Concours Arte radio 2020
« J'ai cru que ça irait de soi. À vrai dire, je ne m'étais même pas vraiment posé la question. Pourtant, l'évidence est là : ma fille aînée n'a pas le cœur du même côté que moi. En y réfléchissant, ça explique beaucoup de choses. Mais est-ce le hasard de la génétique ou bien y suis-je pour quelque chose ? »

LE COEUR A GAUCHE

“Dans une démocratie, quand ceux qui vous interrogent prennent la peine de mettre une cagoule, vous savez que vous êtes mal barrés...”

Extrait de Spam, de Jacques Mucchielli à retrouver dans « Ceux qui nous veulent du bien – 17 mauvaises nouvelles d'un futur bien géré » (Editions La Volte)

Spam [d'après Jacques Mucchielli, avec la voix de Léo Henry]

"Et Marlene se dit que ce n'est qu'en se couvrant le corps de mots entièrement que la petite fille sera sauvée..."

Extrait de « Descendre en Marche », de Jeff Noon (Editions La Volte)

Descendre En Marche [d'après Jeff Noon, avec la voix de Marie Surgers]

Le 1er novembre 2021, jour des Morts, alors que je rends visite à mes parents au Père Lachaise, je décide d’aller me recueillir pour la première fois sur la tombe de Pascale Ogier, disparue à l’âge de 25 ans en 1984. 

Cette comédienne comète demeure la figure iconique et mélancolique des années 80. A elle seule, elle nous laisse toute cette décennie en héritage. Et tellement plus en ce qui me concerne…

Moins d’une heure après cette visite, je reçois sur mon téléphone portable un appel de sa mère, Bulle Ogier, qui vient de retrouver une lettre que je lui avais adressée quelques temps plus tôt, pour lui proposer de la rencontrer et parler de sa fille. Bulle était bouleversée que ce soit précisément en ce jour de Toussaint que ce courrier remonte à la surface, et ce au moment précis où je me trouvais auprès de sa fille. 

Nous avons tous deux compris que Pascale nous envoyait là un message et qu’il était temps qu’elle soit souvenue…

Le jour des obsèques, Marguerite Duras prononça ces mots : ‘On mesure chaque jour davantage à quelle profondeur la mort est allée chercher sa proie. Mais cependant qu'elle frappe, la grâce de cette jeune fille se répand encore dans la ville…’.

‘Grâce dans la ville’, comme on disait dix ans plus tôt avec Henri Verneuil ‘Peur sur la ville’…

Pascale meurt la veille de sa 26ème année, quatre jours après François Truffaut, faisant de cette semaine d’automne l’une des plus tristes de nos adolescences d’alors. Nous sommes si nombreux à avoir eu ce sentiment, lors de sa disparition, d’avoir perdu une sœur ou une fiancée, et nous retrouver à pleurer, bêtement, dans nos chambres. 

Larmes inexplicables, irrationnelles, et pourtant bien réelles. 

Pascale a incroyablement absorbé et incarné un air du temps. Par ses regards, ses silences, sa manière de bouger. Et sa voix… Cristalline et singulière qui, quand on l’entend quarante ans plus tard, nous donne encore et encore le même frisson. 

Au cinéma, trois rôles inoubliables et le prix d’interprétation à la Mostra de Venise en 84 pour ‘Les nuits de la pleine lune’. Une nomination posthume aux Césars, privilège qu’elle partage avec la seule Romy Schneider. 

Au théâtre, et notamment avec Eric Rohmer à Nanterre, elle a laissé à celles et ceux qui ont eu la chance de la voir dans ces performances éphémères l’impression que le temps s’arrêtait, lui aussi sous le charme, pour la regarder jouer.

Une étoile filante, fulgurante et incandescente qui a laissé orphelines plusieurs générations de metteurs en scène et de spectateurs de tous ces films que nous ne verrons jamais, dans lesquels elle nous aurait accompagnés et aurait grandi et vieilli avec nous.

Un peu à la manière de Vinciane Despret dans son magnifique ‘Au bonheur des morts’, nous partirons à la recherche du fantôme de Pascale, et de celui de cette époque qu’elle a cristallisée et qu’elle transporte avec elle : le début des années 80.

Années d’une vraie vie sociale, où nous ne pouvions pas nous cacher derrière des écrans et des claviers pour nous rencontrer. Où trouver une cabine téléphonique à minuit pour appeler l’amour de sa vie devenait le combat essentiel. Où s’exprimaient une liberté, une légèreté, à des millions de kilomètres de ce politiquement correct mortifère qui n’avait pas encore envahi tous nos cercles de pensée, maintenant si aseptisés.

Réalisation : Véronique Lamendour
Droits réservés France Culture - L'Expérience

Pascale Ogier, voyage astral

En 1769, 20 ans avant la Révolution française, la Corse vit une année doublement historique. En effet, le 15 Août voit la naissance à Ajaccio du second fils de la famille Bonaparte. Mais surtout, l’île est envahie par les troupes de Louis XV. Elles mettent ainsi fin à quarante années de lutte pour l’indépendance conduite par Pasquale Paoli. 

Le point d’orgue de cette parenthèse de liberté fut la proclamation en 1755 de la Constitution Corse - première Constitution de l’ère moderne - qui quelques années plus tard servit de modèle aux jeunes Etats-Unis d’Amérique, puis à la France même… 

Lors de ces terribles combats de 1769, avec des forces en présence particulièrement déséquilibrées, les armées françaises ne reculent devant aucune brutalité et l’essentiel de plusieurs centaines de patriotes corses sont égorgés. Ghiovanni, le fiancé de Maria Ghjentile, fait partie des meneurs de ces partisans paolistes qui ne veulent sous aucun prétexte renoncer au rêve d’une île libérée des dominations extérieures, autrefois génoises, et ensuite françaises. 

Le sort réservé à ces hommes est d’une particulière cruauté : ils sont suppliciés, écartelés vifs, puis leurs corps sont abandonnés aux animaux sauvages.

Maria Ghjentile est alors à peine âgée d’une vingtaine d’années. Elle a soif d’absolu et vit une intense passion amoureuse avec Ghiovanni. Sa mort cruelle et l’insulte suprême faite à sa dépouille la transforment en guerrière. Au péril de sa vie, elle va de nuit déjouer la surveillance des gardes royalistes et récupérer la dépouille de son fiancé pour lui donner une sépulture digne. 

Mais contrairement à Antigone qui se suicide après avoir mis en terre son frère Polynice, Maria Ghjentile n’ira pas rejoindre Ghjuvanni dans la mort. Elle obtiendra miraculeusement d’être graciée, et continuera son combat. Comme souvent en Corse en cas de mort brutale du fiancé, Maria Ghjentile, femme de devoir mais femme libre, épousera le frère du malheureux, les mariages étant également des alliances entre familles. 

Maria Ghjentile est bel et bien Antigone, luttant pour que la justice des hommes soit à la hauteur de celle des Dieux. 

Mais une Antigone restée vivante. 

Et le miroir d’une île fière et rebelle.

Deux siècles plus tard, comme un lointain hommage en écho, la Corse sera dés 1943 le premier département français libéré. Cette libération saluée à Ajaccio par le Général de Gaule dès le 8 octobre a été acquise par la force et le courage de ses seuls habitants, et sans autre aide extérieure que celle des Goumiers marocains.

Maria Ghjentile Guidoni
(6/3/1748 – 30/5/1820)

Réalisation : Céline Ters
Droits réservés France Culture

Corse Antigone

L'homme qui voulut être Napoléon - Episode 1

L'homme qui voulut être Napoléon - Episode 2

Trouve la sortie cachée de la caverne obscure dans laquelle tu viens de te réfugier et découvre le jardin secret.

Jimajine, des jeux où le bien-être est la quête !
jimajine.com

Si ton attention t'échappe, rattrape-là.

Tu souhaites être tenu informé des prochains jeux, rempli le questionnaire d'après écoute : 
https://docs.google.com/forms/d/1iwkg9OQmY0pH8pU-7spqA_rV-R9j0FqJ_e7ltEBxfkE/edit#responses

Le Jardin Secret

France Culture
Creation on air
jeudi 31 août 2017, à 23h

Vivre ma mort

Christophe Deleu et François Teste

Le metteur en scène Santi a eu un accident de la route. Ce 27 février 2017, son véhicule percute la glissière de sécurité de l’autoroute, avant de faire plusieurs têtes à queue. Il s’apprêtait à mettre en scène Huis Clos, de Jean-Paul Sartre. Santi croit d’abord au miracle. La chorégraphie improvisée par son véhicule, comme devenu fou, s’est achevée sur la bande d’arrêt d’urgence. Une fois sorti, Santi s’aperçoit que tous ses bagages se sont éparpillés sur le bitume. Mais où est passée Léa, à la fois sa compagne et son assistante ? C’est elle qui conduisait la voiture. Ce qui surprend aussi Santi, c’est qu’il n’y a plus aucune autre voiture sur l’autoroute. Tout s’est immobilisé. Comme si quelqu’un avait décidé de suspendre le fil de temps… 

Avec : Richard Herlin, Fabienne Laumonier, Muriel Archambault, Caroline Ferrard, Léa Mariette, Christine Goémé, Floriane Pochon, Olivia Cohen, Gérard Cheylus, Neima, et les comédiens Eric Veiga, Love Bowman, et Marta Corton Vinals.
Et avec Samuel Lepastier, psychiatre, et Jean-Claude Simon, conseiller funéraire.

Attachée d’émission : Inès De Bruyn
Productrice coordinatrice : Irène Omélianenko

Vivre Ma Mort Teaser 1

Ten writers meet every fortnight in Paris. They each throw a piece of paper with an idea, a word, a phrase into a shower cap. They pick one at random and write, all on the same theme, for 17-and-a-half minutes. Then they read their pieces out loud. One idea: ten voices. . .sometimes funny, sometimes sad, quirky, unedited, above all. . . spontaneous. This is their work. The word they picked for this, their first podcast, was. . . what else?. . . Corona.

Pascale Ogier, voyage astral

Marc Guidoni

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