, une plongée au cœur de l’enflement d’un signe. Toujours en hors-champ, le feu devient signifiant chargé des imaginaires collectifs et cristallise un certain climat de tension sociétale. Une divergence de rapports culturels, intimes et philosophiques se déploie face à un évènement à la fois chargé symboliquement et dont le sens profond se dérobe à l’analyse. 

Mêlant images réelles, photogrammétrie, et mise en scène sonore, le film reconstitue les émotions qui se sont propagées au sein de cette foule et les comportements de masse qui en ont émergé.

Alice Brygo | Le mal des ardents

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Plus d’une personne peuvent-elles cohabiter en un seul corps ? 
Le film Identity, en réalité virtuelle, explore la désunion à l’intérieur et à l’extérieur de nous-même, dans une ère de développement des technologies. 

Le concept du film est basé sur les relations au sein même d’un individu, considéré comme le modèle d’une société interne, avec ses collisions, ses peurs, ses positions dominantes, entre équilibre et chaos. L’expérience interactive à 360° offre au spectateur la possibilité de s’identifier au personnage principal et de se sentir partie prenante de la performance, inspirée de la danse japonaise Butô. L’intrigue porte en elle l’intention d’établir un dialogue avec soi-même, et donc avec le monde extérieur.

Le récit fait se croiser l’autobiographie du performeur Sacha Eusebe et le premier tome du Journal d’Anaïs Nin : « J’ai toujours été tourmentée par l’image de la multiplicité des mois. Il est des jours où je la nomme richesse, et d’autres où je la vois comme une maladie [...]. Je croyais que les personnes qui m’entouraient étaient coordonnées en un tout, et que j’étais la seule à abriter une multitude de mois, de fragments1. » Anaïs Nin, Le Journal d’Anaïs Nin.

Gohar Martirosyan | Identity

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Dans "Les Gardiens du feu", Younès Ben Slimane explore la complexité de la réalité tunisienne à travers le feu, dans sa constante mutabilité et son pouvoir de transformation. Cet élément crucial est examiné en profondeur dans sa dimension métaphorique, en tant que symbole de résistance, tout au long de l’histoire mythique et réelle du pays, mais aussi dans son actualité. Le feu est le principal protagoniste de ce projet où il est non seulement un élément scénaristique mais le symptôme d’une situation politique et sociale éminemment bouleversante.

Ce projet se matérialise à travers plusieurs éléments, une vidéo, une maquette du port punique réalisé en sel et des dessins utilisant la technique du transfert. 

Pour la vidéo, Younès Ben Slimane a récupéré des images filmées par des manifestants lors des manifestations qui ont marqué les 10 ans de la révolution, images pixellisées et presque indéchiffrables. Des blocs de sel forment le petit port punique, matériau frêle et délicat dont la manipulation demande une finesse et une dextérité importantes Après la conquête de Carthage, les Romains ont brûlé le territoire et l’ont recouvert de sel pour rendre ses terres infertiles. 

Les dessins suivent quant à eux les empreintes de la révolution sur les murs brûlés ; l’artiste a récupéré les cendres de ces murs pour effectuer les transferts et réaliser les dessins. En dépit de la présence du spectre de la destruction, un aspect régénérateur et cathartique prime dans l’installation.

Younès Ben Slimane | Les Gardiens du feu

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Dans le cadre de l'exposition Panorama 24 - L'autre côté (30/09 - 31/12/22) au Fresnoy - Studio national, nous vous proposons d'écouter les artistes exposés vous présenter leur installation.
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Ghostmarkets est né d’un travail de terrain ayant débuté en détention en septembre 2019 : prenant pour point de départ l’interdiction de toute transaction dans l’espace carcéral, dix hommes détenus s'engagent dans la création d'un réseau de production monétaire à l'intérieur des murs. Les débats menés à cette occasion témoignent de l'existence préalable d'un système économique invisible, basé sur l’échange de services, les dettes d'honneur et la performance de la masculinité. Alors qu'elle dirige et capte ces échanges, Julie Ramage mesure progressivement la complexité de sa position: le protocole de vérification des cartes SD transforme son camescope en outil de surveillance, tandis qu’au fil des semaines, dons et contre-dons témoignent des profonds échanges symboliques qui se tissent avec son groupe de travail.

Les archives audios, vidéos et textuelles de cette expérience collective sont organisées en un double dispositif. Un film "troué", marqué par l'extraction des voix de ses collaborateurs détenus, concentre l'attention sur la matière, sa transformation et sa prise de valeur symbolique. Un objet imprimé présente la transcription audio des échanges ainsi que l'inventaire des différentes transactions proposées, acceptées ou refusées à cette occasion. Mis à la disposition de la population carcérale et du visiteur, invité à l’emporter, cet objet permet la dissémination de la parole à l'intérieur et à l'extérieur des murs.

Avec John Dow, Ben, Christophe, Brahli, Sparafucile, Youssef Rhnima, Philippe T., Ilich

Julie Ramage | Ghostmarkets

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Dans le cadre de l'exposition Panorama 24 - L'autre côté (30/09 - 31/12/22) au Fresnoy - Studio national, nous vous proposons d'écouter les artistes exposés vous présenter leur installation.
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Dans son livre L’Écriture des pierres, l’écrivain Roger Caillois suggère que fendre une pierre et faire apparaître son cœur, c’est accéder à l’image primitive du cosmos et révéler un univers parallèle.

Afin de percevoir les dimensions cosmiques inaccessibles à l’œil, nous creusons la terre pour en extraire une poussière essentielle à la photographie numérique : le silicium. Ce semi-conducteur, massivement utilisé pour fabriquer les instruments des observatoires et des télescopes spatiaux, proviendrait directement des explosions stellaires, les supernovæ.

Un cycle se forme donc entre les particules que nous récoltons sur Terre et les astres que nous voulons voir : il faut fouiller les sols pour trouver des grains d’étoiles qui nous permettent d’imager des soleils.

L’installation Nadir, Picture Elements Explorer est un instrument, une quasi-caméra, une sorte de sonde spatiale. Une roche composite est exploitée pour former des images. Sa matière tombe en pluie de poussière sur des capteurs. La machine s’essaye alors à révéler les paradoxes qui structurent les imageries astronomiques ; entre les surréalités célestes et les matérialités minérales des représentations de l’espace.

Lucien Bitaux | Nadir - Picture Elements Explorer

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Dans le cadre de l'exposition Panorama 24 - L'autre côté (30/09 - 31/12/22) au Fresnoy - Studio national, nous vous proposons d'écouter les artistes exposés vous présenter leur installation.
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Loin de perpétuer l’illusion de faire sien le destin des vivants, d’en faire l’objet d’une autorité en le rendant explicitement observable, la domesticité associée au vivarium prend un autre sens dans l’usage récurent qu’en fait Edith Dekyndt.

Entre ses parois vitrées, ORGAN accueille des Tineola bisselliella, lépidoptères appartenant à la famille des Tineidae, plus communément appelés mites. Elles y ont engagé avec la laine animale, matériau complice à leur perpétuation, une étreinte dévorante qui durera, aux dires des scientifiques, des centaines d’années. Les chants nuptiaux émis par la colonie, des ondes vibratoires d’une amplitude infime, très lointaines de celles discernées par les humains, ont été captés par un dispositif d’enregistrement ultrasensible dans un sas acoustique particulièrement isolé.

Le vivarium n’est ici, ni l’outil de la domination de la nature par l’homme, ni celui d’une mise en scène de l’harmonie retrouvée. Délesté de nos désirs de réification, il se fait l’organe d’une
domesticité inappropriée, d’une alliance ambiguë ou de l’anomalie qu’ont si bien explorée, à travers le devenir-animal, les écrits de Gilles Deleuze et Félix Guattari ou ceux de Virginia Woolf.

Edith Dekyndt | ORGAN

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"Objets-mondes" s’intéresse aux traces que laissent les humains sur l’environnement, ainsi qu’à la manière dont celles-ci deviennent une partie intrinsèque de notre écosystème. Des objets laissés à l’abandon, tels des voitures ou des écrans d’ordinateur, ont été capturés avec l’aide de la photogrammétrie, technique qui permet la numérisation en trois dimensions d’éléments tirés de la réalité, afin de créer un collage vidéo. Recontextualisés dans des proportions démesurément grandes au sein de paysages vus de loin, ces rebus s’imposent telles des ruines d’architectures monumentales. L’absence de vie ainsi que l’ambiance lumineuse de l’œuvre créent une tension entre sentiment apocalyptique et nostalgie, entre objet précieux et rebus, entre nature idéalisée et présence indélébile des traces humaines.
Ces vestiges de l’anthropocène sont déployés au sein d’un dispositif interactif, en collaboration avec Guillaume Arseneault, et d’une trame sonore composée par Roger Tellier-Craig. Deux impressions viennent compléter l'installation.

Sabrina Ratté | Objets-mondes

École d'art contemporain à Tourcoing, Métropole européenne de Lille
🤩 Formation, production et diffusion artistiques
👀 Exposition | Saodat Ismailova. Double horizon | 10 février - 30 avril 2023
🎬 Cinéma

Écoutez l'artiste ! Exposition Panorama 24 - L'autre côté

Le Fresnoy Studio national des arts contemporains